Du fait de l'absence d'investissements créateurs d'emploi, la ville de Meskiana, située à l'extrême-est de la wilaya et qui compte environ 32 000 âmes, subit à son corps défendant les effets d'une crise multidimensionnelle. Et c'est la majorité de la jeunesse qui en fait les frais, faute de débouchés. Plus, des pères de famille nombreuse, sans travail et sans soutien, hantent du matin au soir les cafés ou bien arpentent les rues dans l'espoir de susciter la pitié de ceux qui sont au courant de leur situation. En êtres dignes, ils n'osent pas faire la manche, comme le font les pros de la mendicité. Ceux-là en ont fait un fonds de commerce lucratif et ne requérant que du cran et de l'audace. Aussi, les remarque-t-on sur le parvis des mosquées, devant l'entrée de la poste ou de la banque ou tout simplement le trottoir d'une rue fréquentée par les passants. La paupérisation a atteint un tel seuil que n'en sont épargnés que ceux qui disposent de biens immenses ou tout au moins d'un fonds de commerce qui a pignon sur rue. Les autres peuvent patienter, en tous les cas jusqu'à ce qu'il y ait une vraie relance économique, celle-là même qui ouvrirait de larges perspectives dans le monde du travail et qui offrirait à chacun un emploi répandant à ses aptitudes et à son savoir-faire. Tant que Meskiana est démunie d'infrastructures industrielles, ou du moins de petites unités de transformation, elle ne peut aspirer à un développement social appréciable. Reste la terre qui est la seule pourvoyeuse de richesses. Ceux qui s'y investissent parviennent bon an, mal an à s'assurer l'autosuffisance. Voyant que seul le travail de la terre est payant, beaucoup de citoyens sont retournés à la campagne pour entreprendre des travaux agricoles. Les plans initiés par le ministère de l'Agriculture ont permis dans une certaine mesure de redynamiser le secteur. Les aides à hauteur de 70% ont encouragé les agriculteurs à diversifier les cultures et surtout le maraîchage. Les plaines du Z'bar produisent toutes sortes de légumes en particulier la carotte dont les rendements sont très satisfaisants. Cela dit, Meskiana, malgré les potentialités immenses dans le secteur agricole, demeure une région pauvre qui n'attend que les subventions de l'Etat pour survivre.Au cours de la décennie écoulée, le chômage a connu une hausse vertigineuse, conséquemment au dégraissage opéré par l'Elatex et la dissolution de l'entreprise du bâtiment (EPBTP). Les plus chanceux ont trouvé un job au Sud. Le reste ronge son frein, en attendant une éventuelle et non moins hypothétique relance socioéconomique. Car, faute d'investissements conséquents, la ville subit un retard dans les développements social, économique et même culturel. Les indicateurs qui confirment cette régression sont visibles au niveau des quartiers de la prolifération de la mendicité, du chômage qui frappe les jeunes. En dix ans, Meskiana s'est appauvrie au point de ressembler à un gros bourg, tant l'activité qui s'y déploie est maigre et dénote du manque d'enthousiasme des chalands. Le commerce en prend un coup. Ce n'est que jeudi, jour de marché hebdomadaire, que la ville prend des couleurs avec l'animation et l'ambiance des clients, vendeurs et autres « soukiers »... L'investissement : une tradition inexistante Quoi qu'il en soit, la ville de Meskiana qui vit un immense recul dans le développement ne trouvera son salut que dans l'agriculture et l'industrie agroalimentaire (conserverie-laiterie...) L'homme de la rue prétend ou pense que nombre de citoyens disposent de colossales sommes d'argent, mais le manque d'initiatives ne leur ouvre pas le champ à l'investissement. Peut-être qu'il existe des commerçants qui ont des richesses, mais pourront-ils investir des créneaux créateurs d'emplois comme il en existe dans certaines villes du pays. Un médecin, connu sur la place, nous a fait part de son inquiétude quant à l'avenir de la ville. Il ne s'explique pas pourquoi Meskiana, malgré ses potentailités, n'arrive pas à décoller, à la manière des villes voisines. Ce qui est sûr, c'est que la réticence des gens à investir certains créneaux est motivée par la crainte de se voir concernés par le fisc. En effet, la peur d'être imposés, fait que beaucoup de propriétaires adoptent une attitude timorée. Par ailleurs, il n'existe pas de véritables traditions dans le domaine de l'investissement. « Il faudrait voir pour tenter », semblent dire les gens. Aussi ne prolifèrent à Meskiana que les petits commerces, tels les cafés, les épiceries, les gargotes et aujourd'hui les kiosques multi-services (KMS). Pour ces derniers, on dénombre plus d'une quarantaine. Il existe même des KMS l'un en face de l'autre. Voilà qui maintient Meskiana éloignée du développement du travail, bien que des potentailités immenses demeurent inexploitées. N'oublions pas que Meskiana et sa région produisent de nombreux légumes, telles la carotte et la tomate, en plus de grandes capacités laitières, en raison de nombreux éleveurs de bovins. Reste les initiatives pour mettre en branle toute une petite industrie tournée vers l'agroalimentaire et la conserverie.