«Imaginez un père de famille qui accompagne sa fille aux sanitaires à 2h du matin !» Elle est considérée comme l'une des communes les plus importantes d'Algérie. Elle abrite des institutions de souveraineté, comme la présidence de la République, le ministère des Affaires étrangères, les locaux de la Radio et de la Télévision algériennes, mais aussi des ambassades ou résidences d'ambassadeurs de puissances mondiales. Elle, c'est la commune d'El Mouradia, créée en 1984 suite au découpage administratif. Cette municipalité de 24 000 habitants, s'étend sur une superficie de 1,8 km². Son budget annuel est de 34 milliards de centimes, alors que le budget de fonctionnement est de l'ordre de 7 milliards de centimes, selon le maire de cette APC. «C'est un budget limite, limite dans une municipalité à vocation résidentielle», nous dira ce responsable. Pour lui, l'exécutif communal, vu les moyens disponibles, ne peut, à lui seul, prendre en charge l'ensemble des préoccupations de la population d'El Mouradia. Les 1200 demandes de logements sociaux ou encore les 200 demandes de logement dans le cadre de la formule LPA ne peuvent être satisfaites sans une intervention de l'Etat. «Nous n'avons pas les moyens de répondre aux attentes de notre population en termes de logement. El Mouradia n'a bénéficié que de 60 logements sociaux», précisera-t-il. Un autre projet, celui de la réalisation à Dar El Beïda de 122 logements dans le cadre de la formule APC/CNEP, bloqué depuis plusieurs années, n'a pas été livré depuis 1989. «Nous sommes en contact avec les responsables de la CNEP et nous comptons relancer ce projet qui est à un taux d'avancement de 70%. Nous pensons trouver une solution d'ici quelques mois», tient à préciser notre interlocuteur. Un autre problème, et non des moindres, est celui des familles qui vivent une situation des plus dramatiques au quartier de La Redoute. «Imaginez un père de famille qui accompagne sa fille aux sanitaires à 2h du matin, pour la simple raison que les toilettes sont collectives ! C'est une situation déplorable et à la limite de l'imaginable», déplore le maire. «Nous allons tout faire pour reloger plus de 60 familles qui vivent dans la précarité la plus totale. Nous avons également une soixantaine de familles expulsées qui n'ont pas où aller, après avoir vécu des décennies à El Mouradia», assure-il, tout en précisant qu'un dossier est en préparation et sera remis au wali délégué de la circonscription de Sidi M'hamed et au wali d'Alger, afin de débloquer cette situation. Quant aux 100 locaux, dits du Président, le maire d'El Mouradia est catégorique. «Nous n'avons pas bénéficié du programme des 100 locaux pour chaque commune lancé par le Président.» La commune possède un programme ambitieux pour ce mois de Ramadhan. Actuellement, la salle de conférences, El Badji, projette des films pour enfants et des clowns. Enfin s'agissant de la réhabilitation des habitations précaires à El Mouradia, ce problème, selon le maire, relève des propriétaires eux-mêmes. «Ce sont des propriétés privées. Nous ne pouvons pas les toucher. Mais nous sommes en train de réhabiliter le grand boulevard comme nous avons entamé de grands travaux à Dar El Kef.» Quant au projet immobilier de Genisider qui a enlaidi El Mouradia, la grue qui constituait un danger pour les passants a été enlevée. Le projet est bloqué par la justice, et l'APC ne peut intervenir, selon les dires du président de l'APC.