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Du tourisme au terrorisme, El Oued au milieu du gué
Plaque tournante de la contrebande de l'extrême-est et pôle d'acheminement des volontaires vers l'irak
Publié dans El Watan le 05 - 05 - 2007

Qui se souvient de Guemmar, commune située à une trentaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya d'El Oued ? C'était l'une des plus belles oasis qui attirait un grand nombre de touristes.
El Oued. De notre envoyé spécial
Au lendemain de l'indépendance et jusqu'au début des années 1990, cette commune représentait un important facteur de développement touristique. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. De tourisme, Guemmar et la wilaya d'El Oued se sont transformées en pépinières du terrorisme. C'est à partir de Guemmar que le Front islamique du salut de Abbassi Madani et Ali Benhadj lança, en 1990, sa première attaque terroriste contre un campement militaire. Elle coûta la vie à plusieurs Algériens. Ils furent tués ou blessés par d'autres Algériens. L'attaque avait été menée par un ancien officier militant du fis et anciennement président de l'Assemblée populaire communale de Guemmar, élu de ce parti dissous par la suite. Prise au hasard du quotidien de l'époque des populations de ses 30 communes, El Oued continue de vivre au rythme des traditions séculaires de ses tribus. Elles sont deux, ancestrales : les Righis (Oued Righ) et les Soufis (Oued Souf), à former la composante humaine de cette région du sud-est de l'Algérie. De par sa localisation, l'attaque est bien distincte. Guemmar est, en effet, la seule commune sur les 30 qui a laissé sous les palmiers le conservatisme qui anime la majorité des 750 000 habitants de la wilaya. Elle est intervenue en pleine crise politique qui avait secoué le pays. En plein bouleversement aussi, avec une situation socioéconomique explosive. A l'époque, le rapprochement des populations avec les partis islamistes ne laissait planer aucun doute. La préparation et l'armement de ce qui devait être l'Armée islamique du salut (AIS) n'avaient-ils pas été réalisés à partir de cette région ? Les caravanes de dromadaires qui sillonnaient le désert ne revenaient-elles pas chargées d'armes et de munitions fournies par des tribus installées à la frontière libyenne ? Le terrorisme s'y était implanté durablement. « Beaucoup de nos jeunes installés en Libye, où ils commerçaient, n'hésitaient pas à verser leur dîme. Au départ, ils avaient cru en la propagande que distillaient les chefs du FIS. Mais, peu à peu, ils s'étaient rendu compte qu'ils avaient été trompés », avoue Mohamed Tahar, un ancien immigré de retour après plusieurs années en Libye. Ce n'est qu'à partir de 1999 que, sous la pression des services de sécurité, les groupes de soutien, ravitaillement, renseignements et de terroristes ont presque disparu de la région. Ces deux dernières années, le groupe chargé du recrutement réapparaît. Il est animé par d'anciens émirs et éléments terroristes élargis par la force de la loi portant réconciliation. L'on ne parle plus de « daoula islamia » en Algérie, mais de combat sacré. A El Oued, l'oasis qui avait fait rêver les poètes de toutes les générations depuis la nuit des temps, la région des mille et une légendes, la ville des mille coupoles et des innombrables minarets dont la pointe s'élance vers le ciel à la conquête de la clémence de Dieu, les salafistes se sont installés. Ils ont réussi à faire perdre de vue les nombreux adeptes de la zaouïa Tidjania. Ceux-là mêmes qui ne perdaient pas une occasion pour parler d'amour, de paix et surtout d'hospitalité, pour inculquer aussi la foi en Dieu, la sagesse, la non-violence et surtout l'amour du prochain. Depuis l'occupation de l'Irak par les Américains et leurs alliés, les campagnes de recrutement des jeunes pour « le combat de la foi », pour le « sacrifice à Dieu », « pour se rapprocher davantage de Dieu », « pour aller au paradis » se multiplient. Le GSPC veut ainsi contourner l'idée bien arrêtée dans l'esprit des jeunes d'El Oued quant à l'interdiction faite par Dieu à un musulman d'en tuer un autre. « Les jeunes ne veulent pas entendre parler d'assassinat d'autres musulmans. Ils sont par contre très sensibles à cette propagande des recruteurs du GSPC. Ces derniers les appellent à participer au devoir sacré qui consiste à livrer le combat pour défendre un pays musulman », explique un sage de cette ville. C'est pourquoi il ne se passe pas un jour sans que l'on ait à signaler le départ d'un jeune vers l'Irak touché par l'occupation étrangère. Que ce soit dans les mosquées, sur la place publique ou lors des « halakate » tenues à l'ombre des palmiers, les recruteurs du GSPC se font plus audacieux. Ils sont plus convaincants aussi vis-à-vis des jeunes de plus en plus nombreux à les écouter. C'est, d'une certaine manière, une autre forme de terrorisme qui s'installe dans cette région.
