L'Union nationale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) a jugé «salutaire la campagne d'éradication du marché informel, bien que celle-ci intervienne tardivement». Contacté hier par le Temps d'Algérie, Hadj Tahar Boulenouar, porte-parole de l'UGCAA, a rappelé que son organisation a toujours appelé à mettre fin à ce marché parallèle qui cause une perte énorme au Trésor public, soit 400 milliards de DA par an. M. Boulenouar a estimé, toutefois, que «cette action n'est pas suffisante et doit être accompagnée d'une série de mesures adéquates, interdisant aux vendeurs informels de squatter les lieux publics ou les trottoirs». «Les vendeurs à la sauvette attendent que la situation se calme pour réexposer leurs marchandises, comme cela a été le cas à chaque tentative entreprise par le gouvernement pour éradiquer le marché illégal», précise notre interlocuteur soulignant que cette «tâche ne doit pas être uniquement celle des policiers, mais impliquerait tous les ministères concernés, à savoir celui des Finances, de l'Industrie et des PME, du Travail, de la Santé et de l'Agriculture». Ces départements devront, explique le porte-parole de l'UGCAA, tracer un plan et un programme commun basé sur une étude du marché, tout en délimitant les vrais raisons de l'amplification de ce marché parallèle, à même de l'éradiquer. Il y a plusieurs paramètres à prendre en considération, explique-t-il. «Le ministère du Commerce devrait revoir à la baisse la fiscalité, qui fait fuir la majorité des commerçant vers l'informel. Il ajoute dans un autre volet que «les commerçants ambulants ne sont, par ailleurs, que la face visible de l'iceberg. Il faut trouver les barons de ce marché qui téléguide les jeunes personnes activant dans l'illégalité». Les secteurs les plus touchés sont nombreux. Les fruits, les légumes, les pièces détachées, le tabac, l'or et les bijoux, les devises, l'habillement pour femmes sont tous accaparés par cette gangrène. Parmi les propositions faites par l'UGCAA, il y a lieu de noter l'accélération de la réalisation du réseau national de distribution, programmé dans le plan quinquennal et qui accuse un retard considérable. De même qu'il appelle à déterminer le rôle économique des collectivités locales et les encourager à investir dans les projets locaux, dans le but d'absorber le taux de chômage. Dans ce cadre, M. Boulenouar regrette que les élus locaux aient toujours observé une position négative, en se déresponsabilisant complètement de la campagne d'éradication du marché informel. «Certains élus locaux promettent même aux vendeurs informels de leur permettre de rouvrir leurs commerces, juste à la fin de la campagne, au lieu de contribuer à la réussite de cette opération d'envergure», dénonce M. Boulenouar. L'Algérie compte, à titre de rappel, près d'un million de marchands travaillant dans l'informel. Ils sont répartis sur plus de 2500 points de vente. Selon Boulenouar, près de 80% des marchandises provenant de la contrebande ainsi que les produits contrefaits, impropres à la consommation et dont la date de validité a expiré, sont écoulés sur ces marchés informels. Ce qui représente un véritable obstacle à la concurrence loyale et fait avorter beaucoup de projets d'investissement, selon le même intervenant.