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A la faveur de l'amélioration de sa situation financière
L'Algérie se soulage du fardeau de la dette
Publié dans El Watan le 15 - 05 - 2006

Les représentants des pays créanciers du Club de Paris et la délégation algérienne conduite par le ministre des Finances, Mourad Medelci, réunis à Paris les 10 et 11 mai 2006 ont convenu d'un accord multilatéral en vue d'un remboursement par anticipation de la dette algérienne rééchelonnée en 1994 et 1995.
Les opérations de remboursement anticipé se dérouleront, selon le communiqué de Club de Paris, " sur une base volontaire, entre le 31 mai 2006 et le 30 novembre 2006, après signature d'accords bilatéraux ". La dette due par l'Algérie aux créanciers du Club de Paris et éligible au remboursement anticipé se monte à 7,9 milliards US$ qui devaient, en vertu des accords de rééchelonnement de 1994 et 1995, être remboursés entre le 30 novembre 2006 et le 30 novembre 2011. La hausse du baril de pétrole aidant, le gouvernement algérien prône désormais une politique de désendettement, marquée par un coup d'arrêt donné à la contraction de nouveaux emprunts et le payement par anticipation de la dette ramenée à 15,5 milliards de dollars, environ, à la fin du mois de février dernier, selon les chiffres communiqués par le Chef du Gouvernement Ahmed Ouyahia. Une dette qui était de 21,4 milliards de dollars au 31 décembre 2004. Entamé en 2004, le paiement par anticipation de la dette a concerné le paiement d'une douzaine de crédits contractés auprès de la Banque Africaine de Développement (BAD) et quelques 22 crédits contractés auprès de la Banque mondiale (BM) pour un montant de 652 millions de dollars. Le ministre des finances a déclaré à ce propos à l'APS, que " le stock de la dette devrait à très court terme atteindre un seuil où il restera inférieur à 10 pour cent de nos réserves de changes ". Après effacement de la dette russe, suite à la visite du président Poutine à Alger, une demande au Club de Londres sur une dette commerciale de 1 milliards de dollars sera engagée avant la fin de l'année par le Gouvernement, selon le grand argentier du pays, pour qui les paiements effectués par anticipation de la dette ont permis à l'Algérie d'économiser entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Un gain provenant des économies réalisées sur le paiement des intérêts, des commissions et autres charges financières rattachées à tout crédit. Entre 1985 et 2005, le pays aura versé un total de 117,9 milliards de dollars dont près de 34 milliards de dollars au titre d'intérêts. C'est dire que le pays, traîne tel un boulet cette dette qui annihile tous les efforts de développement. Dans un rapport consacré à la dette algérienne , le Conseil économique et social (CNES) avait estimé que " c'est un véritable hold-up sur les capacités et les ressources de l'Algérie qui découle de la dette ".
Les années 70, phase d'accumulation de la dette
Selon le rapport du CNES, il apparaît qu'au temps de la gestion socialiste, l'Algérie ne comptait comme endettement extérieur dans les années soixante que les crédits de l'Organisme français de coopération industrielle (O.C.I). Au début des années soixante-dix, des prêts de certains pays de l'Est qui partageaient la ligne socialisante du gouvernement algérien ainsi qu'un prêt du Fonds koweïtien de développement économique constituaient l'essentiel de la dette. Les financements étaient de nature strictement commerciale et provenaient de pays fournisseurs d'équipements et services dans le cadre de projets industriels. En 1971, selon le même rapport, le stock de la dette extérieure était de 3,335 milliards de dollars (mds). Le premier emprunt sur le marché international des capitaux est intervenu en 1974. Le recours à la mobilisation de crédits extérieurs après le premier choc pétrolier avait connu une augmentation sensible dans les années suivantes pour les besoins des différents investissements engagés par l'Etat algérien dans sa politique d'industrialisation. Le stock de la dette avait atteint en 1976 les 9,5 mds. Selon le rapport du CNES, le recours aux financements extérieurs avait connu une croissance de près d'un milliard de dollars en 1977 et de près de deux milliards en 1978, année qui a vu le lancement du Plan VALHYD (valorisation des hydrocarbures) qui prévoyait l'intensification des exportations d'hydrocarbures, en particulier du gaz naturel. C'était la phase d'accumulation de la dette qui a atteint 15 mds en 1978 et 19 mds en 1979. Le deuxième choc pétrolier, note le rapport, accentue fortement l'augmentation des recettes extérieures en 1980, mais le pays mobilise encore 3,4 milliards de dollars. La réalisation d'installations dans le secteur des hydrocarbures lui en fournit l'opportunité. Ce n'est donc pas par besoin que sont mobilisés de tels niveaux de financements extérieurs : le surcroît de crédits extérieurs en 1978 se retrouve intégralement dans le niveau des réserves de changes. Le pays engrange en 1980 et 1981 des réserves de changes plus importantes que les financements qu'il mobilise alors, conclut-il. Le rapport estime que la baisse des prix du brut avait fait perdre au pays quelque 4,8 milliards de dollars sur la période. Par ailleurs, la ponction au titre des intérêts se situait au niveau de 10 à 11% des recettes à l'exportation de 1979 à 1985, hormis 1981 où elle avoisinait 9%. Le CNES a estimé que durant cette période les pays développés n'ont pas aidé l'Algérie qui avait subi de plein fouet l'instabilité des prix des hydrocarbures et celle des taux d'intérêt.
