Malala a été atteinte d'une balle à la tête lors d'une attaque des talibans contre l'autocar scolaire qui la transportait, le 9 octobre 2012, dans la vallée de Swat. La jeune Pakistanaise Malala Yousufzai a lancé, vendredi à l'ONU, un vibrant appel à l'éducation pour tous et à la tolérance, affirmant qu'elle ne se laisserait pas intimider par les talibans qui ont cherché à l'assassiner. Les talibans «pensaient qu'une balle pourrait nous réduire au silence, mais ils ont échoué», a déclaré d'une voix ferme l'adolescente rescapée, il y a près d'un an, d'un attentat. «Et du silence sont sorties des milliers de voix.» «Aujourd'hui n'est pas le jour de Malala, c'est le jour de toutes les femmes, de tous les garçons et de toutes les filles qui ont élevé la voix pour défendre leurs droits», a affirmé la frêle jeune fille qui fêtait vendredi son 16e anniversaire. Il s'agissait du premier discours en public de Malala depuis qu'elle est sortie de l'hôpital de Birmingham (centre de l'Angleterre) en février. Malala a été atteinte d'une balle à la tête lors d'une attaque des talibans contre l'autocar scolaire qui la transportait, le 9 octobre 2012, dans la vallée de Swat. Les talibans voulaient la punir de son engagement en faveur du droit des jeunes filles à aller à l'école. Devenue une icône de la résistance aux talibans, l'adolescente est en lice, cette année, pour le prix Nobel de la paix. Malala a remis à l'ONU une pétition diffusée par internet et signée, selon Gordon Brown, par 4 millions de personnes. Elle demande aux 193 pays membres de «s'engager à financer écoles, enseignants et livres» et à mettre fin à l'exploitation des enfants «afin de tenir, d'ici à 2015, la promesse d'envoyer chaque garçon et chaque fille à l'école». «Les talibans voulaient nous réduire au silence» Lors de son intervention répercutée par des télévisions du monde entier, Malala Yousufzai a affirmé «ne pas même détester le taliban» qui lui a tiré dessus et a prôné des idéaux de compassion et de non-violence, se réclamant de l'héritage de Gandhi, Nelson Mandela ou encore Martin Luther King. «Je ne suis pas ici pour parler de revanche personnelle contre les talibans (...), je suis ici pour défendre le droit à l'éducation pour tous les enfants (…). Les extrémistes font un mauvais usage de l'islam (…) pour leur gain personnel» alors que «c'est une religion de paix et de fraternité», a-t-elle affirmé. Dans la foulée, elle a appelé «les dirigeants mondiaux à changer de stratégie politique pour promouvoir la paix et la prospérité» et a invité «nos sœurs de par le monde à être courageuses et à trouver en elles-mêmes la force de réaliser tout leur potentiel». «Menons le combat contre l'analphabétisme, la pauvreté et le terrorisme. Nos livres et nos crayons sont nos meilleures armes», a-t-elle conclu. «L'éducation est l'unique solution, l'éducation d'abord.» La tête couverte d'un châle rose – ayant appartenu, a-t-elle dit, à Benazir Bhutto – elle a été longuement applaudie par le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, l'ancien Premier ministre britannique, Gordon Brown, envoyé spécial de l'ONU pour l'éducation, et plusieurs centaines de jeunes.L'ancien Premier ministre britannique l'a présentée comme «la jeune fille la plus courageuse du monde» et lui a souhaité «un joyeux anniversaire», tandis que Ban Ki-moon saluait «Malala, notre héroïne, notre championne» et la félicitait de son «message fort d'espoir et de dignité». «Ce dont les terroristes ont le plus peur, c'est que les jeunes soient éduqués, que les filles soient éduquées», a-t-il expliqué. Il a rappelé que plus de 57 millions d'enfants n'avaient pas la chance d'aller à l'école primaire. «La plupart sont des filles et la moitié vivent dans des pays en conflit.» Rappelant les récentes attaques contre des établissements scolaires au Pakistan ou au Nigeria, il a affirmé que les écoles devaient être «des refuges pour tous les enfants, filles et garçons».