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«Le cinéaste n'écrit pas l'histoire»
2es journées cinématographiques de Saïda
Publié dans El Watan le 19 - 06 - 2013

Les 2es Journées cinématographiques de Saïda ont été clôturées lundi soir par la projection du dernier film de Moussa Haddad, Harraga Blues.
Saïda
De notre envoyé spécial
La relation toujours ambiguë et compliquée entre l'histoire et le cinéma en Algérie a fait l'objet d'un intense débat à la maison de la culture Mustapha Khalef à la faveur des 2es Journées cinématographiques de Saïda qui ont été clôturées lundi soir. Un débat qui s'est élargi au rôle de l'image durant la période coloniale. Etaient invités à la tribune pour en discuter, l'historien Amar Mohand Amer, le cinéaste Belkacem Hadjadj, l'universitaire et chercheur Mohamed Bensalah et l'ex-président de la Fédération nationale des ciné-clubs,El Hachemi Kouider.
Ce dernier a rappelé qu'à l'époque de l'occupation française les centres culturels étaient dotés d'un service de cinéma et de bibliothèques. «Ils faisaient donc de la propagande coloniale à travers l'image et le livre ainsi que la vulgarisation de la langue française. On voulait formater l'esprit des jeunes Algériens. Il y avait le cinéma de l'occupant qui nous montrait ce qu'il voulait et il y avait le cinéma des pays qui soutenaient la Révolution algérienne», a-t-il dit., «Dès 1830, le colonialisme français avait utilisé tous les moyens pour faire comprendre aux ‘‘indigènes'', comme on nous appelait, que les occupants sont d'une race supérieure. Il fallait donc recourir à l'image pour fixer ces idées dans les crânes. Après 1962, certains Algériens considéraient toujours les Français comme un modèle. Les séquelles sont donc restées», a noté, pour sa part, Mohamed Bensalah.
D'après lui, la France a produit durant la période coloniale (à partir de 1896) 250 films pour servir la propagande empêchant les Algériens de produire et de réaliser des films. «Il a fallu attendre 1957 pour que soit produit le premier film algérien réalisé collectivement. Vautier, Hamina, Tchanderli, Rachedi étaient partie prenante dans l'entreprise de produire d'autres images sur le combat des Algériens. Parvenu à l'ONU en 1960, un film a changé la donne et présenté une autre image de ce qui se passait en Algérie. Il faut absolument revoir les images des films, Djazaïrouna, Yasmina, Les fusils de la liberté. Les images étaient tournées au maquis, montées en Tunisie, développées en Yougoslavie et montrées au reste du monde», a-t-il détaillé.
Le cinéma était, d'après lui, utilisé comme une arme, un acte de combat. Amar Mohand Amer, a indiqué que l'image a permis d'internationaliser la cause algérienne après la création du GPRA. «Le FLN était un front moderniste. Il a utilisé l'image, le théâtre et les sports pour faire connaître le combat des Algériens. Donc, il n'y avait aucun problème idéologique ou philosophique avec l'image», a-t-il observé, relevant que les footballeurs étaient des diplomates aussi à cette époque.
Roman national
Selon Mohamed Bensalah, les films glorifiaient la guerre de Libération nationale après l'indépendance de l'Algérie, «Après 1962, on est entrés dans la phase du roman national. Il fallait écrire une histoire qui rende hommage aux moudjahidine et aux chouhada. C'est une période critiquable sur le fond, mais pas sur la forme. C'était une nécessité, car l'Algérie sortait d'une guerre terrible. Plus tard, malgré le poids de l'idéologie, des films s'étaient intéressés aux problèmes des Algériens, comme Le charbonnier, de Bouamari», a analysé Amar Mohand Amer.
Mohamed Bensalah a estimé que les historiens ne se sont réveillées à l'impact de l'image et du son que dernièrement. «Ils se sont surtout intéressés aux documents. Ces quinze dernières années, l'intérêt s'est porté sur les images et sur l'oralité. Seulement, les témoins commencent à disparaître», a-t-il noté. Amar Mohand Amer a évoqué un certain retour à la thématique de la guerre de Libération nationale à travers les biopics. Il a cité l'exemple de Ben Boulaïd, d'Ahmed Rachedi, et Zabana, de Saïd Ould Khelifa.
