Hadj Mekki Bensaïd fut à l'origine de la propagation de la formation au niveau des groupes de scouts, bien avant l'accès du pays à l'indépendance. Il fait figure de l'un des pionniers du 4ème art en Algérie. La 46ème édition du festival national du théâtre amateur de Mostaganem est venue confirmer la grande lassitude qui caractérise, depuis près d'une décennie, une manifestation qui ne tient plus que grâce au dynamisme des amateurs du 4ème art. Comme pour ne rien démentir de cette lassitude, les organisateurs ont été contraints de perpétuer un nomadisme fort révélateur de l'état d'esprit qui entoure ce qui est considéré à raison comme la première véritable manifestation culturelle de l'Algérie indépendante. En effet, après plus d'une décennie passée au niveau de la maison de la culture Ould Abderrahmane Kaki, le festival a repris son nomadisme habituel. Pour cette année, sous le prétexte de travaux engagés au niveau de la grande salle bleue, la direction de la maison de la culture a tôt simplement mis les organisateurs du festival devant le fait accompli. Aculés, ces derniers n'ont pas trouvé mieux que de jeter leur dévolu sur un nouvel espace, à savoir le centre des loisirs scientifique de Salamandre. Dont l'unique avantage est sa proximité avec un hôtel privé, l'auberge des jeunes et une foultitude de gargotes qui pourraient tirer quelques avantages auprès des festivaliers. Ce nomadisme n'est pourtant pas une nouveauté pour cette manifestation puisqu'elle fut abritée au niveau de la salle de cinéma Afrique, au stade Benslimane, au lycée Zerrouki, à la salle Hamada, à l'ex-ITE, à l'Institut de Technologie Agricole (ITA) ainsi qu'au théâtre de plein air du fort de l'Est. Une instabilité qui débutera avec la toute première édition, puisqu'à l'origine, ses concepteurs avaient jeté leur dévolu sur l'esplanade de la mairie, l'affiche de cette édition faisant foi ; toutefois, pour des raisons obscures, l'APC de l'époque avait refusé aux troupes de se produire devant le siège de la mairie. Il y eut même une pièce qui sera jouée au Palais des Sports de Tigditt, ce qui avait profondément outré Si Djillali Benabdelhalim, la cheville ouvrière du festival qui entra alors dans une mémorable colère. Cette énième escale s'accompagne d'une forte participation des troupes venues des immensités sahariennes. S'il est vrai qu'une ville comme Adrar possède une certaine longueur d'avance sur les autres oasis, il n'en demeure pas moins que c'est la première fois, semble-t-il, que 5 troupes du grand Sud sont invitées à participer dans la version off ; il s'agit des associations d'Adrar, d'El Bayadh, de Tamanrasset, de Touggourt et de Ouargla. Cette forte présence de troupes du grand Sud n'aurait point déplu à Si Djillali qui a toujours milité pour que le 4ème Art soit pratiqué et aimé partout, y compris dans les moindres recoins. Passion et ambition Cette passion et cette ambition étaient totalement partagées par son compère Mekki Bensaïd, le compagnon des premiers jours et l'infatigable organisateur. C'est d'ailleurs vers lui que se tourneront les organisateurs pour le projeter au-devant de la scène avec en prime le titre de président d'honneur de cette 46ème édition. Toutefois, cette consécration bien tardive et combien fugace ne devrait pas faire oublier que ce grand monsieur est à l'origine de la propagation de la formation au niveau des groupes de scouts et ce, bien avant l'accès du pays à l'indépendance. Très fin connaisseur du 4ème Art, Hadj Mekki Bensaïd est contemporain de Kaki et de Si Djillali. A ce titre, il fait réellement figure de pionnier à qui rien n'aura été épargné. Personnage affable et mesuré, il est un parfait connaisseur des arcanes du théâtre universel. Contrairement à d'autres, lui n'a pas hésité à écrire des pièces, à monter des décors, à multiplier les participations, notamment durant les premières éditions où il eut à affronter les redoutables troupes du CAC de Constantine, du Prolet-Kult de Saïda, de la coopérative de Bordj Ménaïel ou du Théâtre des Travailleurs d'Alger. Quoi de plus naturel que cette consécration tardive pour un homme qui a appris très tôt et très vite qu'il n'était pas judicieux d'être prophète dans son pays. Pour ses nombreux admirateurs, pour ses fans, pour ses amis, Hadj Mekki Bensaïd ne sera jamais récompensé à sa juste valeur, car pendant plus de 65 ans de présence et d'abnégations, tantôt dans les coulisses, tantôt sur scène, il n'a jamais cessé d'incarner à lui tout seul l'inépuisable et généreuse idée de son ami et compagnon, feu Si Djilali Benabdelhalim. Et en cela, il est et il restera unique dans son genre. C'est pourquoi, à ces centaines de jeunes du grand Sud et d'ailleurs, il faudra juste qu'ils retiennent de cette silhouette si frêle et si précieuse, l'image vivante de cette formidable aventure que celle du festival du théâtre amateur de Mostaganem. Une image très symbolique que celle de voir Hadj Mekki Bensaïd sonner les trois coups annonçant l'inauguration officielle de l'ouverture de cette 46ème édition. Et ce, en l'absence totale des officiels qui ont trop souvent boudé cette manifestation, à l'image de la ministre de la Culture qui, en l'espace de 13 éditions, n'a jamais dénié venir en honorer une seule. Avec Hadj Mekki en maître de cérémonie, à défaut de parades, les jeunes amateurs ont eu droit à l'authenticité, à la sincérité et au respect. Les artistes en herbe de 12 troupes participantes n'ont qu'à bien se tenir aux premières loges, le dernier des dinosaures veille au grain.