"Oueld E'ttir", un concert de musique chaabie à plusieurs pupitres, a été animé, samedi à Alger, par le jeune ténor, Karim Bouras dans un élan artistique aux contenus authentiques, rendus dans des formes modernes, devant un public relativement nombreux. Accueilli à la salle Ibn Zeydoun de l'Office Riadh El Feth (OREF), ce concert chaâbi-moderne, est le résultat d'une expérience probante d'une année de préparation rigoureuse qui a donné naissance au projet artistique "Oueld Ettir"', une conception ambitieuse, rendue possible par une belle synergie, empreinte de clairvoyance et de professionnalisme et mise en œuvre par une gestion sans faute de trois équipes, artistique, technique et logistique, suivies et servies par l'infatigable Project manager, Shahinez Guir. Basé sur la thématique des oiseaux, choix judicieux en soi, ce projet tend à montrer, selon Karim Bouras, l'"utilisation, par les poètes érudits du 20e siècle de beaucoup de métaphores avec des éléments de la faune ou de la flore, les oiseaux, notamment". Soutenu par une vingtaine d'instrumentistes et une dizaine de choristes, dirigés d'une main de maître par le maestro, Fatheddine Mehalla, le chanteur à la voix présente et étoffée, a embarqué l'assistance dans une randonnée onirique à plusieurs stations, faite d'une vingtaine de pièces et rendue dans de belles variations modales et rythmiques qui ont enflammé la salle et poussé le public au relâchement. A travers une vingtaine de titres au programme de la soirée, l'artiste vedette, a rendu hommage à de grandes figures de la chanson chaabie et andalouse, à l'instar d'El Hadj M'hamed El Anka, Amar Ezzahi, Dahmane El Harrachi, Smail Hini, Boudjemaâ El Ankis, Fadéla Dziria, Farid Ouejdi, El Hadj M'hamed Ben Chaouch, Hamid Kharfallah, M'hamed Bouchaoui, Abdeslam Derouache et Chikh Liamine, ainsi qu'à de grands poètes du Melhoun, à l'image de, Ben M'saïb et Bensahla. Chantant, des thèmes tels que, l'amour, la nostalgie, la femme, la séparation, la patrie, la mélancolie et l'espoir, Karim Bouras a rendu, entre autres pièces, "Touiyari mesrar", "Ya nayem fik", "Z'mane", "El Youm", "Lahmam li rabbitou", "Zoudj h'mamet", "El Gomri", "Ya nour Ayani" et "Ana Touiri", brillamment interprétées par les voix cristallines de Hasna Hini et Neyla Cherifi, invitées de l'artiste. Karim Bouras s'est également entouré d'artistes, de professionnels de la scène et de professeurs de musique, à l'image des choristes Radja Allag, Djamel Khadjali et sa femme Habiba, Farid Belloui à la guitare acoustique, Nasreddine Ghomrani au Tar et à la percussion, Soheib Stambouli à la Bandoline, Noureddine Silhat au Oud, Fayçal Gaoua à la batterie, Mohamed Chikhi et Mourad Khelloufi aux violons altos, Samy Rabhi au piano, Kamel Bensidi au violoncelle et Réda Lounaouci au banjo ténor, qui ont réussi une belle fusion des genres. Ainsi, si la beauté des mélodies, la richesse des rythmes irréguliers et la complexité intelligente des cadences composées qui caractérisent les genres chaabi et andalou, ont donné du plaisir à l'assistance, l'orchestration de ces musiques, populaire et savante déployée à l'unisson, a été, elle, enrichie par le pupitre des instruments à cordes (violons, violoncelle et guitare) et le chœur de l'orchestre qui l'ont embellie avec une harmonisation basée sur des ornements polyphoniques. Dans une ambiance de grands soirs, le public, qui a longtemps applaudi l'artiste, avec qui il a interagi en reprenant en chœur les refrains de ses chansons, a savouré tous les moments de ce concert haut en couleurs dans la délectation. Issu de l'école andalouse, Karim Bouras s'est formé durant plus de vingt ans dans les classes de quelques uns des grands maîtres à qui il a rendu hommage. Egalement professeur de musique andalouse, il s'est lancé depuis une dizaine d'années dans une carrière de chanteur, fusionnant la musique chaâbi et d'autres styles. Karim Bouras et ses équipes comptent reconduire, une troisième fois, le concert "Oueld E'ttir", un projet hautement professionnel, pour l'enregistrer sur scène en temps réels et le soumettre ensuite au "mastering" qui donnera ainsi naissance au premier opus de l'artiste.