Les différentes chaînes de production de l'Entreprise nationale des industries électronique (ENIE) de Sidi Bel Abbès ont repris graduellement, à la fin de la semaine dernière, une activité normale. Un mouvement de protestation déclenché par une partie des travailleurs, rappelons-le, avait, durant dix jours, paralysé partiellement l'entreprise. Dans une plate-forme de revendications, non signée et datée du 2 mai, les initiateurs de ce mouvement avaient réclamé notamment une régularisation de 5% sur salaire de base avec un alignement sur les postes, une revalorisation de 2,5% de l'indemnité d'expérience professionnelle (IEP) et la révision de l'indemnité de nuisance pour tout le personnel. Pour le syndicat d'entreprise de l'ENIE, « l'arrêt de travail enclenché le 29 avril est illégal ». Selon le secrétaire général du syndicat, M. Ouafi, aucun préavis de grève n'avait été déposé auprès de la direction générale. Le responsable du département organique, Berrouane Abbas, fera remarquer que le taux de suivi du mouvement n'a pas dépassé les 20%. « L'arrêt de travail n'a touché que deux unités de l'ENIE sur les 12 existantes à l'échelle nationale », a-t-il indiqué. Le syndicat d'entreprise, qui a saisi la Fédération nationale des travailleurs de la métallurgie et de l'électronique (FNTMMEE), précise que « la grève est intervenue après la régularisation de plusieurs travailleurs occupant des postes autres que leurs postes d'origine, et ce, depuis 1998 ». Les promotions étaient, rappelle-t-il, gelées sur décision de l'ancien PDG. La décision de gel a été « préconisée » après la compression d'effectif qui a touché 2200 employés, dans le cadre de la formule du départ volontaire et la mise en retraite anticipée de 1024 autres salariés. L'ENIE emploie actuellement 2250 travailleurs. De son côté, le PDG de l'ENIE, Berekla Benahmed, est convaincu que ce mouvement de grève « illégal » ne s'est pas déclaré « comme par hasard ». « L'arrêt de travail est survenu au moment même où l'ENIE s'attelle à honorer un plan de commande exceptionnel », fait-il remarquer. Avançant le chiffre de 12 millions de dinars de manque à gagner par jour, causé par cet arrêt de travail, le PDG constate que les initiateurs du mouvement ont choisi précisément le mois de mai pour « perturber » la production. « Dans quelques semaines sera donné le coup d'envoi de la Coupe du monde de football et tous les professionnels du secteur vous diront que c'est en cette période que les ventes de téléviseurs atteignent des pics exceptionnels. Ainsi, je vous laisse le soin de faire le rapprochement ! », lance-t-il. Des cadres de l'entreprise croisés avant-hier ont résumé la situation ainsi : « En trois jours seulement de cessation d'activité, un de nos concurrents a déjà placé 10 000 téléviseurs sur le marché. Le véritable enjeu est là ! » Tout en rappelant qu'une commission paritaire a été installée pour examiner l'opportunité de « réactualiser » la convention collective, le premier responsable de l'entreprise a fait état de poursuites judiciaires à l'encontre des principaux « meneurs » de cette grève « illégale ». Selon lui, une plainte a été déposée au tribunal de Sidi Bel Abbès à l'encontre d'une trentaine de travailleurs pour « entrave à la liberté de travail, menace et intimidation ».