Le carnet de réservations a été quasi vide en juillet. Dans ce cas, les hôteliers libèrent 50 % du personnel et il faut attendre encore 5 ou 6 ans pour que l'activité reprenne de plus belle. Durant le mois de Ramadhan, l'activité touristique connaît une baisse de régime. C'est une tendance lourde constatée durant ces dernières années et qui occasionne un manque à gagner important aux opérateurs. Une perte sèche de revenus pour les professionnels. Un indicateur parmi d'autres qui renforce cette observation : la chute des réservations effectuées auprès des hôtels et des complexes et les vacanciers qui sont moins nombreux sur les plages en ce mois sacré. Cette année encore, la saison estivale sera écourtée. Une minorité est partie au mois de juin et le grand rush sera attendu durant la deuxième quinzaine du mois d'août et une partie du mois de septembre. Cette situation difficile pour le secteur touristique algérien va se répéter durant plusieurs années encore, le Ramadhan avançant d'une dizaine de jours par an en fonction du calendrier lunaire. «Le problème, c'est que nous n'avons pas assez de recul pour prédire le comportement des gens», indique un responsable d'un complexe touristique de la côte algéroise. La saison a débuté avec l'arrivée des premiers touristes, surtout des immigrés, qui viennent voir leur famille et profiter du littoral. Restaurateurs et hôteliers, cafetiers et commerçants vivent du tourisme, sauf que cette année, le Ramadhan va empiéter sur une bonne partie des vacances. C'est un mois carrément «mort», où ils ne travaillent que la nuit. Le carnet de réservations a été quasi vide en juillet. Dans ce cas, les hôteliers libèrent 50% du personnel et il faut attendre 5 ou 6 ans pour que l'activité reprenne de plus belle. Autre tendance observée, l'adaptation des offres : les structures hôtelières s'organisent pour servir le s'hour avant le lever du soleil. Des soirées musicales sont aussi au programme. Les plages et les piscines restent ouvertes tard le soir pour permettre à ceux qui respectent le jeûne d'en profiter la nuit tombée. Pour atténuer les pertes, Hacen Bahlouli, directeur général du complexe les Andalouses (Oran) et représentant du groupe Gestour, a effectué un déplacement à Tamanrasset en début de saison pour rencontrer des opérateurs du Sud. Il a accompagné Mohamed Amine Hadj Saïd, secrétaire d'Etat auprès du ministre du Tourisme et de l'Artisanat, chargé du Tourisme. Il y est allé avec des propositions concrètes et s'inscrit dans la volonté du gouvernement de promouvoir le tourisme interne. «Ramadhan fi el Andalous» via Oran Il a fait état de réductions «intéressantes» pour la période du mois de Ramadhan, en faveur des citoyens du Sud, en vue de leur permettre de passer un séjour agréable. Des facilitations ont été accordées du 9 juillet au 8 août, qui consistent en des remises accordées, sur la base d'un commun accord, par les compagnies de transport aérien Air Algérie et Tassili Airlines, la Fédération algérienne des hôteliers et la SGP Gestour, sur les tarifs de transport et de prestations hôtelières pour les voyageurs nationaux résidant dans les villes du Sud et du Grand Sud du pays. Ramadhan «fi el Andalous» se décline en deux formules : villa et bungalow à 4000 DA/jour et hôtel chambre avec f'tour et shour à 2700 DA/jour. L'hôtel Le Beau Fayet a lancé une promo : pension complète (hébergement, f'tour, s'hour) à partir de 4500 DA par personne. Petit geste commercial : gratuité d'hébergement pour les enfants de moins de 10 ans. Il propose une animation familiale tous les soirs (clown et ventriloque) et des grillades et glaces jusqu'à l'aube. Le Sofitel Algiers Hamma Garden accompagne les Algériens durant les soirées de ce mois sacré à travers la découverte de la Gaâda Lounge à la salle Aurès, de 21h30 à 3h. Le mesfouf du s'hour est offert chaque week-end. Il y a aussi le Pool Lounge, un charmant endroit aménagé près de la piscine. Au Mercure Aéroport, le taux d'occupation (TO) de l'hôtel a chuté, mais il est au-dessus de 50%, ce qui est une moyenne acceptable en cette période creuse. Ce qui a sauvé cet hôtel, ce sont essentiellement les équipages des compagnies aériennes, essentiellement des Turcs, et quelques clients locaux. Deux restaurants sont restés ouverts : El Beida et Mu Dan (cuisine chinoise). En Tunisie, les hôteliers développent des offres compatibles avec le rythme du mois sacré pour capter la clientèle algérienne réputée très dépensière. Les opérateurs tunisiens courtisent ce type de clients, car ils sont confrontés à un handicap majeur : les tour-opérateurs conseillent aux Occidentaux d'éviter les séjours durant cette période. Le Novotel Tunis Mohamed V a même publié des encarts publicitaires dans la presse algérienne pour les attirer. Un spécial Ramadhan a été concocté avec buffet de rupture de jeûne et soirée quotidienne au 8e étage et un séjour gratuit pour les enfants. Le marché algérien est très important sachant que chaque Algérien dépense en moyenne par semaine 500 dollars. Les hôteliers proposent une table copieusement garnie pour accueillir les clients jeûneurs. Du lait, des dattes, de la chorba frik et du bourek, servi chaud, à la demande du client. Autre offre pour séduire : pour la prière des tarawih, des bus assurent la navette vers les mosquées. Odeurs et couleurs particulières de Turquie La Turkish Airlines organise des voyages presse pour booster la destination pendant le mois de Ramadhan. La compagnie mise sur une atmosphère différente des autres jours et l'ambiance de l'i'ftar pour attirer. Les tentes sont dressées sur presque toutes les places d'Istanbul rassemblant tout le monde et des menus spéciaux sont proposés dans de nombreux restaurants de la ville qui font appel à un large éventail de goûts. Avec l'éclairage des mosquées et de toute la ville,İIstanbul possède une atmosphère complètement différente. Des activités appropriées à l'esprit de ce mois béni. Ses armes fatidiques : les tarifs promotionnels et l'augmentation des franchises bagages. Pour la majorité des Algériens, le Ramadhan est un mois sacré qu'on passe traditionnellement en famille. C'est une obligation religieuse, et le seul parmi les cinq piliers de l'islam à receler une charge sociale très forte. Beaucoup préfèrent ne pas bouger et rester chez eux. De manière globale, les Algériens vont rester chez eux au cours du mois sacré, ils se voient mal voyager, même à l'intérieur du pays. Il y a ceux qui vont sacrifier leurs vacances et ceux qui partiront dès la deuxième quinzaine d'août et travailleront en juillet, sachant que leur productivité sera faible au cours de cette période.