Le problème ne date pas d'aujourd'hui. Depuis la mise en service, intervenue depuis plus d'une année, du barrage de Tichy-Haf, les ménages se plaignent de la mauvaise qualité de l'eau. La population de la wilaya de Béjaïa fait face à une grave menace sur la santé publique: Les ménages de toutes les agglomérations situées tout au long de la vallée de la Soummam déplorent une eau de robinet impropre à la consommation. «L'eau qui coule des robinets est d'une couleur jaune verdâtre et de mauvaise odeur. Elle est imbuvable. Elle est polluée», se plaint une mère de famille habitant Akbou. Plus de 700 000 habitants des vingt-trois communes situées dans le couloir Akbou-Sidi-Aïch-Béjaïa reçoivent de l'eau douteuse provenant du barrage de Tichy-Haf qui est pourtant «contrôlée» dans une station de traitement. Les ménages dénoncent une situation très grave en dépit des assurances formulées à maintes fois par les autorités. Au pied du barrage, l'eau est pourtant filtrée dans une station de traitement située à Aït R'zine, gérée par l'ADE (Algérienne des eaux). Cette station est censée assurer le contrôle de tous les paramètres bactériologiques et physico-chimiques. Le problème ne date pas d'aujourd'hui. Depuis la mise en service, intervenue depuis plus d'une année, du barrage de Tichy-Haf, les ménages se plaignent de la mauvaise qualité de l'eau. Interrogé par nos soins, le Directeur de l'hydraulique de la wilaya a eu cette réponse: «le problème de la mauvaise qualité de l'eau ne se pose pas et ne se posera en aucun cas. Moi je bois et je viens de boire cette eau devant vous. L'eau qui coule des robinets est incolore et inodore. Je n'ai pas vu cette couleur jaune verdâtre». «La station de traitement d'Aït R'zine dispose d'un laboratoire qui contrôle à tout instant la qualité bactériologique et physico-chimique de l'eau. Concernant la turbidité, il arrive que l'ADE effectue des travaux d'entretien qui causent une coloration de l'eau. Il y a aussi des réactions chimiques provoquées par le rajout des substances de traitement au contact de l'eau», explique ce responsable. «La mauvaise odeur, poursuit-il, est due au dégagement de l'hydrogène sulfuré (H2S) qui se produit sur l'eau qui stagne. Mais cette mauvaise odeur s'est atténuée, ces derniers temps, grâce au traitement de l'eau au charbon actif». Autre contrainte avancée par le directeur de l'hydraulique: «nous faisons face à un stress hydrique. D'où notre prudence à ne pas gaspiller l'eau en limitant les lâchers d'eau permettant de reconstituer les stocks d'eau et éviter les stagnations au sein du barrage». «Aussi, dit-il, nous allons bientôt mettre en place des stations flottantes pour prendre l'eau à la surface du barrage réputée mieux oxygénée et donc de meilleure qualité». Nos tentatives d'avoir des explications des responsables de l'Algérienne Des Eaux (ADE) ont été vaines. Les assurances des autorités ont du mal à convaincre un spécialiste en chimie industrielle détenteur d'un DEUA à l'université de Béjaïa et qui a déjà travaillé dans une entreprise d'hydraulique. Ce dernier met en cause la qualité du travail effectué dans la station de traitement d'Aït R'zine. «Un des critères permettant de classer une eau comme étant propre à la consommation est la limpidité. Or, l'eau qui sort de la station de traitement est loin d'être limpide. Une eau potable doit aussi être agréable à boire: elle doit être claire, n'avoir aucune couleur encore moins une quelconque odeur. Même si cette eau est bactériologiquement saine grâce au taux de chlore (0,5 ml par litre), les matières et résidus de cette eau qui coule des robinets lui confèrent une couleur et une qualité anormale», explique ce chimiste. De son côté, un médecin que nous avons contacté affirme que «le sulfure d'hydrogène contenu dans l'eau de robinet est un poison qui affecte plusieurs organes et constitue donc un sérieux danger sur la santé».