Il y a près de 9 mois que la tête d'or, et par ricochet le légendaire buteur des années 60 et 70 du MCO, venait de tirer sa révérence et ce, suite à une brève et courte maladie. L'annonce de son décès créera une onde de choc parmi les amateurs du ballon rond, surtout des nostalgiques de l'épopée dorée du Mouloudia d'Oran qui ratissait large par le biais d'un football haut de gamme ponctué de très jolies facettes et de très belles réalisations qui resteront gravées dans les mémoires des puristes du jeu à onze. Freha était la figure de proue des Hamraouas et à lui seul, il remplissait le chaudron Zabana (stade Municipal puis 19-Juin à cette époque). Sa vélocité, sa vivacité et surtout son sens inné des buts étaient présents à chaque joute, à chaque rencontre, à chaque match et étaient redoutés par la crème des gardiens de but qui savaient presque d'avance qu'ils iront aux pâquerettes avant les matchs les mettant aux prises avec le MCO, malgré leur expérience et leur prestige. Les Abrouk, Nassou, Ouchen, feu Krimo, Zerga, Branci, Ferchichi, Gagaa, Tahir, Hanchi, Kaoua, Aït Mouhoub et tant d'autres furent passés à la moulinette en n'y voyant que du feu par le biais de tirs fulgurants et surtout de heading qui étaient aussi la véritable marque de fabrique de l'enfant terrible d'El Hamri et que la presse d'alors surnomma «Tête d'Or». D'ailleurs, avant de prendre en main le MCO, à l'orée de la saison 70-71, l'entraîneur-joueur de la JS Djijeli, en l'occurrence le Portugais feu Carlos Gomez, dira une phrase prémonitoire qui fera date dans les annales du football algérien : «Donnez-moi Freha et le MCO et je serai champion d'Algérie.» Effectivement, onze mois plus tard, le MCO sera champion d'Algérie pour la première fois de son histoire en accaparant haut la main un sacre mille fois mérité devant la rugueuse équipe du CSC qui ne s'avoua vaincue que lors du dernier coup de rein des Hamraouas qui étaient à cette époque en état de grâce en stoppant net l'hégémonie du grand Chabab de Belcourt, constellé de ses étoiles qui étaient Lalmas, Selmi, Kalem et Achour. Pour couronner ce titre, Freha et son compère de toujours, en l'occurrence Mehdi, termineront meilleurs buteurs de cette édition, ex aequo avec 15 buts chacun. Rappelons aussi que Freha sera auparavant successivement goléador du championnat national en 68 et en 69, toujours avec cette maestria qui laissera ses antagonistes tétanisés avec des buts tout aussi beaux et indélébiles les uns, les autres. Il épatera aussi les puristes de la balle ronde par ses déboules et ses feintes teintées d'un lyrisme à l'état pur. Durant toute sa carrière footballistique, il sera fidèle aux Hamraouas et ce, depuis le premier critérium de l'Algérie post-indépendance (62-63) et ce, jusqu'à la saison 75 -76, année où il quitta le MCO avec le sens du devoir accompli. Une année auparavant ,il s'auréolera de Dame Coupe qui fut aussi la première à être inscrite au palmarès du MCO, en battant en finale un certain MOC achalandé des Hanchi, Fendi, Krokro, Barkat, Gamouh et ce, sur le score de deux buts à zéro et comme d'habitude, c'est Freha qui inscrira le premier but du match avant de servir sur le plateau un caviar à son compère Belkedrouci qui enfoncera le représentant de l'antique Cirta et ce, dans une féerie indescriptible dans un stade du 5-Juillet plein comme un œuf. Pour l'anecdote, lors de la remise de la coupe d'Algérie qui échoira à Kechra en tant que capitaine d'équipe, feu le président Houari Boumediene interpella Freha et lui dira : : «Monsieur Freha, je n'ai pas vu ton but. La tête d'Or, sans se départir de son humeur légendaire, pivota sur elle-même et lança une pirouette vers la corporation de la presse qui était en train d'immortaliser la remise du trophée : «Voyez, le président de la République n'a pas vu mon but, alors que peut voir Hanchi.» En équipe nationale, Freha fera parler de lui lors du match Algérie-FC Santos qui a eu lieu dans l'antre du MCO, c'est-à-dire au 19-Juin. C'était en 1969. Toninho ouvrira les débats avant que Freha remettra les pendules à l'heure par le biais d'un but qui restera inscrit dans les annales de l'EN. Ce but fut relayé par un indescriptible tohubohu des 45 000 spectateurs qui étaient venus voir à l'œuvre Pelé mais, en fin de compte, ce fut Freha qui reçut les honneurs suite à son égalisation face à l'un des meilleurs gardiens de but du monde qui n'était autre que le légendaire Gilmar. Freha avait aussi côtoyé, durant son périple Hamraoui, des générations de joueurs doués, à l'image des Beddiar (son ami de toujours), Hmida, Meguennine, Bouhadji, Hadefi, Bessol, Larbi, Belgot, les frères Naïr, Ounès, Djelly, Kechra, Medjahed, Belkedrouci, Chergui, Chaïb Haddou, Chaïb Brahim, Baroudi, Mehdi, Benmimoun et tant d'autres. Il avait connu aussi les entraîneurs Cheikh Ouadah, Hadj Draoua, Carlos Gomez, Benaïcha Zoubir sans oublier la panoplie des présidents qui se sont succédé à la tête du club comme Fali Kada, Bentabet Boumedienne, Amini Salah. Freha restera à jamais gravé dans les mémoires des amateurs du ballon rond, toutes générations confondues.