Du reprofilage au réechelonnement
En 1986, les réserves de changes étaient de plus d'un milliard de dollars. Le stock de la dette extérieure avait augmenté en deux années seulement (1984 à 1986) de 7 milliards de dollars. C'était la période où le dollar avait perdu près de la moitié de son pouvoir d'achat. De fait de la réticence des banques internationales à accorder des prêts libres, indique le rapport, le gouvernement algérien avait alors eu recours à des financements dont la durée n'excédait pas les 18 mois et ce, afin d'importer des biens d'équipement, des produits finis et ceux de large consommation. De 1986 à 1989, les recettes d'exportation fluctuent entre 8,5 et 10,5 milliards de dollars après avoir dépassé 15 milliards en 1981 et 14,7 en 1985. Le recours aux crédits extérieurs s'est intensifié, comme il s'est accompagné depuis 1988 de l'accélération des remboursements en principal. Le CNES note à ce propos que la volonté de faire figure de bon payeur a été chèrement payé par le pays. En effet, les crédits à court terme mobilisés en 1986 sont remboursables dès 1988 ; ceux mobilisés en 1987 le sont dès 1989. Le pays accumule alors des dettes : le stock de dette extérieure augmente de plus de 10 milliards de dollars entre 1985 et 1989 ; il passe de 18,4 à 28,6 milliards de dollars, et le service de la dette augmente encore plus vite que son stock. La trappe de la dette se referme alors sur l'Algérie. Son poids asphyxie le pays qui doit consacrer en 1991 près de 21% du PNB au service de la dette. Le pays n'arrive plus a assurer sa liquidité extérieure. Le gouvernement Hamrouche refuse le recours au rééchelonnement de la dette et demande, d'un côté, à l'Italie et, de l'autre, au Crédit Lyonnais le reprofilage d'un montant total de dettes de 2,352 milliards de dollars. Pour le CNES, en dépit de cette double démarche les recettes nettes de remboursement en principal ne sont guère supérieures à un milliard de dollars en 1993, le service de la dette représentant cette année-là encore 18,9% de son PNB. La diminution du stock de dette en 1992 par rapport à 1991 s'explique en totalité par l'effet taux de change du dollar.
1994 : l'année du rééchelonnement
Le rééchelonnement est intervenu suite à un programme dit d'ajustement structurel conçu en accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et qui doit être mis sous sa surveillance. C'est la solution monétaire qui est engagée et consistant principalement dans la réalisation de l'équilibre de la balance des paiements à moyen terme. Les créanciers sont alors rassurés quant au paiement de leur dû sur la base du nouveau calendrier décidé par le Club de Paris pour les créances publiques et le Club de Londres pour les créances non garanties des banques commerciales. Le pays n'accède aux crédits multilatéraux que moyennant des conditionnalités croisées et les rares financements bilatéraux sont soumis à de sérieux aléas politiques. Le report d'échéances en principal et de certains intérêts entraîne évidemment le gonflement du stock de la dette. L'amortissement en principal est déjà de 2,3 milliards de dollars. Le flux net en principal est, cette année-là, de 0,3 milliard de dollars. Les recettes nettes du service de la dette n'ont cessé d'augmenter pour atteindre 9,5 milliards de dollars en 1997. Depuis, une tendance à la baisse de l'endettement été amorcée pour se poursuivre en 1998 jusqu'en 2001. Une stabilisation a été observée en 2002 et légère augmentation en 2003 en ce qui concerne l'encours de la dette à long et moyen terme. La dette extérieure de l'Algérie a diminué de 6 milliards de dollars en 14 mois s'établissant à 15,5 milliards de dollars à fin février 2006, contre 21,4 milliards de dollars à fin 2004 et 23 milliards de dollars en 2003.
Le Club de Paris est un groupe informel de gouvernements créanciers des pays industrialisés. Il se réunit mensuellement à Paris avec des pays débiteurs afin de convenir avec eux d'une restructuration de leur dette. Les membres du Club de Paris qui sont créanciers de l'Algérie sont l'Allemagne, l'Autriche, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, les Etats-Unis d'Amérique, la Finlande, la France, l'Italie, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume Uni, la Suède et la Suisse. la première réunion du Club de Paris s'est tenue pour la première fois en 1956.


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