Quelque 109 807 élèves dans la wilaya d'Adrar, à l'instar de ceux des autres wilayas du Sud, sont supposés avoir rejoint les bancs d'école le 8 septembre 2013. Une date décrétée comme rentrée scolaire et sociale. Cependant, cette date n'a pas fait l'unanimité chez les Algériens, notamment pour les habitants des régions du Grand-Sud. Les registres d'absences des établissements scolaires le prouvent, puisque une bonne partie des élèves ainsi que des enseignants, tous paliers confondus, n'a pas émargé à cette date. La plupart de ceux qui résident au nord du pays n'ont pas encore rejoint leur lieu de travail, car n'ayant savouré les délices de la mer qu'à la mi-août à cause du Ramadhan. Les parents d'élèves contactés ont tous protesté contre cette date, qui a été trop avancée cette année par rapport déjà aux années précédentes. «On ne comprend pas pourquoi nos enfants doivent reprendre les cours en cette période où il fait encore très chaud», nous lance une mère visiblement éreintée par la forte chaleur. Un père de famille affirme que le ministère de l'Education fait de la politique et non de la promotion du savoir en voulant uniformiser le système scolaire de cette manière : «On est tous d'accord pour un programme national et un examen ou un bac national. Mais de là à considérer que les conditions climatiques pour une bonne scolarité sont aussi favorables pour les élèves de Tipasa, Boumerdès, Alger… que pour ceux résidant à Adrar, In Salah, Reggane, Timiaouine…» Un inspecteur d'académie, voulant garder l'anonymat, déclare : «Nous ne pouvons pas exiger des enseignants plus de rigueur dans leurs missions, alors qu'ils doivent exercer dans des conditions pareilles où une grande parties des classes ne sont pas climatisées et où dans certaines les climatiseurs existent, mais ne sont pas alimentés en énergie électrique faute de transfos… A mon avis, ces conditions de travail sont en partie responsables des mauvais résultats scolaires enregistrés l'an dernier (un taux de réussite de 22% au BEM et 28% au bac, qui ont placé la wilaya au bas du tableau). Car on ne peut pas parler de performance dans de tels conditions, même l'enfant assimile très mal.» «Du temps colonial et même post-colonial jusqu'aux années 1970, l'école prenait congé dès la fin du mois de mai pour reprendre début octobre sans pour autant influencer sur la connaissance et le savoir. Alors je ne vois pas pourquoi on veut nous imposer ce programme !», appuie l'inspecteur d'académie. Un enseignant renchérit : «Pourtant les congés scolaires sont l'une des priorités de nos revendications socioprofessionnelles, preuve qu'on nous méprise. Du temps de Benbouzid, contre lequel on s'est battu, la rentrée scolaire était fixée vers la mi ou la fin du mois de septembre. Mais cette année, M. Baba Ahmed nous a surpris avec sa date du 8 septembre, alors qu'on espérait de lui une attention particulière pour les Sudistes et un peu plus de compréhension.» En septembre, la température est la même que celle du mois de mai ou de juin, selon l'avis d'un météorologue. Toutefois, en attendant une décision sage et logique qui tienne compte de la spécificité de la région, les autorités de l'éducation pourraient au moins faire un effort pour proposer un réaménagement d'horaires qui conviendrait aux deux parties, les élèves et les enseignants, à savoir une seule vacation de 8h à 13h. Cela soulagerait tout le monde des contraintes des déplacements durant la chaleur (50°C).