ACTIVITE TERRORISTE RAMPANTE
C'est dire que le dernier départ pour l'Irak de plusieurs dizaines de jeunes dissimule mal ce qui se prépare à partir de la wilaya d'El Oued. C'est une région que beaucoup de sympathisants de la « daoula islamia » affirment être celle de repli pour le GSPC devenu El Qaïda au Maghreb. Nos sources ont affirmé qu'il n'y a rien de plus simple pour les émirs que de convaincre les jeunes qu'ils ont le paradis à portée de main. A titre d'argument, les recruteurs avancent le chômage. Ce phénomène qui dure s'est accentué ces dernières années. Le chômage fait des ravages et facilite la mission des recruteurs. Le jour même de notre arrivée à El Oued, en cette fin de mois de mars 2007, on nous a parlé du départ de 19 jeunes âgés entre 20 et 24 ans. Deux seraient originaires du village d'Es'hine, un du douar El Ma, trois de Guemmar, deux de Drimini, un d'El Ogla et dix autres d'El Garaâ et Tiksebt. Tous auraient été recrutés par les cellules dormantes et réactivées du GSPC. Dix d'entre eux ont rejoint le maquis algérien du GSPC El Qaïda pour le Maghreb. Le reste aurait grossi les rangs de la résistance irakienne. D'autres sources ont affirmé qu'El Oued s'est transformée en plaque tournante du terrorisme national et international. On argumente ainsi la disparition de six jeunes, dont un lycéen et trois universitaires. Elle avait précédé de quelques jours le départ des dix-neuf autres. Tous auraient pris la destination irakienne. Selon les mêmes sources, ces dix-neuf jeunes ont été précédés par un groupe de six personnes dont un lycéen et trois universitaires. Les services de sécurité ont, à deux reprises, réussi à démanteler des réseaux de recrutement pour l'Irak. Sept des principaux animateurs de ces circuits ont été placés sous mandat de dépôt. Tous avaient reconnu avoir participé au recrutement de ces jeunes. Il y a quelques jours, un autre élément se disant membre de l'Association des ulémas a été arrêté. Les cybercafés sont les lieux de prédilection pour les contacts, notamment dans les communes de Nakhla, Réguiba et Bayada. A côté de cette forme d'activité terroriste rampante, il en existe une rationnelle, endémique. Elle est reflétée par l'absence de tout projet étatique tendant à juguler la malvie des populations. Ce qui donne à la jeunesse de cette wilaya cette impression d'horizon socioéconomique bouché. Les élus locaux paraissent désarmés. Ils ne peuvent pas grand-chose contre ce qui a l'air d'être un fléau. L'immensité du territoire de la wilaya, avec sa trentaine de communes éloignées les unes des autres de plusieurs dizaines et parfois même de centaines de kilomètres, pose problème. Les vastes palmeraies et les nombreuses oasis offrent un repaire indécelable, garantissant l'impunité. Surtout lorsque la frontière avec la Tunisie très proche et la Libye un peu plus éloignée, donne des possibilités de « transhumance ». De repli également pour les groupes terroristes dans le besoin d'un abri pour contourner la pression de plus en plus vive des services de sécurité algériens. Il est admis par bon nombre d'habitants d'El Oued que le chef-lieu de commune sert de refuge et de lieu de transit pour les terroristes du GSPC. C'est aussi un centre destiné à organiser le départ vers l'Irak via la Libye et l'Egypte. Il existerait même une sorte de « mafia » locale qui couvre, par ses activités, le triangle El Oued–Debdeb–Ghadamès. Cette mafia emprunte les différents points de passage de la frontière algéro-libyenne utilisés par les moudjahidine de l'ALN durant la guerre de libération. Elle pratique le racket à l'encontre des contrebandiers contraints de verser une indemnité leur assurant le libre passage des frontières. Tous les moyens, y compris le GPS pour les déplacements de nuit, sont bons pour acheminer les « volontaires » vers l'Irak. Loin de ces problèmes de « suprême sacrifice » et de « rapprochement à Dieu » dont on leur rabâche les oreilles à chaque halaka, d'autres jeunes pensent autrement. Ils n'en ont cure des états-majors locaux des 17 partis politiques discrédités qui se préparent pour de nouvelles échéances électorales. Ces jeunes d'El Oued rêvent d'un véritable Etat de droit. Dans leur wilaya, faite de dunes de sable et d'oasis, où la datte représente une importante ressource financière, ils espèrent en la mise en place d'une économie plus ouverte à destination des créateurs d'entreprises. Ce sont pour la plupart des universitaires ayant achevé leurs études dans une des régions du nord du pays. Ils sont revenus dans leur commune natale, avec à l'esprit, mille et une idées d'innovation, de création, d'invention même. Car, dans la wilaya d'El Oued, on est inventif, créatif et innovateur. Ce que prouvent, du reste, les nombreux locaux destinés aux secteurs des services dans tous les domaines, y compris ceux de l'informatique. La ville est composée de maisons majoritairement faites de toub et de gypse, couleur sable. Elle est rattrapée par plusieurs tentacules d'habitations que la commune tente d'agrémenter par des constructions en forme de voûte. El Oued a été gonflée par un exode de populations juvéniles non maîtrisé en provenance des communes avoisinantes. Les bidonvilles y poussent aux alentours dans une totale anarchie.
