La cérémonie d'ouverture de la sixième édition du festival de la chanson et de la musique kabyles de Béjaïa a tenu toutes ses promesses, dimanche après-midi. Aussi bien en terme d'organisation, d'affluence que d'enthousiasme suscité. Avec un moment très fort, celui du passage de la chorale composée par la pléiade de jeunes chanteurs à voix que recèle le pays de la Soummam. Accompagnée par l'orchestre dirigé par Hakim Lemdani, celle-ci reprendra avec des envolées magistrales Lhemdou lillah de M'hamed El Anka, traduite expressément pour la circonstance en kabyle par le fidèle «tuteur» du festival, Kamel Hamadi. Rappelons qu'en prime objectif, le programme prévoit un concours de la meilleure production (voix, texte, musique et interprétation), entre de jeunes chanteurs et groupes représentant Béjaïa, Bouira, Tizi Ouzou, Sétif et Alger. Hors concours, le carton propose des galas animés par des vedettes qui occupent les premières loges du hit de la chanson kabyle. Ali Amrane, plus que jamais ardent, a drainé la grande foule pour la soirée d'ouverture. La soirée est douce et face à la scène érigée sur l'esplanade de la Maison de la Culture, le jeune public mais aussi des couples et des familles accompagnées de leurs enfants sont venus tôt mettre le siège. L'ambiance est bon enfant. L'esplanade est noire de monde. La sono est légèrement forte mais high, fidèle et inderground. Balance au top, orchestration professionnelle avec une note au dessus pour la guitare solo. Le chanteur avait chauffé d'emblée la scène avec Akk' i d amur, un titre joué sur un rythme rock. Il enchaînera sur moins de décibels Houria, une chanson douce qu'il dit «dédier aux nombreuses femmes présentes». Son répertoire passera presque entièrement. Le public communie. Il reprend des couplets et tous les refrains des anciens titres proposés. Ces derniers seront entrecoupés par des chansons de son dernier album Tizi n leryah. Dont en premier passage Yettruhu lhir inspiré de la bureaucratie et de son pique-assiette, le piston, joué sur un rythme frénétique. Le public apprécie la ballade qui suivra, Abu lehmum, dont les complaintes retracent la rudesse du quotidien des montagnards. Comme nouvelle composition aussi, Ali Amrane décochera Awi iswen, sur le fou désir de vivre et les éléments de sa négation. Le public se laissera davantage enivrer par le titre de l'avant dernier album, Akk'i d amur. Les bras balancent haut et les briquets s'allument. Tout le monde reprendra les paroles de cette mélodie au tempo mélancolique et qui chante les désillusions de l'émigration.