Depuis quelques années déjà, on observe une croissance du média Internet dans les investissements publicitaires au niveau mondial. Le site eMarketer.com fait état de 102,83 milliards de dollars de dépenses en 2012. En Algérie, plus de 502 millions de dinars ont étés investis dans le marché de la publicité en ligne. Soit une nette progression par rapport à l'année 2009, au cours de la quelle ont été investis 151 millions de dinars, selon Amine Roukhi, consultant en stratégie numérique à l'agence de conseil en communication et marketing interactif MMC Digital, et ce, en se référant aux chiffres communiqués par la principale régie web dans le pays, à savoir Med&Com. Si l'exposition journalière des internautes, qui représentent une cible pour les annonceurs, les a persuadés d'investir dans la publicité sur Internet, certaines de nos entreprises sont encore réticentes quant à ce mode de communication. C'est du moins ce que nous a révélé Faouzi Z., directeur marketing dans une société du secteur agroalimentaire. «Certaines de nos filiales ne disposent même pas d'une vitrine sur le web, malgré notre conscience que cela provoque un grand retard sur le plan de la communication. La lenteur de la prise de décision chez nous pénalise fortement notre politique de communication», a-t-il indiqué. Pour Nabil Hennia, fondateur de Web Intégral Marketing Algérie, une entreprise spécialisée en webmarketing, internet n'est pas simplement un outil de communication, c'est un véritable moyen de distribution et la frilosité des entreprises quant à l'utilisation de ce mode de distribution n'est pas due à la médiocrité du débit ou autres, c'est un problème culturel, nous dit-il. «Certains chefs d'entreprise n'ont pas conscience de ce que peut leur rapporter internet», déclare notre interlocuteur. Selon lui, les frais de gestion de la présence de l'entreprise sur internet doivent être prévus dès la phase de création. Nabil Hennia invite également les organisations à jouer leur rôle dans le développement du secteur de la publicité en ligne. «Pourquoi les APC ne créent par de portails publicitaires qu'elles peuvent louer aux annonceurs, leur permettant de faire des campagnes publicitaires géolocalisées, cela constitue en même temps une entrée d'argent pour l'APC», nous dit-il. Par ailleurs, si la publicité en ligne a fait ses preuves dans d'autres pays du monde en tant que mode de communication commercial efficace, il existe une diversité de points de vue quant à la mesure de l'efficacité des investissements publicitaires. Pour certains, parmi eux Nabil Hennia, il n'existe pas à ce jour en Algérie d'indicateurs pour mesurer le retour sur investissement sur le web. «La régie publicitaire vous facture une semaine de publicité et vous n'avez aucun moyen de savoir ce que cela va vous rapporter. Il y a un véritable risque à prendre. Imaginons que durant la même semaine il y ait une panne d'internet ou le tournoi de tennis à télévision, les gens ne seront pas sur leurs ordinateurs», déclare notre interlocuteur. Selon Nabil Hennia, il apparaît donc indispensable d'adopter d'autres modèles de tarification, en l'occurrence la tarification par clique ou le code promo. Avec ces modèles proposés par notre interlocuteur, il serait possible pour l'annonceur de mesurer l'efficacité de sa campagne publicitaire. Pour sa part, Mohamed Nadir Meddour, manager de l'équipe Digital Marketing, de Playmode, en dépit des nombreuses difficultés que connaît le secteur de la publicité en ligne en Algérie, le web et les réseaux sociaux représentent une réelle opportunité pour l'entreprise en termes de communication et de réputation. D'autant plus que les prix pratiqués par les éditeurs de publicité en ligne sont moindres que ceux qui sont pratiqués par les autres médias, tels que la télévision et la radio. «Les prix sont donc moindres et le retour sur investissement est garanti», déclare notre interlocuteur, qui pense d'ailleurs que «même les modes de communication ordinaires présentent des risques pour l'annonceur. Il peut y avoir des pannes d'électricité dans la même semaine où l'annonceur a commandé de la publicité, comme il peut y avoir une catastrophe naturelle qui détruirait un panneau publicitaire,…». En effet, selon notre interlocuteur, il ne faut pas rentrer dans ces considérations. D'après lui, la bannière publicitaire fournit plus d'informations qu'un panneau. En effet, il est plus aisé de calculer le nombre de visiteurs d'un site Internet, le temps passé par un visiteur sur le site et aussi le nombre de cliques sur la bannière en question. Cela est beaucoup plus aisé que de calculer le nombre de passants dans une rue sur laquel se trouve un panneau publicitaire. Cependant, nos interlocuteurs s'accordent à dire que compte tenu de l'état de développement du secteur de l'information et de la communication et du secteur de la publicité en ligne, il est indispensable, voire urgent, de mettre en place un cadre réglementaire régissant l'activité publicitaire sur Internet, notamment pour protéger les consommateurs des risques de la publicité mensongère.