En plus de ses nombreux déboires politiques, l'opposition à Bachar Al Assad vient de subir un nouveau revers militaire sur le terrain, ce qui rend de plus en plus irréalisable son projet de provoquer un changement de régime par la force comme cela s'est fait en Libye. L'armée syrienne a annoncé hier la capture de Khaldiyé, un quartier rebelle clé de Homs, troisième ville de Syrie et un des symboles de la révolte, au terme d'une violente offensive d'un mois, un nouveau succès militaire pour Bachar Al Assad. Il s'agit incontestablement du deuxième succès militaire pour le régime en moins de deux mois. Le 5 juin, l'armée avait pris Qousseir (centre-ouest), ville de la province de Homs tenue par les rebelles pendant un an. La chute de Khaldiyé est un revers pour les rebelles, maîtres du quartier depuis septembre 2011, soit près de deux ans. Leur recul le plus important dans cette ville datait de mars 2012 lorsque l'armée avait repris le contrôle de Baba Amr, un autre quartier symbole de la rébellion. «Effondrement de la citadelle des terroristes à Khaldiyé. On est de plus en plus victorieux», a annoncé vers midi la télévision d'Etat en montrant également des soldats brandissant leurs armes et le drapeau syrien en signe de victoire. Certains scandaient «Par notre âme, par notre sang, nous nous sacrifierons pour toi ô Bachar». L'armée «a écrasé les derniers repaires des terroristes» du quartier, a indiqué de son côté l'agence officielle Sana. La prise de Khaldiyé, un des haut lieux de la rébellion, signifie que le régime n'a plus devant lui que quelques zones rebelles, notamment dans le vieux Homs, avant la chute totale de cette ville du centre du pays. Un officier a ainsi affirmé à la télévision publique que l'armée allait «poursuivre les terroristes dans tous les autres quartiers de Homs». Un contrôle total de Homs permettrait au régime de sécuriser la route allant de Damas vers le littoral et qui traverse Homs. L'armée a bénéficié aussi du soutien du Hezbollah libanais. Discrédité aux yeux de l'opinion publique internationale, les rebelles – qui pourtant bénéficient depuis le début de la révolte du soutien de l'Occident et de milliers de mercenaires wahhabo-takfiristes gracieusement financés par la Turquie, le Qatar et l'Arabie Saoudite – ont, de leur côté, reproché aux pays occidentaux de ne pas leur avoir fourni d'armes pour faire face à la puissance de feu des troupes de Bachar Al Assad et réclament sans cesse les moyens qui leur permettent d'assurer une «légitime défense». Face aux succès de l'armée dans la région de Homs, les rebelles avaient néanmoins avancé au cours des récentes semaines dans le Nord, dans la province d'Alep, où ils ont pris notamment la ville de Khan Al Assal. Mais au regard de la détermination affichée par les troupes restées fidèles à Bachar Al Assad à reconquérir les villes tombées entre les mains des takfiristes, il est peu probable que les rebelles puissent parvenir à conserver les positions acquises récemment. Surtout pas maintenant que la peur a commencé à changer de camp. D'une rare violence, les combats obligent tous les jours à l'exil des centaines de Syriens. Le conflit a déjà fait plus de 100 000 morts, selon l'ONU. Le drame c'est qu'aucune solution politique ne se profile à l'horizon.