Le problème de la sécurité des biens et des personnes devient pour les services en charge de cet aspect du quotidien des citoyens, un véritable casse-tête chinois. Le tout récent assassinat d'un jeune policier en tenue et dans l'exercice de ses fonctions en centre-ville de Annaba à une heure de grande affluence, a suffi, une fois encore, à plonger toute la wilaya dans un grand débat. « Je jure de te régler ton compte », avait menacé son assassin qui s'est avéré être un de ces vendeurs à la sauvette ayant fait l'objet d'une saisie de bijoux illicitement commercialisés à la rue Ibn Khaldoun. Ce crime commis de sang-froid a remis au devant de l'actualité locale la lancinante question sécuritaire. Dans les réunions familiales, les rencontres entre amis dans les lieux publics et autres conciliabules dans les couloirs des administrations de l'Etat et institutions élues, la question de la sécurité des biens et des personnes ne finit pas de rebondir, diviser et bousculer les clivages entre les services. Il est vrai qu'après de long mois d'atonie, police et gendarmerie ont retrouvé leur verve. Ce que prouvent les opérations coups-de-poing et descentes diurnes et nocturnes dans les quartiers, cités et lieux publics. Cependant, force est de dire qu'avec la recrudescence des agressions, vols, viols et trafics en tous genres quotidiennement enregistrés, les résultats de ces descentes sont remis en question. A Annaba, Sidi Amar, El Bouni ou El Hadjar (4 communes à forte concentration de population), les interpellations et les arrestations se sont multipliées. Dans la seule cité de Sidi Salem, des dizaines de délinquants et repris de justice ont fait l'objet d'une de ces 2 mesures. Les uns avaient été trouvés en possession d'arme blanche et de stupéfiants. La plupart étaient recherchés ou sous le coup d'un mandat d'amener. Les structures de détention étant saturées, certains parmi les interpellés avaient été remis en liberté avec une citation à comparaître. Le jour même de sa mise en liberté, l'un d'entre eux s'était armé d'une épée pour pénétrer de force dans le domicile d'un de ses voisins. Il avait la ferme intention de tuer pour déposséder ses victimes de leurs biens. Le lendemain, à la cité universitaire de Sidi Achour, un étudiant a asséné un coup à l'aide d'une barre de fer à un jeune inspecteur de police. Ce dernier s'en est tiré avec une fracture au nez. La victime avait eu le malheur d'inviter son agresseur à cesser d'importuner les étudiantes. Dans la commune voisine de Sidi Amar, une cinquantaine de jeunes avaient tenté de s'opposer à la démolition de leurs baraques faisant lieu de marché informel. A Oued Forcha, des centaines de citoyens s'en étaient pris aux policiers et aux travailleurs de la commune. Ils s'opposaient ainsi à la démolition de leurs habitations construites illicitement. 48 heures plus tard, un détenu condamné à mort se serait donné la mort en se pendant dans sa cellule du centre de rééducation 1000 lits Allelick. Le lendemain, c'est un autre détenu qui décédera à l'hôpital où il avait été évacué en urgence. « Mort suspecte », a t-on mentionné du côté de la justice. En quelques jours seulement, toutes ces affaires et bien d'autres ont réveillé des craintes d'un été 2006 très chaud. Pas un jour ne passe sans qu'éclate l'impatience des citoyens. L'absence des éléments de la police de l'urbanisme hier omniprésente de jour dans l'ensemble des quartiers et des cités de la commune chef-lieu de wilaya a accentué la peur dans la ville. Et ce n'est pas le renfort de policiers en tenue dans les alentours des établissements scolaires et universitaires qui est fait pour tranquilliser la population.