La maffia s'est livrée, sans vergogne et toute honte bue, à un dépeçage systématique des zones d'extension urbaines et industrielles sous couvert d'investissement. «Le foncier à Sidi Bel Abbès est un dossier brûlant». Cette phrase lâchée par le chef de l'exécutif, lors d'une rencontre avec la presse, en dit long sur la gestion problématique du foncier, longtemps aux mains d'une maffia locale qui a accaparé des terrains à forte valeur vénale à des fins spéculatives. Une maffia qui s'est livrée, sans vergogne et tout honte bue, à un dépeçage systématique des zones d'extension urbaines et industrielles sous couvert d'investissement, comme cela a été le cas notamment avec le fameux projet du boulevard de l'Excellence, initié du temps de l'ex-wali. A tel point que les plus hautes autorités du pays ont dû annuler presque l'ensemble des attributions pour mettre le holà à une gestion clientéliste et prédatrice du Calpiref. «Les attributions de terrain accordées en 2011 ont été annulées par les services du ministère de l'Intérieur après constat de nombreux cas de manquement à la réglementation en matière d'octroi d'assiettes foncières», a tenu à préciser le wali, non sans rappeler que des doubles, voire triple affectations ont été accordés dans le cadre de la concession à «des personnes qui, en réalité, n'étaient pas porteurs de projets d'un grand intérêt pour la collectivité». Et de renchérir : «Dorénavant, tout dépassement fera l'objet de poursuites judicaires, car nul n'est censé ignorer la loi. Les pouvoirs publics séviront contre les contrevenants en appliquant la loi dans toute sa force». Véritable volonté de nettoyer les écuries d'Augias ou bien simple vœu pieux ? On se souvient, en effet, que des esquisses de projets de show-rooms, de salles de fitness et autres commerces avaient été validées par la Calpiref sans qu'aucun responsable de l'exécutif à l'époque n'y trouvait rien à redire. Ces exemples montrent à quel point l'administration a été complaisante avec certains hauts responsables de l'Etat, des hommes d'affaires et de grands commerçants ayant pignon sur rue qui se sont «partagé» le périphérique sud de la ville en toute impunité. Signalons que depuis le lancement des opérations de concession en février 2011, plus de 160 projets d'investissements avaient été validés par le Calpiref, selon un des membres de cet organisme. Le dossier de concession du parc d'attraction, zone potentiellement inondable, cédée à un opérateur privé au milieu des années 2000 pour la modique somme de 60 millions de centimes par an, avec la complicité d'élus et de responsables locaux, est un autre cas édifiant que ni l'administration ni la justice n'ont osé clarifié en mettant le doigt sur la plaie. En définitive, ce sont autant de projets qui ne constituent nullement un investissement au sens économique du terme et dont la finalité a été de s'approprier des terrains qu'on s'est empressé de clôturer et d'intégrer dans la sphère spéculative. Mais en arrière-plan, c'est tout le processus d'investissement porté par des opérateurs ambitionnant réellement à créer des emplois et de la richesse qui se retrouve en panne en raison du gel du Calpiref. Interrogé à ce propos, le wali, M. Hattab, s'est contenté de répondre que les travaux du comité reprendront «prochainement» et en toute «transparence».