La tension ne baisse pas à Ath Lakser, commune située à 25 km à l'est de Bouira où des jeunes sportifs mécontents ont saccagé, lundi dernier, le centre sportif de proximité. Dix personnes ont été arrêtées lors des échauffourées qui ont éclaté entre les jeunes et les forces de l'ordre qui ont quadrillé la ville. Les jeunes détenus devraient être présentés, hier, devant le juge d'instruction au tribunal de Bouira. La situation n'en est pas restée là. Un mouvement de solidarité avec les jeunes détenus est en train de se constituer. Hier, une foule nombreuse s'est rassemblée sur la place publique à l'initiative des jeunes étudiants de la commune. Un autre rassemblement aura lieu dimanche à Ath Lakser. En plus de la libération des détenus, ce mouvement compte établir une plate-forme de revendications pour améliorer les conditions de vie de la population. «On est solidaires avec les détenus et on exige leur libération. Sinon, les choses risquent de se corser davantage», souligne un jeune représentant de ce mouvement qui tente, avec une cette action, de faire «comprendre aux gens que ces jeunes n'ont fait que revendiquer ce qui était légitime». «Les jeunes qui ont saccagé le CSP ne sont pas des voyous. Et ils n'ont pas l'intention d'agresser le wali. Ce sont des sportifs qui ont des titres de champions d'Afrique et d'Algérie dans les sports de combat. Ils n'ont de cesse de réclamer des moyens mais les autorités locales faisaient la sourde oreille. C'est une manière désespérée de s'exprimer», enchaîne un autre. Dépassements ! Une chose est certaine. Ceux qui sont derrière ce mouvement de solidarité ne veulent pas lâcher ces sportifs qui, selon eux, voulaient sauver des jeunes de la région d'Ath Lakser de la délinquance au moment où les pouvoirs publics brillent par leur absence. Ainsi, les jeunes qui ont pris part au rassemblement d'hier ont dénoncé la brutalité avec laquelle les forces de l'ordre ont tenté de contenir la situation. Les citoyens rencontrés sur les lieux parlent de plusieurs dépassements de ma part des éléments de la gendarmerie. Matraquage des jeunes mineurs, saccage des magasins et violation de domicile sans mandat de perquisition. Plusieurs personnes ont passé la nuit dehors pour échapper aux forces de l'ordre. «Les gendarmes nous ont empêché de sortir de chez nous. Il y a avait près de 500 gendarmes dans la ville. Ils ont tabassé des jeunes, saccagé des magasins. Des enfants de 14, 15 ans ont été descendus des bus et matraqués. Ils ont même défoncé des portes et entré dans des maisons à la recherche des protestataires sans mandat de perquisition. Des femmes se sont évanouies», témoignent plusieurs jeunes. Ces derniers estiment que cette mobilisation sans précédent des forces de l'ordre n'est qu'une manœuvre de la part de l'Etat pour faire diversion quant aux vrais problèmes dont souffre la population locale. Par ailleurs, le déplacement du wali à Ath Lakser le même jour pour apaiser les esprits s'est avéré infructueux.