La marche organisée hier par la société civile contre le terrorisme dans la ville d'Azeffoun, à 60 km au nord-est de Tizi Ouzou, a drainé des milliers de personnes venues essentiellement des villages des quatre communes de la daïra (Azeffoun, Aït Chaffaâ, Akerou et Aghribs). Cette action a, faut-il le rappeler, été initiée au lendemain de l'attentat terroriste qui a coûté la vie à trois policiers dans cette localité. La procession s'est ébranlée à 10h, devant la mairie, mais des citoyens continuaient à rejoindre la foule au fur à mesure que la marche avançait dans un climat pacifique. Les marcheurs ont marqué une halte devant la maison de l'une des victimes pour observer une minute de silence. «C'est ici qu'habitait Ramdane, un homme très populaire et estimé par tous les citoyens de la région. Je garde toujours son image quand il sortait, chaque soir, avec ses deux fillettes dans le quartier. C'est vraiment très triste», nous raconte un jeune fonctionnaire d'Azeffoun. Il parle de Ramdane Hamadou (originaire d'Aït Oumalou, daïra de Tizi Rached). Des membres de la famille et des citoyens de la commune de ce policier, tué mardi, ont pris part à la marche. Celle-ci s'est poursuivie ensuite jusqu'à la route principale de la ville avant d'amorcer sa dernière ligne droite. Des banderoles sur lesquelles on pouvait lire, entre autres, «Halte au terrorisme» et «Oui à la vigilance citoyenne» étaient déployées par les manifestants. Au devant de la foule, nous avons également remarqué des marcheurs brandissant des portraits des victimes de l'attaque terroriste de mardi dernier. La marche s'est arrêtée devant l'entrée principale de la daïra où des citoyens ont pris la parole pour dénoncer le terrorisme et condamner les attentats ayant ciblé leurs localités. L'un des initiateurs de cette action rappelle que «trois policiers, pères de famille, ont été les cibles d'un attentat terroriste à la veille de la fête sacrée de l'Aïd. Cet acte odieux, lâche, qui a coûté la vie à des fonctionnaires dans l'exercice de leur métier, l'accomplissement de leur mission, nous rappelle que le terrorisme islamiste sévit encore dans notre région d'une manière singulière et inquiétante», avant d'ajouter : «Nous sommes mobilisés, aujourd'hui, pour condamner et dénoncer de la manière la plus forte cet acte criminel.» «Ce temps de recueillement doit être aussi celui d'une grande vigilance quant à une politique du pouvoir qui a produit de la démobilisation un synonyme de compromission», lit-on dans la déclaration des citoyens d'Azeffoun, qui précise aussi que l'imposante marche d'hier contre le terrorisme «porte un message d'honneur et de dignité». Elle est aussi, selon le même document, la voix citoyenne qui interpelle le pouvoir. Le même texte rappelle que «la région, qui était le berceau de la résistance citoyenne aux pires moments de la sauvagerie intégriste, ne peut se résigner au silence devant une telle barbarie». Après la lecture de cette déclaration, nous avons rencontré dans la foule Khaled Boutaba, président de l'Organisation des victimes de terrorisme de la wilaya de Tizi Ouzou, qui a condamné l'attentat de mardi dernier. «Nous interpellons le pouvoir, notamment le président de la République, à réagir à ces actes terroristes qui touchent particulièrement notre région», a-t-il déclaré. Nous avons remarqué également parmi les présents des élus locaux des quatre communes de la daïra d'Azeffoun ainsi qu'une délégation de membres de l'APW et des parlementaires du FLN. «Nous sommes aujourd'hui ici pour exprimer notre consternation devant l'ignoble attentat qui a ciblé des éléments des services de sécurité. Nous présentons nos condoléances aux familles des victimes, comme nous réaffirmons notre soutien indéfectible aux services de sécurité dans la lutte antiterroriste. Le citoyen doit rester vigilant afin de déjouer les plans machiavéliques des terroristes», nous a confié le député Saïd Lakhdari. Après les prises de parole, les marcheurs se sont dispersés dans le calme. La grève générale initiée comme action d'accompagnement à la marche a été largement suivie ; tous les commençants ont baissé rideau en signe de soutien à cette action. Même les institutions publiques ont été paralysées durant toute la matinée d'hier. Les initiateurs de la marche ont réussi leur action pour dire : «Non à l'intégrisme, non à l'impunité et oui à la vigilance citoyenne.»