A quelques jours de la tripartite qui devra réunir autour d'une même table, les représentants du gouvernement, de l'UGTA et du patronat, les syndicats autonomes montent au créneau pour s'élever contre leur exclusion de ce rendez-vous censé consacrer «un dialogue social». Pour cette tripartite, le gouvernement va dialoguer avec un seul syndicat: l'UGTA. Si dans le monde économique, aucun syndicat n'existe pour concurrencer l'organisation de Sidi Saïd, dans la fonction publique en revanche, huit syndicats disputent la représentativité à la centrale syndicale. Les syndicats autonomes de la fonction publique comptent mettre la pression sur le gouvernement qui s'apprête à organiser une tripartite, le 29 septembre prochain. Ils comptent se mobiliser au même moment de la tenue de cette rencontre qui regroupera le Premier ministre, le patronat et l'UGTA. Le CLA, le SNAPAP, le SATEF ainsi que l'aile du CNES dite «coordination nationale», qui forment la coordination intersyndicale, s'élèvent contre leur «exclusion» de la tripartite. Les syndicats autonomes affûtent également leurs armes pour enclencher une grève dès le 5 octobre prochain. Selon Achour Idir, coordinateur du Conseil des lycées d'Algérie, les syndicats autonomes comptent faire entendre leur voix et faire aboutir leurs revendications. Les syndicats autonomes réclament la suppression de l'article 87 bis, la hausse du SNMG à 40.000 dinars et la baisse de l'IRG pour les bas salaires. Le salaire minimum est porté, depuis janvier 2010, à 15.000 dinars. Un salaire qualifié de «précaire» par les huit syndicats autonomes de la fonction publique qui ne sont pas invités par le gouvernement à la tripartite. Les syndicats autonomes dénoncent aussi «le projet de réforme du système actuel des retraites» qui sera au centre des discussions lors du sommet gouvernement-UGTA-patronat. «Nous nous opposons à toute suppression de la retraite anticipée, la retraite à la proportionnelle et la retraite sans condition d'âge», explique M. Achour Idir. Le CLA plaide en faveur de l'instauration d'une retraite à 100% après 25 ans de service. Le gouvernement compte réformer les retraites par la suppression de la retraite sans condition d'âge instaurée depuis 1997. Le département de Tayeb Louh compte porter le droit à la retraite de 32 ans de cotisation en vigueur actuellement à 40 ans. Les syndicats autonomes exigent également une revalorisation des salaires. L'intersyndicale réclame notamment une valorisation du point indiciaire et l'abrogation de l'article 87 bis. Les syndicats autonomes militent aussi pour «une adaptation du salaire minimum garanti sur le pouvoir d'achat. Un syndicaliste du SNAPAP crible de critiques le président du FCE, Réda Hamiani, qui s'est montré réservé sur la baisse de l'IRG réclamée par les syndicats, visant à améliorer le pouvoir d'achat. «Une forte baisse de l'IRG risque d'induire une tension inflationniste et augmenter les importations», avait déclaré le patron du FCE. Et de souligner que «la fiscalité pétrolière représente 60% du volume global du budget fiscal», d'où «son appel à la prudence». Le syndicaliste du SNAPAP affirme que la baisse de l'IRG ne pénalise aucunement les entreprises. «Il faut supprimer l'IRG pour les salaires de moins de 40.000 dinars et le maintenir pour les salaires qui sont au-dessus», dit-il. Lyès Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), souligne «une situation contradictoire entre le discours du président de la République prônant l'ouverture et la démarche du gouvernement qui n'invite que l'UGTA». Un syndicaliste de l'Union nationale des travailleurs de l'éducation et de la formation (UNPEF) trouve «injuste de ne pas inviter les syndicats autonomes dont certains sont sur le terrain depuis vingt ans». Alors que le pays se veut sur une voie de réforme, il estime qu'«il ne peut pas y avoir de réformes économiques et sociales si le gouvernement continue à programmer des tripartites dans lesquelles on ne retrouve pas les représentants de tous les secteurs». Les syndicats s'interrogent alors sur la crédibilité d'une tripartite amputée de représentants des travailleurs, notamment dans la fonction publique. Le docteur Merabet dit «ne rien attendre de cette tripartite» estimant que «les jeux sont faits d'avance». Il en veut pour preuve, le fait que la loi de finances est déjà décidée. «Lorsqu'on négocie, on est censé avoir une marge de manœuvre, mais celle-ci est déjà balisée par les pouvoirs publics qui ont déjà ficelé la loi de finances et des lois complémentaires qui prévoient toutes les dépenses de l'Etat», souligne-t-il. Pour lui, «la tripartite ne s'inscrit pas dans une démarche de concertation mutuelle et de négociations».