Le président Bouteflika est toujours en vie. Il poursuit «ses soins et sa réadaptation fonctionnelle» aux Invalides, à Paris, comme l'ont indiqué ses médecins. C'est le message que semblent vouloir transmettre, à l'opinion nationale, les tenants du pouvoir en décidant de montrer, mercredi dernier, les premières images du Président malade après 47 jours d'absence. Cette démarche se veut une réponse aux folles rumeurs sur l'état de santé du chef de l'Etat. Cette remise en scène du président Bouteflika intervient également suite à la publication par le journal français Valeurs Actuelles d'un article évoquant «son décès». Si telle opération a eu pour mission d'apporter la preuve par l'image de l'inexactitude des informations publiées, ces dernières semaines, par différents titres de la presse nationale et internationale, à la faveur du déplacement effectué aux Invalides par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, la polémique sur la capacité du Président à assumer ses fonctions ne s'estompe pourtant pas. Car les séquences de la rencontre qui s'est déroulée aux Invalides sont peu rassurantes. Les Algériens ont découvert un Président très affaibli, qui ne dispose pas encore de toutes ses capacités physiques. Les séquelles de l'AVC dont il a été victime sont encore dures à éliminer et la période de «réadaptation fonctionnelle» peut être encore plus longue. Et à ce sujet, les dirigeants ne communiquent pas. Aucune date du retour au pays du chef de l'Etat n'est avancée. Restera-t-il aux Invalides ? Rentrera-t-il en Algérie pour poursuivre sa réadaptation ? Cette dernière durera combien de temps ? Ce sont autant de questions qui restent encore posées et qui risquent de nourrir, à nouveau, la polémique sur l'avenir du président Bouteflika à la tête du pays. Selon des médecins, la réadaptation fonctionnelle chez les vieilles personnes nécessite «du temps et de la patience». La période nécessaire pour cela peut varier «d'un an pour une hémiplégie à deux ans pour une aphasie (trouble du langage oral et écrit)». Abdelaziz Bouteflika reprendra-t-il son travail avant ? Certes, selon les déclarations du Premier ministre Abdelmalek Sellal, il aurait demandé la préparation du Conseil des ministres et de la loi de finances complémentaire (LFC-2013). Mais rien n'indique que la tenue du Conseil des ministres, qui ne s'est pas réuni depuis plusieurs mois déjà, aura lieu dans les prochains jours.En tout cas, malgré les images diffusées, la classe politique (différentes tendances confondues) exige toujours un bulletin de santé détaillé du chef de l'Etat. En plus du RCD, de Ahd 54, du FNA et de Jil Jadid, le MSP a commenté, lui aussi, la diffusion des images du président Bouteflika. «La diffusion des images est un pas positif. Mais à partir du moment où le chef de l'Etat n'est qu'en période de réadaptation fonctionnelle, il aurait pu rentrer en Algérie et poursuivre sa convalescence dans le pays, où il y a des médecins spécialisés et compétents. En tout cas, seul un bulletin de santé détaillé est en mesure d'éclairer l'opinion sur l'état de santé réel du Président», estime le président du MSP, Abderrazak Makri, sur sa page facebook. Selon lui, «le problème en Algérie n'est pas dans la maladie du Président, mais dans la maladie du système politique». Chef de file de l'Alliance islamiste regroupant trois partis, le MSP s'active actuellement pour élaborer une initiative politique à soumettre au débat dans les prochains jours. Une initiative qui s'ajoutera à celles déjà proposées par plusieurs personnalités politiques nationales depuis le transfert de Abdelaziz Bouteflika au Val-de-Grâce, le 27 avril dernier. Mais le régime les prendra-t-il en considération ou continuera-t-il à jouer sur le facteur temps en attendant le rendez-vous de 2014 ?