Dans le cadre de la convention de coopération entre l'université des Frères Mentouri de Constantine et son homologue de Montpellier III Paul Valéry, l'auditorium Mohamed Essedik Benyahia a abrité samedi dernier un colloque autour du thème, inédit jusque-là sur le campus du Vieux-Rocher, de la gestion et gouvernance des territoires urbains en pays méditerranéens. Des chercheurs de renom de divers départements de l'Institution universitaire de la capitale de la région Languedoc-Roussillon ont passé en revue, en compagnie de confrères constantinois, le concept de la bonne gouvernance de la ville. Notamment de celle de Constantine, mégalopole qui étale ses tantacules jusqu'aux grands centres urbains périphériques de Ali Mendjelli et Massinissa. Désormais à l'ère de la globalisation et de la mondialisation à outrance, « l'on ne peut plus parler d'une simple gestion d'une ville, mais de sa gouvernance », martèlera le Pr montpelliérain J. M. Miossec. L'échec de l'utopie du « tout planifié et de la planification urbaine traditionnelle » a poussé les pouvoirs publics dans les pays développés à privilégier l'application d'un concept moderne pour une gestion urbaine efficace et un développement durable « Le projet urbain ». Et Constantine n'en dispose guère. A tel point qu'elle s'est transformée lentement (les effets pervers des fameux POS sont passés par là) en des ensembles architecturalement laids, incohérents et sans véritable identité, en des espaces spatialement fragmentés, non fonctionnels et socialement dangereux. L'on n'a qu'à se rendre à El Manchar, Sissaoui, El Gammas, Sarkina, Ziadia, El Ménia, El Djebbès, Mendjelli et Massinissa, par exemple, pour constater les dégâts abyssaux. Loin de constituer une exception française, le « sustainable development », ou gouvernance urbaine, a été créé aux Etats-Unis pour encourager l'arrivée des investisseurs financiers dans les villes et leurs périphérie. Cela a été couronné de succès chez nos voisins depuis plus d'une décennie maintenant. Les conférenciers de l'université du chef-lieu de l'Hérault et leurs homologues du campus Mentouri, à leur tête Abdelhamid Djekoune ainsi que le doyen M. Cherrad ont convergé vers la nécessité de faire du projet urbain « un cadre de pensée pour régénérer la ville au profit de ses habitants. Il pourra ainsi s'avérer un guide de l'action pour mieux adapter la ville à la demande sociétale et jouer son rôle de levier économique et social ». Les conférenciers des deux rives de la Méditerranée pour qui « l'intérêt des symposiums programmés au cours de la présente saison universitaire est capital et ne fait plus de doute » ont tenu à insister en parfaite harmonie sur le fait que « des pans entiers de la population algérienne vivent dans des agglomérations urbaines dont l'urbanisation est incontrôlée et l'équilibre menacé, où règnent l'exclusion, le chômage, l'insalubrité et la délinquance », conjugués à son collollaire adjuvant « l'absorption démographique de la ville des ponts qui est présentement proche de la saturation ». Non pas pour des raisons de pénurie d'assiettes foncières comme le prétendent certains, mais à cause de l'insuffisance des ressources hydriques, de la mauvaise gestion de la distribution de l'eau potable, un taux de chômage urbain endémique de l'ordre de 63 % au profit de l'économie informelle. Ce déni urbain a créé la véritable économie souterraine que tout le monde connaît et les fortunes colossales qui se font (et se défont) à une allure vertigineuse. L'on n'a qu'à constater de visu les « châteaux » qui poussent partout comme des champignons. Toutes l'assistance a fini par aboutir à un constat incontournable : « Le concept de bonne gouvernance a tendance à être érigé en critère d'appréciation universelle (en tout cas méditerranéenne) de l'art de gouverner. Il ne suffit plus de gérer une ville, il faut la gouverner. » Mais faut-il d'abord disposer des moyens nécessaires pour ce faire. C'est là où réside la véritable question.