En dépit d'une journée caniculaire de ce mois de Ramadhan, on pouvait lire sur le visage de Mohamed Ghafir (79 ans) (Moh Clichy, ndlr) tout le bonheur d'un authentique patriote algérien natif de Guenzet (Sétif), à l'issue de l'accomplissement de son devoir de travail de mémoire qui aura duré 50 ans, après la publication de la 3e édition de son œuvre, Droit d'évocation et de souvenance sur le 17 octobre 1961, superbement enrichie, mais surtout réactualisée. C'est un livre truffé de témoignages émouvants et surprenants pour les curieux, de documents et de photos inédits qui constituera un gisement tant attendu pour les chercheurs et les historiens. L'auteur s'est attelé à coller les fragments «douloureux» de cet événement historique afin d'éclairer modestement une partie du combat mené par le peuple algérien au-delà des frontières de l'Algérie, précisément sur le rôle des émigrés algériens et aussi les amis français qui avaient adhéré à la cause nationale dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. L'auteur persiste à présenter le portrait sur la couverture de son livre de la collégienne martyre, Fatima Bedar, âgée de 15 ans, manifestante pacifique en cette nuit du 17 octobre 1961 et que son cadavre avait été repêché dans le canal de Saint-Denis le 31 octobre 1961. Le rapatriement de son corps avait eu lieu le 16 octobre 2006, et enterré le 17 octobre 2006 au cimetière de Tichy (Béjaïa). L'auteur rappelle volontairement le rôle de la jeune fille algérienne dans la lutte pour l'indépendance de l'Algérie. La consécration de cinq décennies de patience, de travail, de sacrifice, s'est illustrée d'abord par la reconnaissance de l'ex-premier secrétaire du PS français et actuel président de la France, François Hollande, ensuite par la proposition et l'adoption de 2 lois par le Sénat français dont l'une est relative sur la reconnaissance de la répression du 17 octobre 1961 à Paris, et enfin par la décision de la municipalité de Saint-Denis de baptiser un jardin public au nom de Fatima Bedar avant que tout ne soit conclu par la dernière visite en mai dernier du maire de Clichy, Gilles Gatoire, en présence de l'auteur. C'est tout un symbole. Même si le moudjahid Mohamed Ghafir aura oublié certains détails importants dans son témoignage, l'historien Jean-Luc Ennaudi lui avait remis une copie de cette lettre écrite par l'auteur lui-même le 9 novembre 1958 qu'il avait adressée à Michel Debré, ministre français de la Justice à l'époque, afin de lui rappeler que ses amis et lui emprisonnés à Fresnes (Paris) allaient entamer une grève de la faim de solidarité avec les membres du GPRA (Bitat, Boudiaf, Ait-Ahmed, Khider, Ben Bella) détenus dans de mauvaises conditions à la prison de la Santé. L'autre fait indélébile pour l'auteur, c'est la mort de sa mère sans qu'il le sache, alors qu'il se trouvait en prison.