Le Réseau Wassila réagit à un article publié dans El Watan le 9 juin 2013, signé par N. Grim et qui rapporte les propos d'un sociologue du CREAD qui appelle à la réouverture des bordels. Plus que jamais j'adhère aux positions des militantes féministes du réseau quand elles soulignent que cet intellectuel revêt ici «les atours d'un proxénète». L'incriminé, dont l'article ne donne pas le nom, doit être bien surpris et sans doute offusqué d'une telle accusation. Bon nombre de lecteurs doivent penser, dans le confort de leur bonne conscience, que les signataires de cette déclaration exagèrent. Et c'est là que se situe tout le problème de la prostitution des femmes. Je sais, vous allez me dire : «Non, c'est la pauvreté !» Allons donc ! Tous les pauvres ne se prostituent pas. Mais cela c'est un autre problème et j'y reviendrai sans doute. Aujourd'hui, c'est à la bonne conscience que je m'adresse, celle qui fait que tout le monde, presque tout le monde, accepte la prostitution. On dit même que c'est le plus vieux métier et que cela protège les femmes honnêtes des viols ! On accepte la prostitution comme un phénomène naturel, un régulateur social, une manière de survivre économiquement, etc. Mais voilà, on n'accepte pas les prostituées. Personne ne voudrait les inviter à déjeuner le vendredi, ni que son enfant les fréquente, ni elles ni leurs enfants d'ailleurs. Alors le plus commode est de les enfermer. Il a fallu du temps pour faire admettre dans certains pays, plus civilisés que d'autres, que la première action que l'on pouvait, que l'on devait faire pour venir en aide aux victimes de la prostitutions était de les libérer de toute réglementation particulière, comme le fichage, le contrôle médical, l'enfermement. L'enfermement dans les bordels est la pire des situations que ces femmes peuvent vivre. Quelle hypocrisie que les propos que l'on entend dans la bouche de ceux qui rêvent de faire rouvrir les maisons closes, que c'est pour les protéger, et qu'elles auront moins froid pour «travailler». Un mot qui m'écorche les oreilles. Alors faites circuler l'article du Réseau Wassila, parlez-en à vos amis, pendant les soirées feutrées, les diners copieux, demandez-leur de dire si oui ou non ils sont pour la réouverture des maisons closes et, pour reprendre les mots terribles et si justes des militantes, s'ils vous disent oui, s'ils envisagent de les faire «fonctionner avec les femmes de leur famille».