Comme annoncé, le concert du chanteur kabyle Brahim Tayeb s'est tenu, jeudi dernier, à la salle El Mougar devant un public acquis quoique peu nombreux. Les pluies, qui sont tombées en trombe, en sont la raison. Cependant, cette désaffection n'a guère dissuadé le chanteur de gratifier les présents de sept de ses plus belles chansons. Les spectateurs, des femmes pour la plupart, ont écouté dans une atmosphère enjouée, le chanteur de Ussaneni et Intass. De plus, Brahim Tayeb fredonnera un extrait d'une chanson de l'égyptien Abdelouahab à l'occasion de l'anniversaire de sa disparition. Brahim Tayeb nous fera savoir qu'un album dont la facture artistique se rapproche de celle de Intass est sur le métier. Il verra le jour l'année prochaine. Concernant ses projets pour les mois à venir, il signalera qu'une tournée nationale est prévue. Le chanteur sillonnera ainsi les wilayas de Boumerdès, Aïn Temouchent, Tizi Ouzou et Oran. « Nous ambitionnons de faire un concert par mois », nous avouera Smaïl Yazid son manager. Toutefois, il lance un « appel urgent » à Mme Toumi afin qu'elle leur « prête main-forte ». La réussite de cette tournée en dépend, assurent-il. Par ailleurs, l'interprète de Intass a rendu un hommage Karim Tahar, véritable chanteur de charme que les moins de vingt ans ne peuvent nullement connaître. Quinquagénaire, l'homme a gardé bon pied bon œil. Visiblement ému, il évoquera, avec une certaine retenue, son parcours dans la chanson et la boxe qui lui a valu de grandes satisfactions. Il sera, nous assure-t-il, 9 fois primé. De même qu'il a la voie grandiose, il a le poing facile.Un air de sa chanson fétiche Itij ma-d yechrak, sera interprété à l'occasion. Ce natif de Bab El Oued, quartier où s'est établie une communauté pied-noir, est resté sur ses souvenirs. Les petits blancs hautains lui faisaient toujours remarquer « avec la candeur », qui est la leur, l'indigence du répertoire musical de ses compatriotes. Piqué au vif, il composera en 1946, en une nuit, assure-t-il, Itij ma-d yechrak. La chanson fera son petit bonhomme de chemin. En témoigne ainsi l'engouement des égyptiens, toujours pointilleux en la matière. « Abdelouahab, avec qui j'ai fait une conférence, a apprécié la chanson en dépit de l'obstacle de la langue. La 2e chaîne caïrote en a fait sa chanson d'ouverture pendant pas moins de trois ans », nous a-t-il indiqué. L'homme à la carrure imposante n'a pas chômé après son retrait de la chanson en 1966. Il sera plusieurs fois directeur et conseiller dans les cabinet de plusieurs ministères, révèle-t-il. Un duo peut voir le jour avec Tayeb, assure-t-on. Il faut noter, en outre, que des étudiantes de l'ex-ITFC s'intéressent au parcours de Brahim Tayeb. Elle s'attellent à ébaucher le portrait, jamais réalisé auparavant, du crooner des Aït Irathen.