A une année de la clôture du premier quinquennat de la politique de renouveau rural, qui a été marquée par la mise en œuvre de centaines de PPDRI instaurant l'approche de développement local intégré depuis 2009, les débats viennent d'être ouverts pour la préparation d'un nouveau programme quinquennal devant s'étaler de 2014 à 2019. d'«atelier de programmation 2015-2019 au titre du renouveau rural». Cette rencontre, ayant regroupé les cadres et responsables du secteur, a débouché sur la mise au point d'un calendrier d'avancement de la conception de ce nouveau programme quinquennal. Tel qu'il ressort du compte rendu de la réunion en question, les prochains mois seront consacrés à «l'élaboration des programmes dans les wilayas en s'appuyant sur le diagnostic de 2010-2014 et les orientations données» jusqu'à la fin août prochain. Au mois de septembre auront lieu des «ateliers régionaux pour la consolidation du programme 2015-2019». Cependant, la première restitution des travaux aura lieu en octobre à la tenue de la prochaine réunion d'évaluation trimestrielle des programmes de renouveau rural et, enfin, la finalisation du programme 2015-2019 aura lieu à la fin décembre 2013. Cette deuxième étape de la politique de renouveau rural, tel qu'elle se présente est destinée à assurer la continuité de ce qui a été fait jusque-là, mais, sans omettre toutefois de recentrer les objectifs tracés et de revoir la démarche à entreprendre. En d'autres termes, il y a nécessité de tirer les enseignements de la première expérience en la matière et surpasser les handicaps. A son adoption, est-il toujours utile de le rappeler, la politique de renouveau rural a eu pour objectif principal le développement des territoires ruraux pour le maintien des populations locales sur place et atténuer ainsi le phénomène de l'exode rural. Dans ce sillage, les opérations menées ont ciblé en priorité les localités et villages exprimant des besoins en termes d'emploi et d'équipements socioéconomiques, notamment dans les régions ayant subi les exactions des groupes terroristes durant la décennie noir. Les programmes ont été menés ainsi avec une approche de développement intégré pour permettre une intervention multisectorielle (agriculture, PME/PMI, artisanat, tourisme, travaux publics, santé, éducation, administration locale, etc.). Impact mitigé Outre le désenclavement et la redynamisation des zones rurales les moins développées, les PPDRI comprennent des activités prédominantes visant la création d'actifs au profit des ménages ruraux, notamment les vergers et les petites exploitations d'élevage, très demandées, d'ailleurs par les populations rurales. Depuis 2009, les différents bilans établis sur l'évolution des réalisations de ces programmes font ressortir un total de plus de 12 000 PPDRI localisés depuis 2009 au profit de 1,2 million de ménages dont 55 % ont été lancés jusqu'au début de l'année en cours. Les programmes qui sont entrés dans la phase de réalisation ont touché 1390 communes et 831 000 ménages, selon les statistiques établies par la DGF. En termes de financement, le gouvernement a mobilisé au total 1000 milliards de dinars pour le programme quinquennal 2010-2014 de renouveau agricole et rural dont une grande partie (près de 40%) est destinée au financement des opérations destinées au développement rural. Néanmoins, sur le terrain, l'impact des projets réalisés sur les localités ciblées est mitigé. De prime abord, c'est le caractère composite des projets en question qui s'est avéré problématique dans la mesure où la coordination entre les différentes administrations sectorielles n'a pas été facile à assurer. En conséquence, les projets affectés ont observé une trajectoire de réalisation inégalée avec des opérations qui ont moins avancé que d'autres. A titre d'exemple, dans certaines localités, des ménages ont pu bénéficier des aides à l'habitat rural dans le volet relatif au logement mais les aspects liés à la création d'emploi ou la réalisation des voies de communication pour désenclaver les zones rurales ont connu une réalisation timide sinon nulle. La campagne désertée C'est en tenant compte des incohérences ayant émaillé le premier programme quinquennal qui s'achèvera en 2014 et pour inculquer davantage d'efficacité au nouveau programme, que les concepteurs de l'approche intégrée du développement rural retiennent d'ores et déjà, comme principales recommandations : « Réunir les conditions nécessaires pour l'achèvement du programme 2010-2014 et éviter ainsi d'hypothéquer la nouvelle programmation, la problématique d'adhésion des populations rurales aux actions de protection des ressources naturelles (intérêt général) sur des territoires souvent occupés et subissant une pression anthropique, la nécessité d'aller vers une programmation par objectif et éviter le saupoudrage des actions de développement en s'appuyant sur les études, élaboration de programmes intégrés répondant à une problématique de prise en charge du développement des territoires et, enfin, tenir compte de l'étendue des zones d'intervention qui, souvent, chevauchent sur plusieurs wilayas, notamment pour le traitement intégré des bassins versants et l'application des aménagements forestiers tout en mutualisant les moyens et en assurant la synergie de l'intervention des différents acteurs». La population rurale algérienne connaît un déclin accélérée de fait de l'exode rural massif durant ces dernières décennies. Alors qu'il représentait plus de 50% de la population totale du pays en 1987, le monde rural n'abrite pas plus de 30% des ménages actuellement. La désertion massive de la campagne est motivée principalement par l'absence criante des commodités les plus élémentaires de la vie, en premier lieu, l'emploi, le logement et les infrastructures socioéconomiques diverses.