Le ministre de la pêche était venu s'enquérir, jeudi dernier, à Sidi Bel Abbès, sur l'état des travaux de conception de photo-bioréacteurs et de production de biomasse à partir de micro-algues à l'unité aquacole des sociétés Hasnaoui. Le ministre de la Pêche et des Ressources halieutiques, M. Sid Ahmed Ferroukhi, s'est rendu jeudi à l'unité aquacole du groupe des sociétés Hasnaoui à Beloualadi, dans la wilaya de Sidi Bel Abbès, où, depuis une année et demie, sont menés des travaux de conception de photo-bioréacteurs et de production de biomasse à partir de micro-algues. Ces travaux expérimentaux sont développés par Partisano Biotech Algérie (PBA), une société mixte créée à parts égales entre deux industriels algériens, Hasnaoui Brahim et Dennouni Sid Ahmed d'une part, et Gomis Cristian, chercheur et entrepreneur espagnol. L'usine pilote dirigée par M. Gomis, directeur scientifique et détenteur de brevets de développement de micro-algues, mène ses recherches en collaboration avec le laboratoire Pabionut de l'université de Tlemcen et le laboratoire Aquabior de l'université d'Oran. Selon ses concepteurs, cette unité devrait s'atteler, dans l'immédiat, à produire de la biomasse micro-algue de valeur énergétique et nutritionnelle élevée. «Le produit intervient directement dans la production de compléments alimentaires de haute valeur calorifique et nutritionnelle, et de tourteaux pour l'aliment de bétail», explique-on. Le second objectif consiste, ajoute-t-on, à produire de l'artémia salina, élément indispensable au développement de l'aquaculture. Il est important de savoir qu'actuellement l'aquaculture en Algérie «est freinée du fait de l'absence locale d'alevins et d'aliments propres qui subissent les aléas de l'importation», selon les responsables de PBA. Ces deniers ne manquent pas de souligner que la production propre de l'artémia et autres aliments microscopiques d'origine zoologique contribuera, in fine, à assurer une autonomie en matière de développement national de l'aquaculture. Concernant l'aliment de bétail, la biomasse micro-algue obtenue peut ainsi se substituer totalement aux céréales importées pour les besoins de la production d'aliments de bétail. Il est à préciser que la biomasse micro-algue se caractérise par une valeur énergétique supérieure à 600 calories au gramme et est également riche en protéines, en aminoacides, en vitamines et micro-éléments essentiels et nécessaires au développement humain et animal. Une écloserie fonctionnelle La filiale, à travers son laboratoire et l'installation d'une première ligne de photo bioréacteurs fonctionnant sous serres, envisage d'entamer la phase production d'ici une année, annoncera M. Hasnaoui. «Une fois le process industriel maîtrisé, l'unité sera en mesure de lancer un certain nombre d'applications», a-t-il ajouté, tout en sensibilisant le ministre de la Pêche sur la nécessité d'accompagner cette expérience, première du genre en Algérie, par les pouvoirs publics. Auparavant, le ministre s'est rendu sur le site du barrage de Tabia où il s'est enquis du fonctionnement de l'écloserie mobile d'alevins d'eau douce. La mise en production de cette infrastructure, qui s'étend sur 6 hectares, a connu un premier échec en 2010 suite à son implantation dans la région de Marhoum, suscitant une vive polémique sur l'opportunité de ce projet budgétivore ayant englouti plusieurs milliards de centimes sans résultats probants. Transféré en février 2012 de la localité agropastorale de Marhoum vers celle de Tabia, l'écloserie a connu de nouveaux aléas, d'ordre administratif surtout, avant de se lancer dans la production d'alevins. Au niveau du site de Tabia, le ministre de la Pêche a mis l'accent sur la nécessité d'exploiter rationnellement les potentialités aquacoles dont dispose la wilaya. Il a rappelé, à cet égard, que le rapport final du schéma national d'aquaculture (SNA) ainsi que celui du développement des activités de pêche et de l'aquaculture ont identifié huit sites favorables à la réalisation de projets de pisciculture d'eau douce à Sidi Bel Abbès, dont 7 sites pour la pisciculture intensive et un autre pour la pisciculture ornementale. Concernant l'impact de ce projet, il est prévu, selon les responsables du secteur de la pêche, d'atteindre une capacité de production de 40 millions de larves par an, soit 15 millions de poissons d'eau douce destinés à l'approvisionnement de tous les plans d'eau de la région Ouest et Sud-ouest du pays. Il y a lieu de préciser que cette unité devait notamment produire, à son achèvement, des alevins du poisson-chat africain. L'écloserie mobile comprendra une chambre de conservation, des auges d'élevage, des incubateurs de poissons, des équipements d'alimentation ainsi que des bassins réservés au pré-grossissement d'alevins destinés tant à l'ensemencement des différents plans d'eau qu'à l'approvisionnement des éleveurs potentiels. Ce projet devrait encourager, selon M. Ferroukhi, les efforts du secteur visant à développer l'aquaculture pour pallier l'insuffisance des produits de pêche.