Boulenouar Hadj Tahar, porte-parole de l'Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA), était hier à El Tarf pour annoncer le lancement d'une campagne de lutte contre la contrebande. Elle devrait être élaborée avant la fin de l'année pour être mise en œuvre en 2014. Cette campagne n'est qu'au stade de projet auquel auraient adhéré une association nationale de consommateurs et des Chambres de commerce et d'industrie (CCI) de plusieurs wilayas dans lesquelles seront tenus prochainement des rassemblements pour recueillir des propositions. Pour le porte-parole de l'organisation professionnelle et syndicale des commerçants qui compte 200 000 membres sur 1,6 million de commerçants légalement recensés, l'objectif de la campagne est de faire des propositions aux pouvoirs publics et de sensibiliser les concernés par les produits ciblés par les contrebandiers. 5 à 10% des produits du marché algérien sont visés par les réseaux de contrebande et représenteraient entre 20 et 30% des produits subventionnés. Mais l'UGCAA est-elle en mesure de porter un tel projet face au peu de crédibilité qu'elle suscite avec ses appels sans écho à la modération des prix ou à la disponibilité de ses membres pendant les fêtes et également face aux dissensions internes qui la minent ? Pour M. Boulenouar, qui reconnaît ces handicaps, la crise va s'estomper avec la tenue prochaine du congrès de l'organisation. Quant aux appels lancés, ils étaient assortis de conditions auxquelles les ministères de l'Agriculture et du Commerce n'ont pas accordé l'attention qu'elles méritaient. Une mise à l'écart de l'organisation que regrette le responsable de l'UGCAA comme il déplore l'abandon du projet, annoncé par le président Bouteflika, d'un réseau national de distribution qui devait réorganiser la commercialisation et le marché. Quant à la facture, elle ne doit pas être seulement réclamée aux petits commerçants mais surtout et avant tout aux importateurs, a précisé M. Boulenouar. La lutte contre la contrebande, explique notre interlocuteur, ne doit pas se faire sur le dos des commerçants. Les mesures prises au niveau national et local semblent avoir pour unique cible les commerçants, comme dans le cas du carburant à El Tarf, où un arrêté du wali exige que les gérants fassent un travail qui n'est pas le leur au risque les désigner comme des «harka» de la lutte contre la contrebande. «Pour notre part, a déclaré le porte-parole de l'UCGA, nous sommes entièrement solidaires avec cette corporation de commerçants qui ne font que leur travail.» Et pour illustrer ses propos, il ajoute : «Par extension, on pourra aller demander demain la liste de ses clients à un épicier ou d'un boulanger s'il ne veut pas être accusés de livrer de la farine à des terroristes.» La contrebande contre laquelle l'Etat a manifestement failli par laxisme et se retourne aujourd'hui contre les commerçants et forcement les citoyens, M. Boulenouar citera, à ce propos, l'autorisation de circuler avec des marchandises qui est exigée aux commerçants et transporteurs dans les wilayas frontalières. Une formalité mise en place depuis une décennie restée sans aucun effet sur la contrebande mais avec une incidence réelle sur le prix au consommateur. Pour l'UGCAA, la désorganisation du marché, l'informel et la politique économique qui avantage l'importateur et ses produits bas de gamme sont des raisons de l'extension des réseaux de contrebande. Pour M. Boulenouar, l'une des principales propositions qui sera faite aux pouvoirs publics est de passer progressivement de la subvention des produits à une vérité des prix et des salaires accompagnée d'une aide aux ménages les plus démunis.