Le tiers de la population souffre de la crise de logement. Voilà une commune qui est loin de justifier sa réputation de quartier huppé de la capitale abritant sur son territoire la résidence présidentielle et le ministère des Affaires étrangères notamment. Mais derrière cette façade de haut standing, El Mouradia présente son revers de médaille nettement moins brillant dont nul ne se doute de l'existence. Avec un budget de 12 milliards de centimes pour une population de 32.000 habitants, les responsables de cette municipalité tentent de faire face à d'énormes difficultés liées à la vétusté du parc immobilier qui génère une multitude de problèmes. De fait, plus de 30% de la population souffre de la crise de logement, un taux qui nous a été communiqué par M.Amar Ziane, vice-président et chargé du social au niveau de l'APC qui nous a sollicité, pour dévoiler la face cachée d'El Mouradia. Cette situation est loin d'être nouvelle et dure depuis 1985. En fait, depuis la promotion de ce quartier d'Alger au rang de commune, aujourd'hui les élus d'El Mouradia veulent crever l'abcès et expriment leur ras-le bol du fait de l'immobilisme d'une hiérarchie qui ne prend pas en compte leurs desiderata pour améliorer le sort de la commune. «Les habitants de notre région nous réclament le droit de bénéficier d'un logement convenable après des années d'attente et de souffrance. Ils pensent que c'est de notre faute si leur situation ne s'est pas améliorée par rapport à cette crise. Pourtant, nous n'avons jamais cessé de soulever la question du logement auprès des responsables lors des réunions au niveau de la wilaya. Ils ne nous ont jamais pris au sérieux estimant que le fait que notre commune abrite quelques-unes des grandes institutions du gouvernement l'exonère des problèmes quotidiens inhérents à la crise du logement et pensent, à tort, qu'El Mouradia n'est pas concernée par le problème immobilier», nous dira M.Ziane qui ajoute par ailleurs que l'APC n'a reçu aucun quota de logement depuis 20 ans, ce qui a développé la crise pour arriver à plus de 2200 demandes. Plusieurs correspondances ont été adressées aux responsables notamment au wali d'Alger expliquant les déficits enregistrés dans le domaine du logement qui a pris de l'ampleur, notamment après la catastrophe naturelle de 21 mai 2003, souligne le premier responsable de l'APC en vain. En effet, un grand nombre de bâtisses, qui ont été durement éprouvées, menacent ruine, mettant ainsi en danger un grand nombre de familles qui se trouvent actuellement dans une situation alarmante. Lors de notre passage aux quartiers Mimosa et Robespierre, sites qui ont été classés «rouge» par les services du CTC, nous avons constaté que cet immeuble est gravement endommagé, constituant de ce fait un réel danger pour les locataires. Des murs lézardés, des plafonds effondrés, des paliers cisaillé, ces anomalies facilitent l'infiltration des eaux de pluies. «Nous avons passé un hiver très difficile, tous nos bagages et nos affaires ont été trempés par ces infiltrations. Ces dernières années, nous sentons par moment, des craquements et à chaque fois des morceaux de pierre se détachent des piliers, nous sommes des locataires en danger permanent, doit-on attendre que l'immeuble s'écroule et enregistrer des pertes humaines pour que l'on se rende compte de notre situation?», s'interroge avec amertume un vieux locataire qui ajoute en outre qu'il a passé toute sa vie dans cette maison étroite où il a fondé son foyer sans même bénéficier d'un logement adéquat. Aujourd'hui, les locataires crient à l'injustice et dénoncent le mépris dont ils sont l'objet de la part des responsables. «Nous sommes ignorés par les autorités. Notre situation semble être prise à la légère alors que nous sommes en danger», déclarent plusieurs locataires. Ces derniers ne demandent que leur droit, celui d'être abrité dans un logement décent et convenable tel que stipulé par la Constitution. Pour sa part, le vice-président de l'APC nous a déclaré que plus de 122 familles sont inscrites dans le projet de logement de l'APC-Cnep, achevé à 80%, depuis 1989. Cependant, les 20% restants des travaux ont été attribués en février 2005 à la Direction du logement de la wilaya d'Alger, qui n'a rien fait pour achever la construction de ces habitations dont le besoin est devenu crucial. Aucune suite n'a été faite dans ce sens par la wilaya, ce qui confirme, selon M.Ziane, le mépris affiché vis-à-vis de l'APC d'El Mouradia.