EL OUED ET SES CONTRADICTIONS
La commune, chef-lieu de wilaya, épouse les contradictions d'un développement incertain à l'image de la vie politique. Dans les magasins bien achalandés de produits made in et artisanaux, rien n'indique une ouverture aux forces du marché susceptibles de bousculer le vieil ordre traditionnel. Contrairement à celle des régions du Nord, la jeunesse d'El Oued ne regarde pas vers l'Occident. Elle s'intéresse beaucoup plus aux pays arabes, la Libye notamment, et musulmans de l'Asie et du Moyen-Orient. Il y a une toute petite minorité qui rêve de voir s'accélérer la libéralisation de l'économie, la modernisation des administrations publiques et l'accélération de la réforme sociale. Il y a, enfin, cette jeunesse des ghettos saisie par le vertige des plaisirs de la société d'émancipation des villes du Nord. Cette jeunesse-là veut défier les contraintes d'un conservatisme nourri depuis des siècles. Il y a enfin, ceux qui se sont lancés dans la création d'entreprises et de petits commerces. Ici, le discours est le même. Plutôt que de parler des prochaines élections législatives dont ils se méfient, cette autre catégorie de jeunes appelle à l'émergence d'un véritable Etat de droit. Il figure au premier rang de ses attentes. « Il faut d'abord lutter contre la corruption, l'intervention de l'administration et les réseaux d'influence », avoue Tidjani Lazhar, ex-DEC à la commune Réguiba. Plus consciente des ruptures, la nouvelle génération est consciente des ravages que cause une croissance socioéconomique locale trop faible. Elle y est pour beaucoup dans l'échec des autorités locales à vouloir séduire, jusqu'ici, les investisseurs nationaux ou étrangers. La nuit à El Oued, dans le centre-ville, des adolescents errent par-ci, par-là. L'on a recensé plusieurs centaines. Ils ont quitté le domicile parental dès leur plus jeune âge. Ils vivent d'aumônes ou d'expédients et de cigarettes vendues à la sauvette. « Ces enfants illustrent tragiquement l'absence d'une sérieuse politique de prise en charge de notre jeunesse. Beaucoup espèrent un visa vers un pays de l'Union européenne, d'autres pour le Canada. Beaucoup ont atterri dans des lieux tenus par les salafistes. Un relais efficace pour s'attacher une jeunesse en panne d'emploi et d'avenir », affirme Graïssa Ahmed, jeune gérant d'une entreprise d'import-export. Avec ses 12 daïras, ses 30 communes, dont 2 frontalières avec la Tunisie, et ses petites agglomérations essaimées aux abords des palmeraies, la wilaya d'El Oued, issue du découpage administratif de 1984, occupe une superficie de 445 000 km2. Oued Souf avec ses 22 communes et Oued Righ, 8 communes se la disputent. Grâce à son climat sec et chaud, la wilaya calme et paisible, ne souffre pas de la pollution. Il n'y a pas d'humidité. Le problème de l'eau demeure entier. Ce dont souffre la wilaya qui s'approvisionne au prix de 2 DA/litre auprès des distributeurs par camions- citernes en provenance de Bir El Ater (Tébessa). Elle tente ainsi d'éviter cette eau chaude et à forte teneur de fluor (3mg/l). Une eau pour beaucoup dans la multiplication des maladies des os, du derme et de l'épiderme et de la dentition dont est atteinte la population. Il s'est avéré que loin d'être la conséquence d'une grande consommation de datte, la couleur jaune qui caractérise l'émail des dents « khat el ardjoun » des habitants du Sud est due au fluor. Le forage à plus de 1500 m de profondeur effectué à l'initiative des autorités locales n'a pas résolu le problème de teneur en fluor. S'y ajoute la remontée des eaux salines. Le projet actuellement en cours de réalisation par une entreprise chinoise pourrait y remédier. Il s'agit de la mise en place d'un réseau d'assainissement. Le style architectural et urbanistique appliqué dans les constructions de cette grande cité a son originalité.


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