Le Rapporteur spécial sur la situation des droits de l'homme dans les territoires palestiniens occupés, Richard Falk, a appelé mercredi la communauté internationale à exercer la pression sur Israël pour qu'il mettre pleinement en oeuvre l'accord de cessez-le-feu qui a mis fin à la crise récente à Ghaza. ‘‘L'expérience a montré qu'Israël a toujours failli à remplir ses obligations internationales pour enquêter rapidement et de manière impartiale sur ses propres actions'', a souligné M. Falk qui a effectué récemment une visite dans la bande de Ghaza et au Caire. En outre, a-t-il affirmé, ‘‘l'expérience acquise permet également de douter qu'Israël respectera ses obligations en vertu de l'accord de cessez-le-feu''. En effet, a-t-il rapporté, ‘‘au cours de notre visite à Ghaza, nous avons entendu l'aviation israélienne survoler directement le secteur et avons été informés d'incursions militaires israéliennes.'' Le cessez-le-feu entre Israël et le groupe palestinien Hamas, qui contrôle la bande de Ghaza, a été annoncé le 21 novembre dernier, une semaine après le début de la vague de violences, marquée par des frappes aériennes contre la bande de Ghaza qui ont fait 158 morts côté palestinien, dont 103 civils, et environ 1.269 blessés. M. Falk s'est rendu dans la région pour évaluer l'impact de l'occupation israélienne et du blocus de Ghaza qui dure depuis six ans. Cependant, une fois sur place, il a observé un ‘‘besoin urgent d'examiner les attaques manifestement délibérées d'Israël contre des cibles civiles lors des hostilités récentes''. M. Falk a notamment visité des sites d'attaques et s'est entretenu avec des survivants : ‘‘Il est évident que certaines attaques ont tué et blessé des civils de manière disproportionnée en violation du droit international'', a-t-il déplorée. Les Palestiniens, a-t-il poursuivi, ‘‘ont le sentiment qu'Israël se considère au-dessus de la loi et qu'il bénéficie d'une impunité même pour les violations flagrantes et répétées des droits de l'homme et du droit humanitaire''. M. Falk a exhorté la communauté internationale à faire pression sur Israël pour veiller à ce que le pays mette pleinement en £uvre l'accord de cessez-le-feu, en précisant qu'en l'absence d'une telle pression, il est peu probable que ce cessez-le-feu soit respecté. ‘‘Le soutien à la récente résolution de l'Assemblée générale qui a fait de la Palestine un Etat observateur non-membre devrait servir de point de départ à une protection internationale plus concertée des droits palestiniens'', a préconisé M. Falk. Le Rapporteur spécial a souligné aussi le besoin de clarifier la manière dont certains aspects de l'accord devraient être mis en £uvre et en particulier ceux concernant l'accès aux ressources maritimes et agricoles, ainsi qu'aux services de base tels que l'eau potable et l'assainissement. ‘‘Chaque jour, des pêcheurs et des agriculteurs palestiniens risquent d'être la cible de tirs israéliens ou d'être détenus par les forces israéliennes. Depuis la conclusion de l'accord, Israël a déjà incarcéré 13 pêcheurs, confisqué quatre bateaux de pêche et coulé un autre'', a affirmé M. Falk. De telles actions ‘‘montrent clairement l'intention israélienne de maintenir une occupation coercitive plutôt que d'explorer les possibilités offertes par la trêve pour un avenir meilleur'', a-t-il ajouté. Selon lui, ‘‘ à moins que les problèmes de fond ne soient résolus rapidement, il semblerait que Ghaza devienne invivable d'ici 2020''.