Les syndicats autonomes n'ont pas encore tranché la question de leur participation ou non à la prochaine tripartite, à laquelle ils sont conviés pour la première fois. Rejet. Pour la première fois, les syndicats autonomes sont conviés à prendre part à la tripartite (gouvernement-patronat-UGTA) en tant que membres observateurs. Une invitation formulée par le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, à partir de Souk Ahras, lundi dernier, qui a de fortes chances d'être déclinée. «Participer à ce genre de rencontres nationales d'envergure a toujours été l'une de nos revendications en tant que partie prenante, avec des propositions de solutions et un droit de parole effectif et non un rôle de figuration», répond d'emblée Rachid Malaoui, président du Syndicat national autonome du personnel de l'administration publique (Snapap). Cette tripartite, dans laquelle l'UGTA a toujours eu le monopole de la représentativité (largement contestée) des travailleurs de la Fonction publique, sonne pour de nombreux syndicats autonomes comme un énième effet d'annonce. «Une cérémonie», ajoute Rachid Malaoui. «Nous ne refusons jamais le dialogue, mais il se trouve que nous n'avons à ce jour reçu aucune invitation formelle et si nous ne sommes pas au fait des dossiers qui seront soumis au dialogue, notre présence serait caduque», enchaîne-t-il. Regrouper à la fois les chefs d'entreprise, les représentants des travailleurs, les institutions financières et les membres du gouvernement, cette tripartite est annoncée pompeusement comme un moyen d'asseoir une politique industrielle axée sur la production, mais aussi un débat sur le monde du travail et la préoccupation des travailleurs. «Nous connaissons parfaitement la nature du régime, il n'accepte à la table des négociations que ceux qui vont dans son sens, les béni-oui-oui autrement dit», tranche, pour sa part, Meziane Meriane, porte-parole du Syndicat national des professeurs et enseignants du secondaire et technique (Snapest). Pour lui, il est concevable d'y participer en prenant la parole et en faisant des propositions concrètes et «non en faisant de la figuration pour donner du crédit aux actions du gouvernement». Un avis que plusieurs autres syndicats partagent. «Non à la figuration» Même scepticisme dans le secteur de la santé. Pour le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de santé publique (SNPSP), rien de majeur ne se joue avec cette annonce. «Dans la forme, nous n'avons pas été réellement conviés, étant donné que nous n'avons reçu aucun document officiel nous associant à cette tripartite», explique-t-il. Et de poursuivre : «Dans le fond, il est évident que si nous devions y participer, il n'est pas question qu'on fasse de la figuration.» Mais il reste que c'est le bureau national, censé se réunir incessamment, qui tranchera, au même titre que pour les autres syndicats. Même son de cloche du côté du Conseil des lycées d'Algérie. Son secrétaire général, Idir Achour, reste sceptique. «Le CLA n'acceptera jamais de faire de la figuration», indique-t-il. Bien que l'organisation d'une bipartite (syndicats-gouvernement) soit une revendication partagée et que l'exclusion des syndicats autonomes des tripartites (patronat-UGTA-gouvernement) a de tout temps été décriée, l'option de leur participation, telle que formulée par le Premier ministre, reste très peu envisageable. «Les travailleurs de la Fonction publique partagent les mêmes revendications, à savoir la politique salariale, la révision du statut général de la Fonction publique et l'amélioration du service public. Mais ces questions essentielles doivent être discutées en dehors de tout jeu politicien», souligne encore Idir Achour. Les syndicats autonomes semblent prêts à dire : «Non au simulacre et à la figuration», quitte à prendre le risque de laisser l'UGTA garder le monopole de la représentativité des travailleurs de la Fonction publique lors de cette tripartite dont la date n'a même pas encore été fixée.