Le président palestinien Mahmoud Abbas a officiellement accepté, hier, la démission du Premier ministre, Rami Hamdallah, en poste depuis 20 jours, sur fond de crise politique retardant la mise en place d'un gouvernement de consensus national conformément à l'accord de réconciliation entre les mouvements Fatah et Hamas. «Le président Abbas a accepté la démission de M. Hamdallah après que ce dernier eut refusé de travailler avec deux vice-Premiers ministres», a indiqué un haut responsable. Deux réunions entre MM. Abbas et Hamdallah, vendredi et samedi, pour tenter de régler le différend, n'avaient abouti à aucun accord. Rami Hamdallah, nommé le 2 juin pour former un nouveau cabinet après la démission de son prédécesseur Salam Fayyad, avait exprimé sa «frustration» de devoir partager ses pouvoirs avec deux vice-Premiers ministres imposés par M. Abbas, le député Ziad Abou Amr et Mohammad Moustapha, président du Fonds d'investissement de Palestine (FIP) et conseiller économique du président, en charge des questions économiques. Le nouveau Premier ministre, qui a présenté jeudi sa démission avant de la suspendre vendredi dans un premier temps, réclame des «compétences claires et définies pour lui en tant que chef du gouvernement et pour ses vice-Premiers ministres, conformément à la loi afin d'éviter les conflits et les empiètements sur les prérogatives». M. Hamdallah restera à la tête du gouvernement palestinien jusqu'à la désignation d'un nouveau Premier ministre par le président Abbas. Agé de 54 ans et président depuis 1998 de l'université Al Najah de Naplouse, dans le nord de la Cisjordanie, M. Hamdallah est également secrétaire général de la Commission électorale centrale (CEC) et président du directoire de la Bourse palestinienne, basée à Naplouse. Cette démission intervient sur fond de crise au sein de l'Autorité palestinienne, qui a la charge de mettre en place un gouvernement d'union nationale, en vertu des accords de réconciliation entre le Fatah de Mahmoud Abbas et le Hamas, qui gouvernent respectivement les zones autonomes de Cisjordanie et de la bande de Ghaza. Mahmoud Abbas ne lâche rien Les accords de réconciliation signés au Caire (avril/mai 2011) et à Doha (février 2012) prévoient que les mouvements Fatah et Hamas cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections générales. Face à ces nouveaux développements au sein du gouvernement palestinien, le mouvement Hamas a estimé hier que la «seule issue à la crise politique palestinienne est l'application de l'accord de réconciliation nationale». «La démission du Premier ministre Rami Hamdallah reflète l'instabilité que vit le gouvernement», a jugé le porte-parole du Hamas, Samy Abou Zahri, estimant que «la seule issue à cette nation passe par l'application de l'accord de réconciliation nationale». La démission de Rami Hamdallah a été considérée par un autre haut responsable du Hamas, Faouzi Barhoum, «comme le passage d'une phase de détérioration à une phase de réorganisation des institutions gouvernementales palestiniennes basée sur des principes de démocratie et de nationalisme». Les accords de réconciliation entre le Fatah et le Hamas, restés pour l'essentiel inappliqués, prévoient que le gouvernement de l'Autorité palestinienne et le gouvernement limogé du Hamas à Ghaza cèdent la place à un exécutif transitoire non partisan chargé d'organiser des élections. Ces élections «sont la seule voie pour reconstruire notre système politique et atteindre nos objectifs nationaux», avait souligné, en mai dernier, l'ex-Premier ministre Salam Fayyad, espérant que le futur gouvernement «s'appuie sur ce qui a été accompli» sous sa direction en tant que Premier ministre depuis 2007.