Les représentants des pays créanciers du Club de Paris, club informel qui gère la dette publique, ont accepté, tard dans la nuit de mercredi à jeudi derniers, la proposition algérienne de rembourser par anticipation près de 8 milliards de dollars au titre de sa dette publique rééchelonnée en 1994 et 1995. « Le principe du remboursement anticipé au pair et proposé à tous les créanciers du Club de Paris a été accepté. Les opérations de remboursement anticipé se dérouleront, sur une base volontaire, entre le 31 mai 2006 et le 30 novembre 2006, après signature d'accords bilatéraux », souligne le Club de Paris dans un communiqué final rendu public jeudi dernier. La délégation algérienne conduite par le ministre des Finances, Mourad Medelci, accompagné du gouverneur de la Banque d'Algérie, a réussi ainsi à convaincre les représentants des pays créanciers de l'éligibilité de la dette algérienne au remboursement anticipé. Cette dernière, s'élevant à 7,9 milliards de dollars sur un stock de 15 milliards, « devait, en vertu des accords de rééchelonnement de 1994 et 1995, être remboursée entre le 30 novembre 2006 et le 30 novembre 2011 ». Le feu vert accordé par le Club de Paris permet maintenant à l'Algérie de rembourser au cas par cas cette dette et de signer des accords bilatéraux avec chaque pays créancier. Il s'agit en l'occurrence de l'Allemagne, l'Autriche, les Etats-Unis, la Belgique, le Canada, le Danemark, l'Espagne, la Finlande, la France, le Japon, la Norvège, les Pays-Bas, le Royaume-Uni et la Suisse. Selon M. Medelci, l'accord multilatéral signé avec le Club de Paris stipule que tous les pays créanciers concernés du Club de Paris doivent « afficher avant le 15 juin 2006 leur intention et des propositions concrètes de signature de l'accord bilatéral ». Mais beaucoup de pays « n'attendront pas le 15 juin pour le faire », a poursuivi le ministre des Finances, ajoutant que « les gros porteurs (plus importants créanciers) sont particulièrement désireux de conclure ces accords bilatéraux ». Il a expliqué en outre aux représentants des pays créanciers l'importance de la politique de désendettement que l'Algérie a déployée, tout en mettant en exergue le respect scrupuleux qu'elle a observé vis-à-vis « des engagements financiers auxquels elle avait souscrits ». Pour sa part, le président du Club de Paris, Xavier Musca, a exprimé « la volonté de la communauté internationale de soutenir l'Algérie qui a souhaité parachever son évolution économique et financière ». Il a indiqué que « l'Algérie, qui a rééchelonné sa dette il y a 12 ans du fait des difficultés qu'elle trouvait à l'époque, revient aujourd'hui dans de meilleures conditions car elle a entre temps suivi une politique de réformes courageuse et a su mieux utiliser la balance des paiements que cette politique lui procurait ». « La communauté internationale des créanciers a repris confiance en l'Algérie », a-t-il poursuivi, estimant que ce remboursement anticipé de la dette rééchelonnée renforcera sa politique économique et financière et lui « permettra la meilleure utilisation possible des fonds dont elle dispose ». La sécurité financière renforcée Pour rappel, l'Algérie a entamé le remboursement anticipé de sa dette en 2004 par le paiement d'une douzaine de crédits contractés auprès de la Banque africaine de développement (BAFD). Elle a également remboursé par anticipation 22 crédits contractés auprès de la Banque mondiale. Selon M. Medelci, le stock de la dette devrait à très court terme atteindre un seuil où « il restera inférieur à 10 % de nos réserves de change ». Grâce à l'embellie financière que le pays connaît ces dernières années, le recours au remboursement anticipé de la dette a permis, et permet encore, de générer des gains financiers énormes provenant des économies réalisées sur le paiement des intérêts, des commissions et autres charges financières rattachées à tout crédit. Aussi, cette politique de désendettement, faut-il noter, devra intégrer désormais l'objectif de faire face aux différents programmes de développement sans devoir recourir à un endettement extérieur. Tout en améliorant l'appréciation économique extérieure du pays, ce désendettement progressif favorisera certainement le renforcement des équilibres financiers, la sécurité financière et incitera à davantage d'investissements étrangers. Un premier accord signé avec la France La France a été le premier pays à signer, jeudi dernier à Paris, l'accord bilatéral prévoyant le remboursement anticipé par l'Algérie de sa dette. Selon M. Medelci, l'accord prévoit le paiement, le 31 mai, sans modalité, la totalité de la dette contractée auprès de la France s'élevant à environ 1,6 milliard de dollars. Cet accord « est une très bonne chose pour l'Algérie », a estimé M. Breton dans une déclaration à la presse faite à l'issue de la cérémonie de signature. Il a tenu à rappeler que « la France a apporté son soutien dès le premier jour » à l'offre algérienne de rembourser par anticipation sa dette. « Nous poursuivons nos relations dans le cadre d'un partenariat stratégique entre les deux pays, notamment en ce qui concerne le secteur économique », a ajouté M. Breton. Il a annoncé qu'il allait venir prochainement à Alger, à l'invitation de M. Medelci, pour « poursuivre ce partenariat dans notamment des secteurs comme l'automobile et l'énergie ». Lors d'un entretien avec son homologue français, M. Breton, portant sur l'intensification de la coopération bilatérale, M. Medelci a souligné que « la coopération la plus importante concerne les opérateurs eux-mêmes, investisseurs potentiels qui, venant de plus en plus nombreux en Algérie, doivent être mieux informés à partir du territoire français sur le marché algérien pour être encore mieux et toujours mieux accueillis sur le territoire algérien ».