«Dans le film Ben Boulaïd, on voit pour la première fois Messali Hadj, Lamine Debaghine, Aadjal Adjoul. Mais, c'est un film qui est difficilement acceptable par les historiens. Ben Boulaïd est présenté comme le chef du FLN en 1954 alors que le leader réel était Mohamed Boudiaf. Le film, La Bataille d'Alger n'a, en fait, montré que la version de Yacef Saâdi. Aujourd'hui, il faut réaliser des centaines de films pour que les Algériens aient une idée claire sur la guerre de Libération nationale», a souligné Amar Mohand Amer. Il est important, selon lui, de désacraliser l'histoire. «A l'université, l'histoire, à l'instar de la philosophie, est une discipline complètement marginalisée», a-t-il dénoncé.
Une fenêtre ouverte
El Hachemi Kouider a plaidé pour la liberté dans le traitement des questions historiques. «L'histoire ne s'écrit pas avec un gomme. On garde ce qu'on veut et on efface le reste. L'histoire doit être écrite telle qu'elle est», a-t-il dit. Citant Bouamari, Mohamed Bensalah a évoqué une certaine jeunesse autodidacte qui s'est lancée dans l'art cinématographique dans les années 1970. «Ils ont appris à la cinémathèque d'Alger, ont étudié la critique cinéma. Mais, l'interdit n'a pas tardé à s'exprimer. Il ne fallait montrer que les aspects positifs de la guerre Libération nationale. Il ne fallait pas s'intéresser au parcours de Messali Hadj, Krim Belkacem, Abdelhafid Boussouf...Cinquante ans après l'indépendance, on ne connaît toujours pas ces personnalités historiques autant que d'autres», a-t-il regretté. Mohamed Bensalah a qualifié d'anormal également l'absence d'un documentaire ou d'un film sur l'Emir Abdelkader. «Aujourd'hui, le ministère des Moudjahidine donne son aval pour la production de films traitant de la guerre de Libération nationale. Pourquoi? Les films ouvrent l'esprit. C'est une fenêtre sur le monde», a-t-il relevé.
Belkacem Hadjadj a, pour sa part, estimé qu'il fallait se débarrasser dès l'indépendance de l'idée que le cinéma algérien était un moyen de contre-propagande coloniale. «Il aurait fallu que le cinéma devienne un instrument interne à la société pour la faire évoluer. Cela malheureusement n'a pas été le cas. Les gens arrivés au pouvoir avaient utilisé le cinéma car ils avaient besoin de légitimité. Tous les instruments étaient bons pour défendre cela. Donc, on mythifiait le héros et la guerre de Libération nationale. Aujourd'hui, lorsqu'on évoque les héros de la guerre dans le cinéma, on retombe dans les mêmes travers», a-t-il souligné.
Il a relevé que l'écriture de l'histoire est déjà un problème en Algérie. «Et quand les cinéastes s'attaquent à un sujet historique, c'est complexe. Ils se heurtent au manque de matière. Pour le film sur lequel je travaille, j'étais obligé d'aller faire des recherches dans la documentation française qu' il faut lire avec l'œil de l'historien pour débusquer la propagande. Cela dit, un cinéaste fait un film, il n'écrit pas l'histoire. Le cinéaste n'est pas un historien. Le cinéaste fait de l'art. Il s'inspire de faits historiques et montre une tranche de vie. Fatalement donc, il crée des choses», a soutenu Belkacem Hadjadj qui réalise actuellement un long métrage sur Fadhma N'soumer.
Selon lui, l'école algérienne est otage des forces rétrogrades.
«Mais, ce n'est pas pour autant qu'il faut la leur laisser. Notre génération a vu les premières images du cinéma dans les écoles. C'est là où nos yeux s'étaient ouverts sur le 7e art. L'école est donc capitale. L'image est porteuse de modernité. Il faut trouver un pont pour aller vers les écoles et les universités aussi. Avant d'ouvrir les ciné-clubs, il faut aller vers les gens pour qu'ils viennent. Les cordons entre la culture et la société ont été coupés», a-t-il dit.
Le réalisateur de Machaho a plaidé pour un véritable apprentissage des règles du langage cinématographique en Algérie. Mohamed Bensalah a regretté la disparition de la revue de cinéma Les 2 écrans. «Une revue qui n'a pas été remplacée par aucune autre publication. Les islamistes combattent l'image ne se basant sur rien. L'université algérienne est dépourvue d'un département image (…) Il existe en Algérie 17 cinémathèques. Elles existent parce que les ciné-clubs n'ont pas joué leur rôle»,
a-t-il souligné.


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