Le carrefour situé à l'entrée ouest de la ville de Tizi Ouzou porte désormais le nom du chanteur Matoub Lounès, assassiné il y a 15 ans sur la route de Beni Douala. Un carrefour a été baptisé, mardi 2 juillet, à 19 heures, dans la ville de Tizi Ouzou, du nom du chanteur algérien d'expression kabyle, Matoub Lounès. Ainsi, pour ce faire, une stèle érigée à l'effigie de l'artiste disparu, à l'entrée ouest de la capitale du Djurdjura, a été inaugurée par le maire de Tizi Ouzou, Ouahab Ait Menguellet et le président de l'assemblée populaire de wilaya, Hocine Haroun, qui ont souligné le courage et le talent du Rebelle. «Matoub fut un artiste qui mérite aujourd'hui tous les hommages, et cela, compte tenu de son combat et de son œuvre», ont-ils déclaré devant une assistance où figuraient, entre autres, le chanteur Lounis Ait Menguellet et le directeur de la culture Ould Ali El Hadi ainsi qu'une délégation des scouts musulmans. Nna Aldjia, mère du chanteur disparu, a, dans son intervention, fustigé les décideurs qui a, selon elle, «piétiné» l'enquête sur l'assassinat de son fils. Malika, la sœur de l'artiste, a, de son côté, déclaré: «Je tiens à remercier le wali qui a signé l'arrêté pour baptiser un carrefour au nom de Lounès. Je tiens aussi à saluer tous ceux qui ont contribué à la réussite de cet événement». Une déclaration qui n'a pas été du goût de certains fans de Matoub. «On n'est pas là pour remercier le wali pour avoir signé un document administratif. La place Matoub Lounès a été arrachée par les 126 martyrs des événements de Kabylie qui méritent un vibrant hommage, mais, malheureusement, aujourd'hui, on les a oubliés», nous a confié un quinquagénaire. «L'inauguration d'un carrefour Matoub Lounès mérite une fête grandiose avec un gala animé par de grands artistes qui ont connu Lounès mais, à l'exception d'Ait Menguellet, Ali Meziane et Rabah Ouferhat, je ne vois pas d'autres chanteurs et militants de la cause identitaire qui ont côtoyé le défunt. Les anciens joueurs de la JSK qui étaient tous ses amis, ne sont pas, semble-t-il, invités», regrette un autre fan du Rebelle qui nous a fait remarquer aussi que l'inauguration de la stèle a été faite sans l'observation d'une minute de silence à la mémoire du défunt. «On aurait aimé, comme de tradition, observer une minute de silence à la mémoire de ce grand homme, en reprenant en chœur la chanson Aghuru (Trahison)», nous-a-t-il ajouté. Par ailleurs, dans une déclaration envoyée à la presse, la fondation qui porte le nom du Rebelle, «salue l'initiative citoyenne qui a abouti à l'officialisation du carrefour Matoub Lounès, à la veille de l'anniversaire de l'indépendance de l'Algérie». Le même document précise que la population est toujours mobilisée pour exiger la vérité sur l'assassinat de cet artiste qui a été, pour rappel, ravi aux siens le 25 juin 1998, à Tala Bounane, sur la route de Beni Douala. Enfin, il est utile de noter que des espaces publics arborent aussi fièrement le nom de Matoub à Montreuil, Argenteuil et Arcueil, en France, entre autres.