Une dizaine de ministres, dont des «proches» du président Bouteflika, sont éjectés du gouvernement Sellal II. Le remaniement ministériel annoncé hier après-midi comporte plusieurs surprises dans la mesure où de grosses pointures, qui figuraient dans les gouvernements successifs depuis 1999, ont été limogées et le carré des ministères de souveraineté est complètement remodelé. Ainsi, le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, est remplacé par un autre fidèle du clan présidentiel, en l'occurrence Tayeb Belaïz, qui occupait jusque-là le poste du président de Conseil constitutionnel. Au gouvernement depuis une dizaine d'années, Daho Ould Kablia est remercié pour des raisons inconnues. A-t-il demandé à être déchargé de cette responsabilité ? Plausible. Il y a quelques mois déjà, des rumeurs selon lesquelles Daho Ould Kablia aurait lui-même émis le vœu de prendre sa retraite en raison de son âge (79 ans) avaient circulé. Mais sa mise à l'écart pourrait être analysée différemment, d'autant plus qu'elle ressemble à celle de Noureddine Yazid Zerhouni, qu'il avait remplacé au département de l'Intérieur. Les deux hommes sont d'anciens responsables du MALG (ministère de l'Armement et des Liaisons générales, l'ancêtre du DRS actuel). Le régime de Bouteflika aurait décidé d'en finir avec les «malgaches», qui lui étaient pourtant très loyaux pendant des années. Le second ministre qui a connu le même sort est Abdelmalek Guenaïzia, ministre délégué auprès du ministre de la Défense nationale. Il est remplacé par le chef d'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, promu vice-ministre de la Défense. Certes, Abdelmalek Guenaïzia ne jouait aucun rôle depuis quelques mois déjà, mais il semblerait que Gaïd Salah a su convaincre le président Bouteflika qu'il pourrait lui être utile dans les mois à venir ; le message de l'armée rendu public en réponse à Mohamed Mechati, qui lui avait demandé d'intervenir pour destituer le président Bouteflika, constitue un geste et une preuve tangible dans ce sens. Désigné en 2012 à la tête du ministère de la Justice, Mohamed Charfi a peut-être payé pour la gestion du dossier Chakib Khelil et pour le fait d'avoir étalé en public le grand scandale de corruption qui a secoué Sonatrach. La brouille née du «blocage» du mouvement des magistrats, sur lequel le ministère de la Justice aurait harcelé la Présidence, aurait également pesé dans la décision. Il est remplacé par Tayeb Louh, un fidèle du clan présidentiel, qui pourrait gérer autrement les scandales de corruption. Au ministère des Affaires étrangères, le président Bouteflika signifie une fin de mission à Mourad Medelci, qui l'avait aidé en 2011 à convaincre les capitales occidentales «de la sincérité des réformes politiques engagées». Amar Tou, Abdelaziz Ziari et Rachid Harraoubia, trois ministres du FLN, ne figurent plus dans le gouvernement Sellal. Ces derniers auraient été sanctionnés pour leur farouche opposition à la cooptation de Amar Saadani à la tête du FLN. Autre ministre inamovible renvoyé, Cherif Rahmani, le puissant cadre du RND. Ce dernier paierait peut-être ses différends avec le Premier ministre Abdelmalek Sellal. Et il devra maintenant manœuvrer au sein du RND pour espérer rester au devant de la scène politique nationale. Le ministre de la Communication et président du PLJ, Mohamed Saïd, est également remplacé. Ce dernier aurait souhaité partir bien avant cette date ; il aurait même déposé sa démission après avoir constaté qu'il n'avait aucune prérogative et aucun pouvoir de décision. Le président du PRA Belkacem Sahli, Bachir Messeïtfa (militant du MSP), Rachid Benaïssa et Mohamed Benhamadi ont également été remerciés.