Une loi de finances complémentaire pour l'année 2006 est actuellement en préparation au ministère des Finances. L'une des nouveautés, c'est qu'elle prévoit de diminuer la pression fiscale sur les entreprises notamment, selon une source bien informée du ministère des Finances. Cette nouvelle mesure, dont on ignore encore le contenu et les niveaux de la réduction des taux d'imposition des entreprises, justifie cette loi complémentaire, en plus des dispositions qui portent sur les affectations budgétaires au profit du plan de développement du Sud et des Hauts Plateaux et celles se rapportant à la prise en charge financière prévue dans les dépenses de l'Etat au titre de certaines dispositions de la charte pour la paix et la réconciliation nationale. A ce titre, les entreprises auront à payer moins d'impôts. Et l'on se demande, ce faisant, si ce « gain » se traduira pour elles comme un surcroît d'efforts à fournir à leur tour au profit des salariés. Il est, en effet, important de noter que les entreprises, comme la Fonction publique, évoluent dans un environnement social où la revendication d'une augmentation des salaires est portée au-devant de la scène. A côté de cela, les patronats ont, eux, insisté sur la baisse des charges fiscales afin de devoir répondre favorablement aux revendications salariales, qualifiées, par eux- déjà, de légitimes. Tout porte à croire ainsi que les nouvelles dispositions fiscales de la LFC pour cette année devront répondre aux soucis de productivité si l'on considère que le principe d'augmentation des salaires est déjà acquis. Il reste enfin à souligner que cette LFC est actuellement au ministère des Finances et devra être soumise prochainement en conseil du gouvernement. Par ailleurs, le ministre des Finances, Mourad Medelci, a indiqué, hier, que les réformes économiques en Algérie, notamment celles relevant de la sphère financière, sont en phase de parachèvement. Dans une allocution d'ouverture des travaux du Forum international de la finance (FIF) qui se tient depuis hier à Alger, le premier argentier du pays, pour qui la situation actuelle de la sphère financière se résume en « trois grands constats : ressources et liquidités plus largement disponibles ; actions multiformes engagées pour moderniser le secteur financier ; faible productivité des services », a estimé que ce processus de modernisation généralisé du système bancaire et du système financier profitera aux entreprises dans les différents secteurs d'activités, dont des allégements de leurs charges (bonification des taux d'intérêts, réduction des charges sociales, etc.). Coïncidant avec le démarrage hier du nouveau système de paiement de masse, le ministre des Finances a considéré cette entrée en service d'« un pas en avant considérable dans la modernisation » du système bancaire algérien. Un secteur marqué, note le ministre, par un faible taux de transformation des ressources (55%) ainsi qu'un faible taux de bancarisation de l'économie, avec une agence pour 30 000 habitants environ. Concernant l'ouverture de capital du CPA, le ministre a déclaré que la banque d'affaires qui l'accompagne dans ce processus produira son rapport d'évaluation d'ici fin mai. Dans le secteur des assurances, Mourad Medelci a indiqué que moins de 1106 DA sont dépensés au titre des assurances (par personne et par an) en Algérie, « soit, dit-il, trois à cinq fois moins que le niveau des dépenses enregistrées dans des pays comparables ». Pour le ministre, le rôle des assurances en matière de collecte de l'épargne reste marginal, notamment en raison de « l'extrême faiblesse » des assurances de personnes. Et de rappeler que la loi, précédemment votée à cet effet, vise notamment la relance de l'activité, la diversification des produits et l'ouverture progressive du capital ainsi que la mise à niveau des ressources humaines. A propos du système financier, Mourad Medelci a estimé que son évolution reste tributaire de plusieurs facteurs tels que le système prudentiel et son respect par les banques ; le développement des systèmes de titrisation ; l'amélioration de la gouvernance des entreprises ; le renforcement des capacités et des services financiers d'appui au marché et enfin les mutations... culturelles. Le ministre a précisé que le cadre légal en ce qui concerne le marché financier et l'intermédiation bancaire s'est enrichi de deux lois « importantes ». La première, déjà votée, concerne la titrisation des créances hypothécaires, qui, dit-il, « va avoir un effet positif sur le développement du crédit immobilier, le logement en particulier ». La deuxième loi, qui sera votée « probablement » au cours de la présente session parlementaire, concerne le développement des sociétés de capital investissement. D'autres lois « non moins importantes », dira le ministre, sont à la veille de leur présentation au gouvernement, notamment la loi relative au système financier et comptable des entreprises et la loi sur les commissaires aux comptes. Il y a lieu de noter, enfin, que cette deuxième édition du Forum international de la finance, et en dépit d'un riche programme de conférences concocté et étalé sur trois jours, très peu d'entreprises ont jugé nécessaire de participer à l'événement.