Issad Rebrab, patron de Cevital, entend aller à l'arbitrage international dans l'affaire Djezzy au cas où ses droits d'actionnaire ne seraient pas respectés. Dans une interview accordée hier à la radio web du site Maghreb Emergent, M. Rebrab souligne que malgré son statut d'actionnaire minoritaire avec à peine 3,43% des parts, il détient «un droit de préemption qu'il compte faire valoir s'il ne trouve pas son compte» dans la transaction en cours entre les deux principaux actionnaires, le russe Vimpelcom et l'Etat algérien. M. Rebrab précise qu'il irait au tribunal de Londres «non pas contre l'Etat algérien» qu'il respecte, selon ses dires, mais «contre son coactionnaire russe ayant racheté les parts de l'Egyptien Sawiris». M . Rebrab avance l'idée d'un partage des actions à 35% au profit de l'Etat algérien, 34% pour Vimpelcom et 30% pour Cevital. Un actionnariat qu'il dit avoir déjà proposé aux autres parties par le passé mais sans aucune suite, l'Etat ayant fait valoir son droit de préemption pour l'acquisition de 51% des parts. Cevital attendra, selon les propos recueillis par Maghreb Emergent, l'issue des négociations en cours pour déterminer sa position définitive dans cette affaire. Concernant l'acquisition de l'usine Michelin opérée dernièrement et le sort du personnel du site de Bachedjarrah, M. Rebrab se veut rassurant quant à la reprise de tous les travailleurs, mais précise que cela se fera sur d'autres sites de production du groupe. Il propose notamment une reprise des travailleurs dans une usine de double-vitrage à Bordj Bou Arréridj. Pour ce qui est des employés originaires d'Alger ne pouvant se déplacer sur le site proposé, M. Rebrab avance quelques possibilités de reprise à l'usine de verre plat à Sidi Moussa et dans d'autres structures des environs d'Alger pour certains postes d'emploi seulement. «Pour les autres, je ne peux rien faire», prévient le patron de Cevital. Pour ce qui est du sort de l'usine Michelin, Cevital envisage d'installer un centre commercial ainsi qu'une université et un hôpital. Il argue que le terrain de 15 hectares, à Bachedjarrah, ne peut recevoir un site industriel aux normes actuellement admises. La position géographique, au centre d'Alger, ne favorise pas par ailleurs, selon M. Rebrab, l'émergence d'une production industrielle : «La taille critique pour une usine de pneus étant actuellement de 2 millions d'unités, alors que le site créé il y a cinquante ans avait une capacité de 200 000 unités seulement.» Concernant la nature du financement qui a permis à Cevital de racheter le français Oxxo, spécialisé dans la production de fenêtres à double-vitrage, M. Rebrab souligne que l'opération a été faite par le biais d'une filiale européenne, «ce qui permet à Cevital de rester parfaitement en règle vis-à-vis de la réglementation de la Banque d'Algérie qui interdit le transfert de fonds à l'étranger». A propos de la transaction en elle-même, M. Rebrab indique qu'elle s'inscrit dans la stratégie de développement du groupe à l'international : «Cela nous permet de mettre un pied en Europe.» Il précise que «l'acquisition n'a pas coûté très cher» puisqu'elle a été conclue à 400 000 euros pour des actifs de 15 millions d'euros et aucune dette. Le gouvernement français ayant pris en charge 50 millions d'euros d'endettement, selon le patron de Cevital.