Les lycées ont répondu massivement à la grève à laquelle a appelé, hier, l'intersyndicale de la Fonction publique. Ce n'était toutefois pas le cas des autres paliers de l'éducation nationale, du moins selon notre constat à Alger, qui ont gardé leurs portes ouvertes, en dépit de l'adhésion du Syndicat national des travailleurs de l'éducation (SNTE) au mot d'ordre de grève. Dans les établissements du secondaire, le taux de suivi à l'échelle nationale était estimé par le président du Cnapest, M. Lemdani, à plus de 85%. Celui-ci pense qu'au-delà de ce constat, « il y a un acquis psychologique ». Les fonctionnaires algériens, selon lui, « ont atteint une maturité syndicale ». Presque le même jugement pour le SG du CLA, M. Osmane, qui estime qu'« il y a une tradition de lutte dans le secondaire ». Le premier responsable du Cnapest considère la grève d'hier comme « un avertissement aux autorités pour qu'elles prennent en charge les trois principales revendications » des fonctionnaires, à savoir l'augmentation des salaires, la promulgation du statut général de la Fonction publique, qui doit être, selon lui, débattu par les fonctionnaires eux-mêmes, et la garantie des libertés syndicales et le droit de grève. M. Lemdani qualifiera d'« insupportable » la situation sociale actuelle des fonctionnaires qui ne cesse de se dégrader. Convaincu de la bonne cause des fonctionnaires, M. Lemdani n'écarte pas d'autres actions de grande envergure dans les prochains jours si les portes restent fermées pour les syndicats autonomes. « Si les pouvoirs publics ne se mettent pas à la table des négociations avec les véritables représentants, les luttes sociales continueront », a-t-il martelé. Notre interlocuteur avoue qu'il n'attend rien de la prochaine tripartite et ne croit pas aux déclarations du patron de l'UGTA sur les augmentations salariales. « La tripartite ne nous concerne pas. Nous sommes plutôt pour une bipartite gouvernement-fonctionnaires », a-t-il dit. Et d'ajouter : « Ils (les membres de tripartite) vont nous faire une augmentation politique sachant que des échéances électorales arrivent. » M. Lemdani exige « une revendication qui mettra le fonctionnaire à l'abri des besoins les plus élémentaires ». Aux yeux de M. Osmane, le gouvernement s'est cantonné dans une « ambiguïté » concernant les salaires. Le premier responsable du CLA, qualifiant le taux de suivi dans le secondaire de bon, considère que la convergence des luttes pour les revendications des salaires, du statut et des libertés syndicales comme « une orientation stratégique pour faire pression sur les pouvoirs publics ». M. Osmane dénie le droit à l'UGTA de s'exprimer sur la question des salaires. « Nous considérons que l'augmentation des salaires demande une médiation sociale par l'intermédiaire d'une bipartite », a-t-il estimé. Pour Osmane, « la balle est dans le camp du gouvernement qui doit s'exprimer sur cette question ». Notre interlocuteur estime enfin que le mouvement social depuis le début de l'année scolaire a imposé un débat national aux politiques et au gouvernement qui doivent donner une réponse appropriée aux fonctionnaires.