Selon des professionnels, cette eau contient des particules en suspension dues à la vétusté des conduites d'adduction et à des infiltrations de boue, en plus de sa teneur en chlore jugée hors normes. C'est depuis le début de la canicule que les habitants de Guelma sont en quête d'eau potable. Les longues filles d'attente sont observées aux abords des fontaines publiques éparpillées, pour la plupart, à plusieurs kilomètres du chef-lieu de wilaya. Les plus prisées de ces fontaines sont celles des communes de Sellaou Announa, Aïn Souda, Bendjerrah, Guellaât Bou Sbaâ et Aïn Larbi. Non pas que les habitants de la ville de Guelma, desservis à partir du barrage de Bouhamdane dans la commune de Hammam Debagh, manquent d'eau, mais parce que celle de leurs robinet est non seulement turbide (présence dans l'eau de particules en suspension) mais aussi fortement chlorée. «J'habite Guelma et je suis obligé de venir tous les deux ou trois jours à la fontaine de Aïn Souda pour m'approvisionner en eau potable, celle qui coule dans les robinets à Guelma est imbuvable», nous déclare un père de famille rencontré aux abords de cette fontaine. Et d'ajouter : «C'est le rush quotidien ici. Vous en avez dans le meilleur des cas, pour une bonne heure d'attente sous un soleil de plomb.» En effet, les adeptes de l'eau de source savent de quoi ils parlent. Les analyses de l'eau effectuée à Aïn Souda, fontaine située à 35 km au sud du chef-lieu de la wilaya de Guelma, sont là pour l'attester. Une turbidité pratiquement nulle, un taux de nitrate extrêmement bas et surtout pas de chlore pour détériorer le goût de ce précieux liquide, nous dit-on. Mais qu'en est-il au juste? Pourquoi l'eau du robinet est-elle boudée par la population ? A cette question, les professionnels du secteur avancent plusieurs raisons. D'abord la teneur en chlore non constante ; sa concentration devrait être entre 0,4 et 0,6 mg/litre, or à Guelma elle fluctue et dépasserait même la norme, ce qui donne ce goût d'eau de javel. Quant à la turbidité, les raisons sont aussi multiples. Nos sources évoquent, entre autres, la vétusté des conduites d'adduction et du réseau d'AEP à Guelma. Des infiltrations de boue, voire même d'eaux usées (cross-connexion), sont constatées chaque année malgré les réparations. «Voilà pourquoi l'eau du robinet à Guelma est boudée et n'est finalement utilisée que pour les tâches ménagères et la douche», concluent des clients de l'Algérienne des eaux, exaspérés de devoir payer de grosses factures pour une eau à la qualité douteuse. Pour les plus nantis, l'achat de plusieurs palettes d'eaux minérales est indispensable pour subvenir aux besoins quotidiens. «Dans un pays où le litre d'eau minérale vaut plus cher qu'un litre d'essence, -un litre d'eau à 30 DA et un litre d'essence à près de 23 DA- il y a de quoi se poser des questions», s'exclament des consommateurs. Quoi qu'il en soit, la mobilisation des ressources en eau et l'approvisionnement en eau des foyers à Guelma sont un échec cuisant pour les gérants du secteur malgré la présence de ressources hydriques avérées dans cette wilaya.