La facture alimentaire pourrait atteindre 12 milliards de dollars cette année. Un échec de la politique agricole du pays. Les importations de produits alimentaires battent des records. La tendance s'installe résolument dans la durée. En dépit des programmes dont a bénéficié le secteur de l'agriculture ces dix dernières années, la courbe des importations n'a pas rompu avec les tendances haussières. Les experts redoutent que l'on ne puisse garantir la sécurité alimentaire du pays, un objectif que l'on ne cesse pourtant de chanter à toutes les occasions. «L'Algérie, non seulement peine à assurer sa sécurité alimentaire, mais souffre d'un déficit de l'ordre de 75% quant à la disponibilité des produits de large consommation qu'elle compense avec l'importation. Mais ce qui inquiète surtout, c'est cette hausse effrénée des importations qui continue de progresser avec, au tableau, plus de 50% enregistrés chaque année», nous dira Akli Moussouni, expert en développement et ingénieur en agronomie (voir l'entretien). D'après ses prévisions, la facture alimentaire risque d'atteindre près de 12 milliards de dollars en 2013, et ce, malgré les différents programmes nationaux de développement de l'agriculture misen œuvre depuis une dizaine d'années déjà. Akli Moussouni relève que l'Algérie est l'un des plus gros importateurs d'eau virtuelle (plus de 15 milliards de m3/an), dont les produits agricoles détiennent, assurément, la part la plus importante, compte tenu de leur nature de grands consommateurs d'eau. Il est aisé d'en déduire donc que ce secteur, de par son retard et sa faiblesse, a entraîné dans sa dérive le secteur de l'industrie agroalimentaire (IAA). Pour Akli Moussouni, il s'agit sans l'ombre d'un doute «d'un échec économique de grande envergure qui a mis à mal notre pays par rapport à sa trésorerie et qui a lézardé, par là même, le processus d'adhésion de l'Algérie à l'OMC». Les chiffres quant au poids de la production nationale témoignent de la faiblesse des rendements (15 quintaux de blé à l'hectare contre 80 quintaux dans d'autres pays en moyenne et 10 litres de lait par vache contre 50 sous d'autres cieux). L'agriculture algérienne, à l'image de l'économie dans sa globalité, est peu diversifiée, de qualité pauvre, en déficit de standardisation. En l' absence de régulation des prix sur les marchés, la situation se matérialise par l'inflation rampante qui touche essentiellement les produits agricoles et l'érosion du pouvoir d'achat des Algériens malgré le soutien de l'Etat aussi bien aux intrants qu'aux productions finales (lait, céréales, tomates, pomme de terre…). L'inadéquation et l'inefficacité des politiques agricoles sont venues compliquer davantage l'équation. Akli Moussouni estime que le gouvernement «avait mis à l'épreuve davantage un secteur agricole fragilisé par une économie planifiée», loin des standards mondialement connus. Pis encore, Akli Moussouni a affirmé que d'autres erreurs aussi monumentales sont venues compliquer davantage la situation en mettant en place les dispositifs PNDA, PNDIA, contrat de performance et renouveau rural, qui de par leur nature simpliste, qui, à travers des agrégats dispersés, ne peuvent inscrire l'agriculture dans une logique de développement durable et normalisé.