De nombreux artisans activant dans le secteur de la dinanderie se disent inquiets face à la flambée des prix de la matière première. Déjà que le marché du nouveau Remblai et celui du centre de l'artisanat du Polygone «battent de l'aile», voilà que les prix de la matière première connaissent une flambée vertigineuse susceptible de mettre en péril le métier. Des mesures pour promouvoir la dinanderie sont nécessaires eu égard à la cherté du cuivre qui a causé une récession marquée de cette activité à Constantine, surtout que cette dernière occupait la première place tant au niveau local que national dans les années 1970 et 1980. Rencontré en marge du salon des arts traditionnels et de l'artisanat qui se tient au palais de la culture Malek Haddad du 6 au 13 du mois en cours avec la participation d'une cinquantaine d'exposants dans diverses activités artisanales, dont la broderie, la ferronnerie d'art, la pâtisserie, l'ébénisterie ou la tannerie, le directeur de la chambre locale de l'artisanat et des métiers, M. Benarab, a indiqué qu'actuellement trois importateurs alimentent la wilaya. Notre interlocuteur précise dans ce sens que le kilogramme de cuivre brut est cédé aux dinandiers à 850 DA. Un prix d'autant plus déraisonnable que sa qualité est loin d'être irréprochable vu que ce métal importé est composé de cuivre et de zinc à proportion quasiment égale, estime-t-on. «Si les prix de la matière première restent aussi élevés on ne s'en sortira plus», nous avouera un dinandier rencontré à ce salon qui se rappelle le temps où le métier avait le vent en poupe et où, nous dit-il, de véritables unités employaient jusqu'à 40 ouvriers. Aujourd'hui, nous dit, Nasseredine Benaiche, un autre artisan dinandier exerçant à Bardo «le nouveau Remblai est orphelin des marchands ambulants originaires notamment des wilayas de l'ouest qui venaient par dizaines chaque matin et écoulaient de grandes quantités de cuivre à l'ouest du pays». En désespoir de cause, et face à la cherté de la matière et raréfaction de la clientèle, les artisans avouent multiplier les stratagèmes pour garder les prix à la limite du raisonnable mais la qualité s'en ressent forcément, comme le fera remarquer notre artisan. Celui-ci nous parlera du processus de fabrication des ustensiles affirmant qu'aujourd'hui pour faire face à la hausse des prix, les artisans jouent sur la la main-d'œuvre bon marché. La sculpture des plateaux de différentes dimensions, allant de 60 cm à 1 m de diamètre, se fait désormais de manière sommaire d'autant que ces ustensiles de «bataille», selon le jargon des dinandiers nécessitent peu de temps à la confection contrairement aux ustensiles «tloue» (faits sur commande), de qualité supérieure et dont le prix peut atteindre les 22 000 DA pour un plateau de 1 m et 12/10 d'épaisseur. C'est pour cette raison, souligne-t-il, que les ustensiles de «bataille» inondent aujourd'hui le marché. Pour les autres artisans-dinandiers qui ont préféré garder intacte la qualité de leurs produits, précise notre interlocuteur, la seule manière de s'en sortir est de jouer sur le poids de la matière première. Ainsi des plateaux de 1 m vendus actuellement sur le marché à 4 000 DA l'unité ne dépassent pas les 5/10 de millimètres d'épaisseur et ne pèsent pas plus de 2 kg, alors que normalement pour garder toute leur rigidité ils doivent être réalisés dans du cuivre de 10 mm minimum.