Jusqu'au 20 mai, le Musée national de Cirta abrite une exposition d'une quarantaine de tableaux de l'artiste-peintre Salah Hioun. Intitulée « l'Homme dans son élément », la collection de monogravures nous conduit dans une technique mixte, dans le dédale de la peinture expressionniste, à travers laquelle Hioun laisse ses sentiments s'exprimer de manière aussi singulière qu'exaspérée. La thématique polarise autour de la quintessence de l'homme, dans un espace où s'entrecroisent mémoire, traditions, rêves, angoisses et espoirs. Le visage humain de la femme est récurrent dans ses tableaux dont le caractère solennel et silencieux alterne avec le côté tragique. Des œuvres, dont la profondeur conduit le regard à une lecture contemplative telles les réalisations intitulées Invasion dans la tradition, Résistance ou Déesse africaine qui laissent émerger une sorte de raideur monacale. Cette impression hiératique se fait complice des projections de lignes et de formes singulières. Les subjectiles reçoivent la matière pour laisser ressurgir des silhouettes que fragmente un graphisme dans une charge métaphorique. Un graphisme qui nous édifie sur la vigueur de la touche de l'artiste qu'il met au service de l'intensité expressive. Les éléments de ses motifs, il les puise du passé avant de les restituer, au gré de son imagination, dans une vision et une forme allégorique nouvelles. L'enchevêtrement du trait labyrinthique conduit le regard dans les entrailles d'un espace temps parcouru par les signes et symboles d'une identité millénaire. Singulièrement charpentés, les personnages de Hioun sont déclinés dans une imbrication de reliefs, de rides et de plis qui se laissent aller à une certaine stylisation de gravures riches d'éléments picturaux et de symbolique personnelle. Mélancolie urbaine, Traces et références ou encore l'image muse de son œuvre Entre terre et mer sont d'autres compositions en perpétuelle gestation, que l'artiste place dans un langage plastique contemporain, car « chaque toile est considérée comme une esquisse pour une autre œuvre », nous dira-t-il.