Qu'est-ce que le «couchsurfing» ? Ce site web qui regroupe voyageurs des quatre coins du globe connaît un vrai succès en Algérie. Basé sur la solidarité et les rencontres, il révolutionne le voyage en permettant de se faire héberger, presque n'importe où, gratuitement. «Je m'appelle Mohamed, j'ai 23 ans, je suis étudiant en informatique, j'aime voyager, rencontrer d'autres gens et promouvoir les échanges culturels. Je peux héberger jusqu'à trois personnes pendant les week-ends.» C'est le type de profil que l'on peut retrouver sur le site web Couchsurfing. Voyager chez l'habitant pour visiter un pays, le principe est vieux comme le monde, mais depuis quelques années, ce type d'excursion est devenu un phénomène partagé par plus de six millions de personnes et par près de 3000 Algériens et Algériennes. Le site est né en 2004 au Texas, d'un groupe d'amis qui voulaient voyager en Islande. Depuis, l'initiative a fait florès. En mettant en relation hôtes et visiteurs, le réseau social est une gigantesque communauté de personnes qui, tour à tour, voyagent, se font héberger et reçoivent de parfaits inconnus. Esprit Le concept est simple, il suffit de choisir une destination pour voir automatiquement une liste de profils apparaître. A Alger par exemple, près de mille personnes sont répertoriées sur le site. Après avoir expliqué les raisons de son arrivée, il s'agit d'envoyer une demande d'hébergement («couchsurfing request» dans le jargon de la communauté). Bien souvent, la réponse de l'hôte est positive. En éliminant les frais d'hôtel, le site web démocratise l'accès au voyage. Mais au-delà, c'est un véritable état d'esprit qui se dégage de la communauté. Pour Mathieu, inscrit sur le site web depuis 2008, le couchsurfing est bien plus que l‘échange d'un toit ou le prêt d'un canapé : « Au-delà de l'enrichissement culturel et de l'aventure, ce réseau contribue à fomenter une forme de conscience universelle, une citoyenneté mondiale, où les qualités humaines (hospitalité, partage, altruisme...) ont vocation à devenir planétaires.» Ce dernier a d'ailleurs largement bénéficié du site web en se rendant jusqu'en Inde depuis la France et en se faisant héberger tout au long du chemin : «Je suis resté deux semaines (alors que j'avais demandé trois jours) chez un couple au Kirghizstan qui voulait me faire rester dans le pays et devenir le parrain de leur futur enfant. A peine arrivé, ces derniers m'ont demandé ce que j'avais programmé pour mon week-end. Comme à l'accoutumée, je n'avais rien prévu et c'est alors qu'ils m'ont convié à un mariage de leurs amis et que j'ai ainsi passé un week-end à festoyer parmi les célébrations traditionnelles, et à revenir couvert de cadeaux de bienvenue.» D'autres utilisent le site davantage pour recevoir plutôt que pour voyager et c'est souvent une autre manière de découvrir le monde. Sécurité Lamine réside à Guémar, dans la wilaya d'El Oued. A 61 ans, fraîchement retraité, il a pris pour habitude d'ouvrir ses portes aux étrangers et de les accueillir dans une chambre d'amis. «Cette année, j'ai eu neuf expériences de couchsurfing, déclare-t-il. J'ai même reçu chez moi deux Polonaises avec qui on ne se comprenait pas. Malgré tout, à chaque fois, les expériences ont été positives.» Comment garantir la sécurité avec un si grand nombre d'utilisateurs ? Le système est basé sur la confiance et sur les appréciations des hôtes. Comme pour un site d'achat en ligne, les expériences couchsurfing peuvent être évaluées. Il n'y a pas de note, mais les voyageurs laissent généralement sur le profil de leur hôte un message visible par tous les utilisateurs pour décrire la nature de l'expérience qu'ils ont eue et la qualifier de «neutre, positive ou négative». Certaines fonctions permettent aussi de trier les profils par sexe, et même par centre d'intérêt. Pour René, journaliste québécois en vacances en Algérie, le site est un moyen d'être en contact avec des journalistes étrangers. «A Montréal, vu que je suis très pris par mon travail, je suis obligé de refuser la plupart des demandes d'hébergement que je reçois. Par contre je m'arrange toujours pour être disponible lorsqu'il s'agit de journalistes de passage avec qui je peux échanger des expériences et discuter de l'état de la presse dans le monde.» «A Alger, ajoute-t-il, le couchsurfing m'a surtout permis de faire des rencontres à travers les visites organisées par les membres actifs de couchsurfing.» Il y en a pour tous les goûts. Mourad, modérateur du groupe couchsurfing Algérie, joue souvent le rôle d'organisateur d'événements dans la communauté des couchsurfers à Alger. Pour lui, l'expérience ne s'arrête pas à l'hébergement. «Pendant trois jours à Alger, nous avons organisé une série d'activités pour que des couchsurfers d'Algérie et d'ailleurs se retrouvent. Il y a donc eu une journée à la plage avec un pique-nique et un barbecue le soir. Le lendemain, on a organisé deux visites de la ville avec un passage par Notre-Dame d'Afrique et le musée du Bardot. Puis, le dernier jour, il y avait une visite de La Casbah avec une guide professionnelle. Cela a permis de fédérer les couchsurfers de toute l'Algérie.»