Inventive et créative à la fois, Hania Zazou, alias princesse Zazou, ne cesse de faire parler d'elle ces derniers temps. Elle semble avoir déjà eu mille vies. Itinéraire de cette jeune et talentueuse styliste et designer. - Diplômée de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger et d'Aix-en-Provence, vous avez pourtant investi depuis peu l'univers de la mode.
Je suis, en effet, diplômée en design (major de ma promotion) de l'Ecole supérieure des beaux-arts d'Alger en 2000, de l'Ecole supérieure d'art d'Aix-en- Provence en 2003. Ce qui en soi me permet d'avoir un éventail d'investigations assez large et diversifié, qui va de l'art au design… Mais ce qui me nourrit au quotidien, en plus de mes études, mes lectures et mes voyages, ce sont les rencontres et les échanges avec les gens de tous bords que je rencontre au gré des voyages sur d'autres continents ou tout simplement au bout de ma rue.
- Qu'est-ce qui vous plaît dans le métier de styliste ?
Le stylisme est pour moi un médium de création comme un autre, mais que j'affectionne tout particulièrement parce qu'il peut nous accompagner au quotidien. Nul besoin de l'accrocher au mur. Pour mon processus de création, mon esprit est toujours ouvert et assoiffé de saisir, de comprendre. J'essaie d'aiguiser mon regard et de ne pas céder à la facilité du convenu ou du plaisant. Du coup, pour moi, le stylisme est un des mediums possibles pour exprimer une création artistique. C'est du design, puisqu'il se doit d'être avant tout fonctionnel et s'adapter à l'architecture mobile du corps humain. Ce corps qui devient support de création artistique finalement. Le vêtement a cela de commun qu'il nous concerne tous et lorsque je cherche à m'habiller «algérien» je me retrouve souvent face à de talentueux stylistes qui proposent «essentiellement» des costumes de fêtes ou d'apparat, qui sont fabuleux pour certains, mais lorsque je veux m'habiller au quotidien de façon cohérente avec la femme que je suis, très inspirée par l'Afrique, le Maghreb, une femme moderne qui envisage la vie de façon design, pratique et confortable, cette femme n'a pas trouvé de réponse vestimentaire à Alger… C'est donc tout naturellement que j'ai imaginé la collection urbaine, chic et confortable avec des connotations africaines, maghrébines et occidentales. Une collection avec quelques pointes d'excentricité dans le choix des couleurs et des matières, mais une collection qui n'avait pas d'autre ambition que de répondre à mes exigences et envies personnelles. Il se trouve, pour mon plus grand bonheur, que beaucoup de femmes algériennes et européennes ont cédé à cette tentation de la collection «Baptême», by Princesse Zazou. Mieux encore, j'ai eu des échos de jeunes hommes qui m'ont confié qu'ils verraient bien leurs amies et sœurs habillées de la sorte dans les rues d'Alger ou d'ailleurs.
- Quel est l'univers de vos collections? Vous avez, d'ailleurs, présenté en juin dernier, à Lyon et à Alger, votre collection au style urbain et chic à la fois …
C'est en effet à Lyon puis à Alger que j'ai présenté ma collection «Baptême», lors de l'événement «Lumiére & Liberté/Créateurs des 2 Rives». Le défilé en question, initié par l'association France/Algérie Rhône-Alpes, a réuni des stylistes et designers d'Algérie et de France. Cette première collection est donc dotée de lignes hybrides et métissées entre consonances africaine, maghrébine et occidentale, parée de tissus improbables, notamment certains tissus d'ameublement (ce qui est peu banal en soi) et d'un tissu d'une usine algérienne qui a fermé. Une certaine manière de faire un petit clin d'œil à l'industrie algérienne que je souhaiterais avoir comme partenaire privilégiée. Je m'amuse avec ce type de détournements, inversement, en créant du «Mobilier couture rokk'art», des pièces uniques avec des broderies spécifiques signées Princesse Zazou et des soieries que l'on destine usuellement aux costumes de fêtes.
- Est-il facile de concilier plusieurs passions à la fois ?
En fait, je ne concilie pas plusieurs passions, puisque je ne suis animée que par la création. C'est juste que je ne m'interdis aucun médium pour y arriver. L'idée est de rendre possible la cohabitation entre art,vidéo, design, fashion design, illustration et, du coup, faire se rencontrer des amateurs d'univers tout aussi différents en espérant créer une synergie, une émulation positive et l'envie de faire encore, pour exister.
- Dans votre métier, quels créateurs vous ont le plus influencée ?
Les inspirations sont vraiment très diverses, mais elles viennent aussi de la simple méditation et contemplation du quotidien, des choses simples et de l'analyse des gestes simples, habituels. L'humour, la dérision ou même la déraison sont autant d'ingrédients indispensables à mon processus de création.
- Concrètement, comment vous définiriez-vous ?
Je ne me sens pas à l'aise confinée dans des cases, une désignation ou un titre, mais si je dois me présenter, je consens à me définir comme : créatrice d'objets oniriques. Par «objet», j'entends des créations qui peuvent aller de la pièce d'art, d'illustration, de la vidéo, du mobilier ou de la création de vêtement.
- Avez-vous des projets ?
L'ouverture imminente d'une enseigne Brokk'Art Concept store à Alger qui sera la cristallisation de l'expression de création d'objets oniriques, des expositions Art& Design, des rencontres, des productions art design, du mobilier «pièces uniques», des illustrations sur divers supports, des vêtements en série ultra limités… et des surprises, plus d'info sur www.brokk-art.com ou sur la page FB de BROKK'ART.