La situation reste tendue au RND. Contrairement à l'image vendue aux médias à travers des rencontres à huis clos plutôt calmes, la base militante grogne. Une situation que des cadres et des fondateurs du parti décrivent dans deux lettres adressées au secrétaire général par intérim, Abdelkader Bensalah, par lesquelles ils tentent d'attirer son attention notamment sur le maintien des pratiques décriées à l'époque de l'ancien responsable du parti Ahmed Ouyahia. Des pratiques, disent-ils «faites d'exclusion et de marginalisation des militants convaincus et sincères». Les rédacteurs de ces deux lettres, dont nous détenons une copie, dénoncent le statu quo dans lequel sombre le RND et regrettent que le changement pour lequel ils se sont mobilisés dans le cadre du mouvement de redressement n'ait pas été réalisé. Le but du combat, précisent-ils, était pour ramener le parti sur «la voie de la réconciliation et le rassemblement de l'ensemble des militants sincères», affirmant que la destitution d'Ahmed Ouyahia n'a jamais été une fin en soi. D'ailleurs, ils relèvent le fait qu'hormis la démission d'Ouyahia, aucun responsable n'a été changé. «Ce sont les mêmes têtes qui tiennent le gouvernail», dénonce l'un des rédacteurs de la lettre. Pourtant, le mouvement de redressement, dirigé par l'ancien ministre Yahia Guidoum, n'a pas cessé de réclamer le changement d'une dizaine de coordinateurs de wilayas, à leur tête celui d'Alger, pour leur gestion qualifiée de «décevante». «On ne peut pas faire du neuf avec du vieux», peste un cadre du parti, qui critique le processus de préparation du 4e congrès. «Nous dénonçons le maintien des opportunistes et de certains symboles du déclin du parti dans les structures dirigeantes, leur donnant le pouvoir de manœuvrer pour survivre au prochain congrès», ajoute notre interlocuteur qui appelle Bensalah à procéder au changement de l'actuel coordinateur de la wilaya d'Alger qu'il accuse de fermer la porte à de nombreux militants actifs. Ils attestent qu'aucune directive issue du conseil national n'a été suivie d'effet sur le terrain au niveau d'Alger. Et même l'installation de la commission de préparation du congrès dans cette wilaya n'a pas été faite dans «la transparence» et ne reflète pas «les aspirations de la base militante». Ses contestataires font état, dans leur lettre, de «l'intrusion de personnes étrangères au RND qui proposent des listes de participants au congrès et œuvrent par tous les moyens à semer la discorde et à faire échouer toute tentative d'une organisation dans la transparence de congrès régionaux». Dans les deux lettres, ces mécontents du RND se sont également attaqués à ceux qui étaient avec eux dans le mouvement de redressement et qui auraient «troqué» leur cause contre «des postes de responsabilité au sein de structures dirigeantes provisoires qui servent de rampe de lancement pour d'autres responsabilités futures». Ces mécontents, qui disent avoir été les artisans du départ d'Ahmed Ouyahia, demandent ainsi à Bensalah une audience pour examiner ensemble cette situation et apporter des solutions rapides à l'organisation au niveau des structures de base. Pour eux, la capitale est la vitrine du parti. Ces lettres interviennent à quelques jours seulement après les déclarations de Abdelkader Bensalah, selon lesquelles «les comportements de certains militants pourraient inconsciemment nuire au parti». Selon lui, l'enthousiasme de certains militants désireux de prendre part au prochain congrès ne peut pas justifier de tels comportements.