L'avant-dernier maillon de la grande chaîne de la corruption est enfin dans le collimateur de la justice. Un mandat d'arrêt international a été lancé contre Chakib Khelil, l'ancien ministre de l'Energie, ainsi que contre sa femme et ses deux enfants. L'annonce a été faite lundi soir par le procureur général. Il n'est jamais trop tard pour bien faire. Son inculpation était attendue depuis des années par les citoyens algériens. A travers la seule conférence de presse du procureur général, nous apprenons que Chakib Khelil a provoqué une véritable saignée de l'économie nationale, unique dans les annales internationales de la corruption. L'homme n'a pas caché ses intentions peu après sa désignation par le président Abdelaziz Bouteflika à la tête du secteur de l'énergie. Il s'était auto-désigné PDG de Sonatrach, ce qui lui a permis de gérer sans contrôle la production pétrolière et gazière et d'organiser la rapine. Il s'était même permis de proposer un projet de loi en vue de brader les richesses de notre sous-sol aux sociétés américaines, texte adopté par une APN scélérate et à laquelle on aurait dû décerner la médaille de la trahison et de l'indignité nationale. Avec Chakib Khelil, la corruption était devenue une affaire de famille. Outre la sienne, on trouvait les Bedjaoui, les Meziane et autres. Un système sans doute inspiré des mafias italiennes… Même la grande délinquance étrangère était associée au plan de dilapidation des richesses algériennes. L'opération aurait mis à genoux l'Algérie si elle avait duré quelques années de plus au grand plaisir des ennemis de notre pays. A se demander d'ailleurs si derrière ce vol de l'argent de Sonatrach ne se cache pas un complot étranger, tellement les ramifications internationales de cette corruption sont denses. Il faut espérer que la justice ne s'arrêtera pas là. Il y a d'autres comparses et d'autres dossiers de corruption qui touchent d'autres secteurs, comme ceux de l'autoroute Est-Ouest, de la pêche, etc. Chakib Khelil avait déclaré un jour que si on le touchait, «on touche au clan». Personne ne le connaissait en Algérie avant que Abdelaziz Bouteflika le ramène en 2000 pour lui offrir le domaine qui conditionne tout l'avenir du pays. Il a fallu que la presse se mette à crier au scandale, et cela depuis plusieurs années, pour que les choses bougent. Reste à savoir si les milliards de dollars volés seront récupérés. Si l'Algérie a été sauvée in extremis, le désastre est là, palpable, concret avec son lot de millions de chômeurs, d'hôpitaux à l'abandon, d'écoles sinistrées. Et là, on ne peut que se remémorer les révélations de WikiLeaks qui, citant des rapports des ambassadeurs américains et français à Alger, nous révèle que «toute la corruption remonte aux frères du Président».