Londres et Madrid se sont mutuellement menacés, hier, de poursuites à propos du territoire de Gibraltar, objet d'un récent regain de tensions diplomatiques et où une frégate britannique doit faire escale dans le cadre de manœuvres militaires. Le ton est encore monté hier, quand un porte-parole du Premier ministre David Cameron a affirmé que Londres réfléchissait à un «recours d'ordre juridique» pour contester les contrôles aux «motivations politiques et totalement disproportionnés» effectués à la frontière de Gibraltar par la police espagnole. David Cameron, qui avait appelé la semaine dernière son homologue Mariano Rajoy pour l'avertir d'un «risque réel» de dégradation des relations bilatérales à propos de Gibraltar, est «clairement déçu par le fait que l'Espagne n'a pas mis fin ce week-end aux contrôles supplémentaires», a indiqué Downing Street. «Nous sommes maintenant en train d'examiner les recours d'ordre juridique à notre disposition», a dit le porte-parole. «Ce serait une démarche sans précédent, donc nous voulons l'examiner avec attention avant de prendre la décision d'engager des poursuites», a-t-il ajouté, sans préciser quelle serait l'instance choisie pour une telle action. Afin de tenter de calmer la situation, la Commission européenne avait proposé, la semaine dernière, de dépêcher en septembre ou en octobre un groupe d'experts à la frontière pour vérifier si les contrôles n'étaient pas disproportionnés. Mais le ministère espagnol des Affaires étrangères a répondu, hier, que Madrid ne «renoncerait pas» à ces contrôles, soulignant qu'ils étaient obligatoires étant donné que Gibraltar, comme le Royaume-Uni, n'appartient pas à l'espace Schengen. L'Espagne a de son côté annoncé étudier la possibilité de porter le contentieux sur Gibraltar devant les Nations unies ou la Cour internationale de justice de La Haye, sur des points de souveraineté concernant l'enclave rocheuse. Le ministère espagnol a indiqué que Madrid envisageait également de faire front commun devant les instances internationales.