Cafouillage et désorganisation ont caractérisé la première opération de relogement d'occupants de bidonvilles dans la commune de Chlef, initiée par les autorités locales. En effet, 83 familles habitant des constructions précaires depuis 1994 à la périphérie de la ville ont été délogées samedi pour être recasées dans des logements ruraux réalisés dans la localité proche de Chegga. Mais une fois arrivés sur les lieux, les déplacés ont été accueillis par une foule en colère qui s'opposait à ce transfert au motif que la cité est déjà occupée en grande partie par des habitants d'un autre bidonville. On nous montre des promesses écrites délivrées par les services de l'APC, documents par lesquels les protestataires ont pu prendre possession de ces logements, il y a quatre mois, sans être inquiétés. « D'un côté, on nous autorise à occuper ces habitations et, de l'autre, on veut nous en déloger par la force pour les attribuer à d'autres familles », nous diront des pères de famille concernés. D'autres ajoutent qu'ils ont dû achever ces logements par leurs propres moyens pour les rendre accessibles. Pour sa part, le président de l'APC de Chlef parle d'« indus occupants » qui ont, d'après lui, investi les lieux la veille. Devant le climat de tension qui régnait, les autorités ont dû dépêcher les brigades antiémeute de la gendarmerie. Celles-ci ont, par moments, fait usage de bombes lacrymogènes pour disperser la foule. Quinze personnes ont été arrêtées et devaient être présentées hier au magistrat instructeur près le tribunal local. Vers minuit, les services de sécurité, accompagnés des responsables locaux et d'agents de la commune, ont investi les maisons et ordonné leur évacuation sur-le -champ. Ce qui fut fait, non sans pleurs et vives contestations. Les familles jetées à la rue doivent, selon les initiateurs de l'opération, regagner leurs anciennes demeures ou leurs communes d'origine.Pendant ce temps, on procédait au relogement à leur place des 83 familles ramenées du bidonville de Hay El Houria, à proximité du pont de l'oued Cheliff. Certaines ont même été placées dans des habitations sans toit ni portes ni fenêtres.